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Musique

Alice et Moi, reine de la dédramatisation

Avec son premier album Drama, Alice et Moi nous livre une french pop subversive à travers 16 titres candides où elle se confie sans filtre, en assumant sa dualité. Rencontre avec une étoile montante de la pop made in France.

Ton nom d’artiste est Alice et moi. Comment expliques-tu ce choix ? Es-tu tiraillée entre deux toi ?

Un jour, j’ai senti au fond de moi que je rêvais de musique. A ce moment-là, j’ai compris qu’il y avait la Alice que je rêve d’être, et il y a moi. J’ai souvent fait cette séparation. Quand j’ai commencé à faire de la musique, j’ai pris conscience qu’il y avait une partie de moi plus sensible, rêveuse, qui avait plus peur et qui voulait être dans sa chambre. Pourtant, l’autre partie de moi est fonceuse, n’a pas peur et a envie de tout essayer – limite un peu barjo. Je retrouve les deux lorsque je suis sur scène et dans mes clips. Grâce à la musique, ce tiraillement est résolu. J’ai l’impression que mes émotions et ma sensibilité sont assumées, et en même temps, je peux être un peu quelqu’un d’autre. En tout cas, je peux être plus forte que dans la vie de tous les jours.

Qu’est-ce que tu écoutais pendant ton enfance et ton adolescence ?

Mes parents adoraient le rock, j’ai plein de références de rock dans ma vie : David Bowie, Talking Heads, Rolling Stones, les Beatles aussi. Je me suis fait ma propre culture au fur et à mesure : j’ai découvert Vanessa Paradis dont j’étais hyper fan. J’en parlais tout le temps, j’avais des posters d’elle dans ma chambre. J’ai même une photo d’elle dédicacée ! Découvrir Vanessa Paradis m’a permis de me dire qu’on pouvait chanter en racontant les choses sincèrement, sans filtre, et ça m’a plu. J’ai aussi écouté des choses inavouables comme les L5 quand j’étais toute petite. Après, j’ai adoré – et j’assume à 1000 % car c’est toujours le cas – Britney Spears, et surtout Mylène Farmer. J’étais choquée devant ses clips ! Je me souviens m’être dit que c’était courageux et que je trouvais ça incroyable. Et si je lançais un projet dans ma vie, il fallait que j’ose comme elle, comme Mylène.

Quel a été le déclic qui a fait que tu t’es consacrée pleinement à la musique ?

Le vrai déclic est arrivé quand j’ai eu mon diplôme de journaliste entre les mains. J’ai dû faire le choix entre dire oui à des propositions de boulot ou vivre mon rêve : c’est maintenant ou jamais ! Il fallait que je sorte au moins un CD dans ma vie. Je n’avais pourtant pas d’équipe, je n’avais pas de label et aucune connaissance dans le monde de la musique. Pourtant, j’ai sorti un CD (son EP Filme moi en 2017, ndlr), et l’année d’après un deuxième (son EP Frénésie, ndlr)… C’est seulement récemment que j’ai été approchée par une équipe au sein d’un label, enfin. Et pour la première fois, mon CD sera disponible à la Fnac. Ça rend les choses concrètes de me dire que des gens pourront l’acheter en physique. Je dis la Fnac, mais ça peut être chez les disquaires bien évidemment. Au début, je comptais essentiellement sur les streams et c’est cool, mais avec le CD physique, c’est la première fois que j’ai l’impression que ma musique vit complètement.

Tu as commencé la musique, avec tout ce que cela comporte, seule, et tu as désormais une équipe pour avancer sur tes projets. Mais de ce que j’ai compris, tu participes à l’ensemble de la production, du début à la fin d’une chanson ?

