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Dumb Blonde : l’histoire d’un stéréotype

Ultra-sexualisées, sous-estimées, infantilisées… Les femmes blondes sont victimes de stéréotypes sexistes : d’où viennent-ils et pourquoi elles ? À l'approche de la sortie du remake de Mean Girls, NYLON revient sur cette fascination pour les blondes que nous avons tous.tes !

“La représentation du monde comme le monde lui-même est l’opération des hommes ; ils le décrivent du point de vue qui est le leur et qu’ils confondent avec la vérité absolue”, disait Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe. Alors qu’aujourd’hui, l’image de la blonde est réhabilitée par la troisième vague féministe avec le come-back de Pamela Anderson, Reese Witherspoon ou Jennifer Coolidge, je ne peux m’empêcher – en tant que fake blonde – de m’interroger sur l’origine des stéréotypes sexistes sur les femmes à la “chevelure d’or”. Tantôt fille stupide et facile, tantôt femme fatale, tantôt superficielle, la blonde, protagoniste de nombreuses blagues sexistes et de mauvais goût, est un cliché créé de toutes pièces par le patriarcat qui constitue l’une des nombreuses formes d’asservissement des femmes… Mais depuis quand ?

Film « Troie » de Wolfgang Petersen

Blonde comme une déesse

La fascination pour la blondeur aurait commencé dès l’Antiquité. Inspirées par Aphrodite pour les grecques et Vénus pour les romaines, les femmes changeaient leur couleur de cheveux – grâce à des techniques à base de fiente de pigeon ou de graisse de chèvre – pour imiter leur blondeur. D’après Jean-Noël Robert, auteur des Modes à Rome, le blond était particulièrement populaire chez les prostituées romaines et les hétaïres – courtisanes – grecques, formant ainsi les prémices des clichés sexualisant les blondes.

Avec l’expansion de l’Empire romain, la perruque devient le nouveau moyen d’atteindre la blondeur. D’après l’écrivaine Erica Jong commentant l’ouvrage On Blondes de Joanna Pitman pour le New York Observer Online, “les Romains de l’Antiquité appréciaient tellement les cheveux blonds qu’ils tondaient les esclaves germaniques pour fabriquer des perruques blondes pour leurs nobles dames à l’allure méditerranéenne – imitant ceux-là mêmes qui allaient finir par envahir l’Empire. L’ironie est mordante.”

Tertullien, un des théologiens chrétiens les plus influents de l’Empire, écrivait d’ailleurs dès le IIe siècle : “J’en vois quelques-unes de vous occupées à enduire incessamment leurs cheveux pour leur donner une couleur blonde. Elles rougissent presque de leur patrie ; elles sont fâchées de n’avoir pas pris naissance dans les Gaules ou dans la Germanie. Elles tâchent de se dédommager en transportant à leur chevelure ce que la nature a donné à ces nations. Triste présage que cette brillante chevelure !”

Du Moyen Âge à la Renaissance : la blondeur entre désir et rejet

Très tôt dans l’Histoire, la blondeur suscite des stéréotypes ambivalents entre vice et vertu. “Les blondes bibliques comprenaient les tentatrices Eve et Marie-Madeleine”, rappelle Angie Schiavone dans le Sydney Morning Herald Online. “L’opposition cléricale qu’elles suscitaient s’est compliquée lorsque – sous l’impulsion des visions de sainte Brigitte – la Vierge Marie a été perçue comme ayant été blonde. Cette convergence entre le vice et la vertu a ajouté une autre facette à la signification culturelle de la blondeur.”

Dans Blonde comme l’or : La chevelure féminine au Moyen Âge, Myriam Rolland-Perrin analyse la signification de cette couleur de cheveux dans les textes médiévaux. “Pour la chevelure se dégage une image consacrée, courante, attendue : la comparaison de la blondeur et/ou de la brillance avec l’or. […] Ce stéréotype linguistique présente l’intérêt d’associer le métal le plus précieux à l’attribut physique incarnant le mieux la féminité.” Au XIIe et XIIIe siècle, la blondeur constitue l’idéal esthétique, renvoyant aux “éclats lumineux”, contrairement à la rousseur rappelant “les flammes infernales”.

“Nous avons en effet mis en évidence le rapport qui s’établit entre la blondeur dorée et la lumière, la clarté étant positivement connotée et interprétée comme un don de Dieu aux meilleurs. S’explique alors pourquoi, d’une blondeur rayonnante, les auteurs plus tardifs en sont venus à davantage vanter les mérites de la longue chevelure, considérée comme un voile naturel cachant un corps nécessairement pécheur”, détaille la chercheuse.

Dans On Blondes, Joanna Pitman établit un lien entre les cheveux blonds et un statut social inférieur qui remonte au Moyen Âge en Europe – l’aristocratie développant une chevelure brune dans ses châteaux et les travailleurs blondissant à force de travailler au soleil. Durant le règne de Louis XIV, des artistes tels que Rembrandt et Vermeer ont célébré les cheveux noirs dans leurs toiles.

