De revenge body à glow up : une revanche qui passe par le corps
L’origine du glow up est adjacente au concept du “revenge body” ou, avant ça, de la “revenge dress”, soit une prise de lumière par le biais de l’apparence après un coup dur.
Avant tout, citons la première, Lady Di et sa robe “off the shoulders” noire qu’elle porte au lendemain de son divorce avec le prince Charles et qui casse les règles de la bienséance de la royauté, asseyant ainsi un pouvoir de séduction et un manifeste non verbal de repossession de son corps. C’est aussi celle qu’arborera Julia Fox quelques jours après sa rupture médiatisée (et quelque peu humiliante, comme le suggère le New York Times) avec Ye sur le catwalk de LaQuan Smith en modèle aux découpes audacieuses, où ses fans l’applaudissent pour avoir “reclaim her narrative”.
Dans la pop culture, le show et le concept entier de Khloé Kardashian, Revenge Body, prend son inspiration dans sa propre évolution au lendemain d’une énième déception amoureuse et des moqueries reçues au fil de sa vie : avoir un revenge body est, selon elle, un pied de nez à “tous les gens qui ont douté de vous, vous ont rejeté… (montrez-leur) ce qu’ils ratent”. Dans l’histoire des chick flicks et du cinéma adolescent, les glow up s’apparentent à ce que l’on nomme le rituel culte du “makeover”. De Grease au Diable s’habille en Prada en passant par She’s All That, ces films font de la figure de la nerd typique une soudaine source d’admiration et d’envie, après quelques coups de ciseaux et une nouvelle garde-robe. Le glow up est-il le luxe d’une poignée qui peut se le permettre ?
Car ces exemples présentent des limitations indéniables. En s’inscrivant dans la mythologie américaine de l’amélioration personnelle, le glow up encourage une vision néolibérale apposée au corps, encourageant la maximisation de tout capital à des fins consuméristes. La célébration de la beauté comme idéal absolu (chez une clientèle féminine en grande majorité) fait des rituels autour de l’apparence un exercice de normativité, pesant et sans cesse réitéré.
Le glow up est-il plus que la promesse – dénigrée par certains magazines – de devenir plus conventionnellement attractif.ve ? Dans quelle mesure cet exercice de pouvoir peut-il être retourné ?