Je participe à absolument tout : les arrangements, le mix, même le mastering, la pochette, le graphisme… Je valide tout et je suis tout le temps présente ! Je sais que je suis un peu perfectionniste, je le suis même trop, parfois, mes équipes en ont un peu marre (rire) ! En revanche, pour la création, c’est un souhait que j’avais depuis longtemps de travailler avec plus de personnes, dans plusieurs studios différents, car lorsqu’on est seule, il y a forcément des limites. Pourtant, je sais qu’il y a des artistes qui arrivent à tout faire seuls, et tant mieux ! Je trouvais ça plus riche de rencontrer des gens, donc pour la compo et la co-compo, j’ai travaillé avec Dani Terreur. Il a également fait l’arrangement de l’album avec moi. En fonction des morceaux, j’ai travaillé avec Ivan Sjoberg, Nino Vella, Majeur Mineur, Tristan Salvati, puis Nk.F, basé à Montréal, qui a tout mixé, sans oublier le featuring avec Joanna. Il y a beaucoup de présences sur cet album, beaucoup de rencontres. J’avais vraiment envie que, tout au long du disque, il y ait des chansons différentes qui proposent des ambiances différentes, pour ne jamais s’ennuyer. C’était important de créer avec des gens et j’ai aimé l’expérience.

Est-ce que tu as des rituels quand tu composes tes morceaux ? En as-tu eu pour cet album ?

J’ai beaucoup de chance côté création. Je sais que pour certains artistes, ça peut être plus difficile, car c’est une angoisse au moment de la création. J’ai notamment abordé ce sujet dans mes podcasts. J’ai la chance que la création me vienne naturellement, sans avoir besoin de trop réfléchir. Je ne me dis jamais “là, il faut que je me concentre, il faut que j’écrive”, car je suis constamment en train d’écrire – tous les jours je pense. J’ai des notes de téléphone qui n’en finissent plus. J’ai trop de choses à dire tout le temps, c’est terrible : y a trop de drama dans ma tête. Par exemple, pour cet album, là, il y a 16 titres mais en vrai, il y en avait 40. J’ai plus le syndrome de m’éparpiller. Ce qui est difficile pour moi, c’est l’organisation, faire les bons choix, trouver les bonnes chansons et celles qui valent le coup. Pour ça, j’ai beaucoup plus de mal.

Tu as une relation controversée avec les réseaux sociaux – tu nous en parles dans tes chansons… Quel est ton rapport à Instagram et ta relation avec les réseaux sociaux de manière générale ?

Tu l’as très bien dit : à la fois, je leur dois énormément, car je me suis lancée dans la musique alors que je ne connaissais personne. J’ai pu contacter et rencontrer des gens grâce aux réseaux en les cherchant sur Facebook, Instagram, Twitter. Je cherche des producteurs, des arrangeurs. Même simplement des personnes qui ont fait de la musique, pour voir comment ça fonctionne. C’est grâce aux réseaux que j’ai construit quelque chose et que je me suis fait connaître. Aujourd’hui, ma musique a clairement dépassé mon nombre d’abonnés, je suis plus écoutée que je suis suivie sur les réseaux et je préfère ça ! J’ai remarqué un autre côté agréable des réseaux. Pendant le confinement, je me sentais un peu isolée, un peu seule. Ce qui m’a amenée à être plus sur Instagram, j’essayais de me montrer davantage et de me confier. J’ai eu énormément de retours des fans, ça m’a donné confiance. À partir de ça, j’ai réalisé que les réseaux sociaux, c’était puissant, mais il y a également un côté obscur extrêmement anxiogène : tu peux stalker les gens, ce qui peut te rendre fou vis-à-vis des autres, et ça peut rendre fou les gens vis-à-vis de toi. C’est très compliqué les réseaux, il y a beaucoup de choses effrayantes, c’est encore nouveau même si on a l’impression que ça ne l’est pas. Et aussi, ce que je n’aime pas sur les réseaux, mais qui est heureusement en train de se déconstruire, c’est l’illusion d’une vie parfaite : l’injonction constante au bonheur et à la vie parfaite, c’est très angoissant. J’essaye justement de déconstruire ça dans mes chansons. J’essaie de tout montrer chez moi : mes mauvais côtés, ma folie, tout. Sur les réseaux, je vois de plus en plus de personnes qui essayent de se montrer au naturel, de montrer leur vraie vie, et dans ce sens-là, c’est bien.

