Morceaux choisis
NYLON France a donc eu accès à l’enregistrement de l’interview, communiqué par Yseult. Si la journaliste assure avoir fait son travail “le plus honnêtement possible”, les moments les plus intéressants sont pourtant passés à la trappe, dessinant une artiste hors normes, spontanée, passionnée et déterminée, désireuse de prendre son destin en main et d’échapper au formatage. En voici quelques extraits.
À propos de son évolution :
“Aujourd’hui, je me suis affranchie du formatage des émissions de télé et des majors de l’industrie. J’ai voulu créer mon label afin d’être indépendante, de travailler avec des personnes que je choisis et qui m’ont choisie pour que nous avancions ensemble dans la même direction. Cela a été très compliqué de m’extirper de cette arène et de son emprise, mais je suis fière d’être passée par ces étapes. J’ai acquis une expérience qui m’apporte une vision globale sur la façon dont je peux développer mon projet. Ce qui m’importe maintenant, c’est de suivre mon propre chemin. Je me sens sereine, ancrée dans mon projet.”
Sur les majors et la santé mentale des artistes :
“Je pense que les majors ne laissent pas le temps aux artistes de se trouver artistiquement. Dans la vie, tu as besoin de temps pour te trouver en tant que personne. Cette pression est d’autant plus forte pour les artistes qui se sentent redevables envers les personnes qui bossent pour elles ou eux au quotidien. Des personnes parmi lesquelles certaines sont bienveillantes, mais d’autres peuvent aussi faire pression – ce qui a été le cas lorsque l’on m’a pressée de composer un album en deux semaines après ma sortie de Nouvelle Star. Il y a une urgence à assainir les espaces artistiques, et à laisser le temps aux artistes de se trouver pour éviter de créer des traumas qui risquent de les suivre tout au long de leur carrière. Ce qui m’attriste, c’est qu’il faille construire son image et son storytelling aussi rapidement. Ce qui serait plus sain, ce serait de proposer un suivi psychologique aux artistes dans le cadre de leur contrat pour canaliser et traiter les traumas potentiels. C’est ce manque de suivi qui donne l’impression que l’artiste est chiant. Selon moi, ce n’est pas l’artiste qui est chiant, il faut juste assumer le fait que celui-ci a besoin de temps pour se construire.
Une femme :
“Aujourd’hui, je suis beaucoup plus alignée avec ce que je peux dégager et ce que l’on peut penser de moi. J’ai envie d’avancer là où mon instinct me mène et, je t’avoue, le regard des gens, j’en ai vraiment que faire. Mon vrai visage, c’est celui-là : celui d’une femme en colère mais qui se tape des barres H24, une femme indépendante, libre, éduquée, aimée, soutenue, et qui n’a pas peur de se faire brûler la première si cela peut ouvrir la voie à d’autres femmes. Une femme révoltée par notre société qui a trouvé la lumière dans sa musique.
Il y a une urgence à assainir les espaces artistiques, et à laisser le temps aux artistes de se trouver pour éviter de créer des traumas qui risquent de les suivre tout au long de leur carrière.