Pour l’Hôtel Mahfouf, tu as voulu fusionner deux mondes, deux esthétiques, celle de Los Angeles et celle de Paris…
Ce que j’apprécie beaucoup à Paris, c’est qu’on est trop fraîches, les Parisiennes ! J’adore le côté nonchalant : quand je retrouve mes copines en terrasse qui arrivent en t-shirt blanc, avec un jean bleu, clope au bec, c’est de la nonchalance incarnée, et c’est tout ce que j’aime. Ce que j’apprécie à Los Angeles, c’est ce côté hyper chill. Le jogging n’est pas considéré comme un vêtement de flemme. Tu peux aller travailler avec sans qu’on te regarde de travers, à Paris, non. Et pourtant, la majorité d’entre nous aime bien le fait de ne pas être serré.e dans ses vêtements. À Los Angeles, les meufs sortent de la plage en bikini, avec un gros sweat coloré par-dessus, hyper confortable, hyper oversize, cheveux mouillés. La Californienne ne se prend pas la tête. Pour Hôtel Mahfouf, j’ai voulu créer un juste milieu, un mélange de ces deux influences, sans pour autant tomber de part et d’autre dans un esthétisme, un cliché. Moi, je n’arrive pas à avoir un seul esthétisme, un seul style. Je crois que mon esthétisme, c’est de ne pas avoir d’esthétisme. J’aime trop être méga-pimpée quand je sors, et puis dès que je rentre chez moi, je dégrafe tout, le jean, le soutien-gorge, c’est le meilleur sentiment, et je porte quelque chose de doux et confortable. J’ai essayé d’être glam à la maison comme ces filles sur Instagram, mais ça ne dure jamais bien longtemps. C’est pour ça que dans la première collection de l’Hôtel Mahfouf, il n’y a vraiment que des vêtements chill. Je voulais faire du loungewear pour commencer, que ce soit le dressing pour chiller à l’hôtel justement.
Et il y a quoi comme pièces ?
On a deux ensembles jogging, avec des sweats tout doux type “nuage”, des vêtements confort pour commencer. Il y a aussi deux autres ensembles un peu plus “fittés”, ceux que l’on peut porter en ville comme à la maison. Ces pièces sont inspirées de ma vie à Los Angeles, où tous les jours, je mettais mes écouteurs et je faisais une balade à vélo au bord de la mer sur la piste cyclable qui relie Venice Beach et Santa Monica. C’était mon petit rituel du matin. C’est pendant ces balades-là que je pensais à ce que je voulais créer pour Hôtel Mahfouf. Au début, comme couleurs, je ne voulais que du noir et du blanc, pour plaire à mon “parisian self”, puis finalement, j’ai choisi des coloris pastel pour la première collection.
Où fais-tu fabriquer les vêtements de l’Hôtel Mahfouf ?
La majeure partie des pièces sont fabriquées dans des usines et ateliers à travers l’Europe, ça dépend de la typologie du produit. Nos bougies sont faites à Grasse, nos ensembles jogging en Grèce, et nos combinaisons sont fabriquées à la main à Paris. Donc on est sur des coûts qui sont plus importants par rapport aux cocréations que j’ai pu faire auparavant. Pour Hôtel Mahfouf, j’ai fait primer la qualité et une main-d’œuvre clean et intègre. J’aurais pu faire de la fast fashion mais ça aurait été du made in China, ou Bangladesh ou Inde, et je n’aurais pas eu la transparence nécessaire sur les conditions de travail de mes fournisseurs. C’est la première fois que je fais travailler autant de gens pour moi, pour ma propre marque, et leurs conditions de travail me préoccupent beaucoup : c’est primordial que mes pièces et produits soient fabriqués dans des conditions qui ne nuisent à personne et qui ne font pas de mal à l’environnement. Je produis peu de pièces mais elles sont toutes de très bonne qualité. Elles sont là pour durer dans ton dressing. C’est un parti pris et un risque aussi, car les pièces sont forcément plus onéreuses, mais au moins, c’est fait avec le cœur. Je m’en rends compte moi-même quand je fais mes vide-dressings : les seules pièces qui restent au fil des années sont les pièces sentimentales et celles qui sont de très bonne qualité. C’est exactement ce que je veux pour le dressing de l’Hôtel Mahfouf, de la qualité, pas de la quantité proposée sous forme de drops, sans temporalité spécifique.