Tu as sorti le premier épisode du Drama Club, une série de podcasts. Cet épisode décortique la notion de drama avec des artistes invitées comme Barbara Pravi, Silly Boy Blue, Mélodie Lauret et Eugénie. C’est important pour toi de donner la parole à d’autres artistes féminines ?

Oui complètement, c’est la raison pour laquelle ça a été mon premier épisode. J’ai voulu mettre les femmes à l’honneur, surtout les femmes musiciennes. Je ne me sens pas militante, je me sens juste moi : exister et avoir envie de parler, avoir envie de m’exprimer et c’est pareil pour toutes les femmes. Je pense qu’en étant tout simplement des femmes, en faisant de la musique, en racontant nos émotions, notre vie, notre sensibilité et ce qu’on peut ressentir, on peut faire avancer les choses. D’ailleurs, je trouve que ça va de pair avec le féminisme, il faut mettre ces femmes à l’honneur et car elles sont toutes exceptionnelles, on a beaucoup parlé c’était hyper intéressant. Mercredi, j’ai sorti un épisode version masculine, car je voulais entendre leur point de vue sur les émotions, la sensibilité, l’injonction de la masculinité qu’on connaît. Parler de tous les stéréotypes de l’homme fort, qui n’a pas le droit de pleurer et de montrer ses émotions, c’est hyper beau et intéressant. En discutant comme ça, j’ai l’impression qu’à notre toute petite échelle, ça nous permet de nourrir des dialogues qui favorisent l’acceptation de soi, et l’acceptation tout simplement.

Dans ton album Drama, tu t’ouvres et confies certaines angoisses. Quel est le message que tu aimerais faire passer ?

J’ai l’impression qu’on vit dans un monde où avoir plein d’émotions, c’est vite mal vu. Il faut toujours être un peu lisse, mais ce qui est dingue, c’est que plus je rencontre des gens dans ma vie, plus je me rends compte qu’il y en a plein qui sont comme moi et qui débordent d’émotions, d’intensité, peu importe comment ça s’exprime et à quel degré. J’ai simplement voulu en parler, je pense et j’espère que les gens se reconnaissent, se sentent moins seuls et dédramatisent. Car c’est du drama, mais je le chante et j’en rigole, je suis la reine du drama ! Je fais des dramas avec des grains de sable. C’est bien de se rendre compte que, parfois, il y a des émotions qui sont là pour pas grand-chose, mais ça paraît tellement énorme sur le moment. Mon message est : accepter ses émotions, dédramatiser et accepter qu’on est comme on est.

La sortie de ton album tombe deux jours après le déconfinement. Es-tu contente de ce timing ?

Je ne l’avais pas prévu ! Symboliquement, c’est sublime, c’est magnifique. Je suis très anxieuse à l’idée de laisser partir mon album, mais le fait qu’il y ait du monde dans la rue, des gens en terrasse, c’est tellement chaleureux. D’ailleurs, après cette interview ; je vais aller direct en terrasse (rire) !

 

Qu’as-tu de prévu pour la suite ?

Les prochains épisodes de mon podcast arrivent, et si ça se passe bien, j’ai vraiment envie de le prolonger et de faire des interviews en tête à tête sur ce même thème. Ensuite, l’idée serait de faire vivre mes chansons : j’ai réalisé, et ce pour la première fois à 100 % seule, deux clips qui sortiront bientôt ! J’aurais voulu réaliser tous les clips de l’album, si ça avait été possible. Et j’ai hâte de remonter sur scène dès que ce sera possible ! Je travaille aussi sur la suite de l’album, je ne peux pas m’empêcher de créer, donc j’ai déjà cinq chansons de prêtes ; mais chaque chose en son temps.

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