Exprimes-tu des choses différentes en français ou en portugais ?
J’utilise le français de manière plus précise, plus cérébrale. Le texte et la mélodie viennent séparément, il faut ensuite les assembler, les modifier… En portugais, les mots surgissent instinctivement, ils sont plus chantants, plus malléables. Quand une mélodie naît dans mon esprit, les paroles suivent en portugais, tout va ensemble. C’est une autre manière de créer. Beaucoup de chansons brésiliennes sont semblables à des rêves, emploient des images surréalistes. Quand je chante en portugais, je reproduis cet héritage.
Le producteur de musique électronique Superpoze a travaillé sur l’album. Quel a été son rôle exactement ?
On se connaît depuis très longtemps, on a presque commencé nos carrières ensemble. Il a trouvé sa place très naturellement dans ce projet. J’avais beaucoup de démos, des ébauches de morceaux que je lui envoyais pour recueillir son avis. Au fur et à mesure, j’ai commencé à enregistrer des éléments chez lui, jusqu’à ce qu’il entre peu à peu dans le cœur du processus créatif. J’ai l’habitude d’enfiler la casquette de productrice. Mais cette fois, je pouvais partager cette tâche avec lui et prendre du recul, me focaliser sur d’autres choses. En dehors du travail technique, il m’a aidée à organiser mes idées, à mettre les choses au clair.
La gestation de l’album a été longue…
Oui, ça va faire cinq ans que je travaille dessus. J’ai fait ce choix du temps, ce qui rend l’album assez dense. Beaucoup d’idées datent de périodes distinctes ; des inspirations, des titres ont fusionné sans cesse.