La première blonde “stupide” de l’Histoire occidentale serait, d’après l’autrice, la Française Rosalie Duthé. Courtisane parisienne, elle est dépeinte dans une pièce de 1775 comme une poupée qui agit comme une vraie personne : elle parle lentement, elle a l’air d’un enfant – en référence aux fameuses têtes blondes ? – et d’une femme. À la fin de la pièce, le public se rend compte qu’elle est intelligente lorsqu’elle réussit à priver les hommes d’une partie de leur argent… Un portrait stéréotypé, le premier d’une longue succession.

Peinture « La naissance de Vénus » de Botticelli

La blonde fatale du XXe siècle

Le stéréotype de “la blonde” atteint son apogée au XXe siècle. Les hommes préfèrent les blondes, livre dont est adapté le célèbre film de 1953 dans lequel joue Marilyn Monroe, date de 1925. Ce roman populaire d’Anita Loos suit Lorelei Lee, une femme en apparence sotte mais qui joue des clichés pour obtenir ce qu’elle veut et profiter de la vie. Dans les années 30, le blond platine de Jean Harlow fait d’elle une icône de beauté sur le grand écran. Son blond si clair se distingue parfaitement dans les films en noir et blanc qui aiment jouer sur les contrastes – notamment lors de la mise en scène de romances. Héroïne de Platinum Blonde en 1933, celle qui a inspiré Marilyn Monroe va lancer la mode de cette couleur presque surnaturelle. Le terme “blond platine” n’est d’ailleurs pas anodin. Similaire à l’or blanc, le platine, métal d’exception utilisé pour les bijoux, renvoie à la rareté, donc à la désirabilité de ces femmes blondes.

Film « Les hommes préfèrent les blondes » de Howard Hawks

Avec l’arrivée du Technicolor, les blondes platine ne perdent pas de leur popularité, bien au contraire. La couleur “Hollywood blonde” popularisée par les actrices conquiert les chevelures des femmes dans l’après-guerre. Si la couleur est liée à la désirabilité auprès des hommes, la comédienne américaine Judy Holliday s’affiche néanmoins comme la “Smart Blonde” dans les années 50. Et le mouvement féministe des 70’s transforme la teinture en instrument d’émancipation pour les femmes, soutenue par l’iconique slogan “Parce que je le vaux bien” de L’Oréal.

La couleur s’impose aussi chez les femmes politiques. Au Royaume-Uni, d’Elizabeth Ire à Lady Diana en passant par Margaret Thatcher, toutes ont entretenu ou intensifié leur couleur. Lorsque Thatcher a éclairci ses cheveux, elle a même ”gagné le respect des hommes d’État étrangers qui étaient attirés par son ‘casque blond sans compromis’”, estimait Karyn L. Barr dans Entertainment Weekly (toujours dans On Blondes). Joanna Pitman interroge d’ailleurs les motivations du passage au blond – est-ce une façon de se distinguer des groupes ethniques plus sombres et moins puissants ? –, tout en rappelant l’importance de cette couleur dans l’idéologie nazie.

Blonde is back

Dans les années 2000, la “Blonde” devient le stéréotype de la fille superficielle. À l’image de Reese Witherspoon dans La Revanche d’une blonde, la chevelure peroxydée devient l’accessoire des femmes stupides et faciles dans les teen movies. Dans “DJ”, sorti en 2003, Diam’s chante : “Je sais que j’suis pas une bombe latine, ni une blonde platine.” Pamela Anderson, icône des années 90, commence à sombrer, Lolo Ferrari décède au début du millénaire, Lorie disparaît avec son come-back Tecktonik et Paris Hilton et Britney Spears ne font plus la une pour leurs looks iconiques mais pour leurs déboires dont a soif la presse à scandale.

À l’orée des années 2010, avec la trend indie sleaze, on oublie la blonde Barbie et pulpeuse au profit d’une femme blonde platine plus mince, négligée et rock’n’roll. C’est la renaissance de Kate Moss et Debbie Harry et l’avènement des Plastiscines ou de Sky Ferreira. Et en 2023, la blonde est toujours là : Jennifer Coolidge devient l’icône de la série à succès The White Lotus, Reese Witherspoon enchaîne les films et séries primées, Pamela Anderson reprend la main sur son histoire à travers un documentaire, et le Barbie de Greta Gerwig s’annonce déjà comme le film de l’année avec son slogan “She’s everything. He’s just Ken”.

Symbole de rareté, d’innocence, de virginité, de femme fatale, de stupidité… La femme blonde aura subi à peu près tous les stéréotypes patriarcaux depuis l’Antiquité, inscrivant cette couleur de cheveux dans le marbre des fascinations de l’Humanité. Unique et complexe : la femme blonde fera toujours l’objet de conversations qu’elle aura raison d’ignorer !

 

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Une publication partagée par Jennifer Coolidge (@jennifercoolidge)

Toi aussi tu as hâte de découvrir le remake de Mean Girls, Lolita malgré moi qui sort au cinéma le 10 janvier ? En attendant la sortie officielle, tu peux découvrir le trailer ici, avec Rénée Rap dans le rôle de  l’iconique blonde, the one and only : Regina George !

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