D’Halloween à Charmed : déconstruire le mythe de la sorcière
La sorcière : un monstre sans cœur tout juste bon à devenir un déguisement pour Halloween ? Oubliez ces idées reçues. Pour de nombreuses femmes, cette fête devenue ultra-commerciale est une célébration à prendre très au sérieux.
“Il existe huit sabbats – passages de saison ritualisés – que célèbrent les sorcières dans l’année”, nous détaille Tiffany. “Le 31 octobre, c’est le sabbat de Samhain. On se trouve entre l’équinoxe d’automne et le solstice d’hiver. Cette célébration a été transformée et réinterprétée pour devenir la fête Halloween. Chez les sorcières, c’est un moment où le monde des vivants et celui des morts sont très proches. C’est un peu notre nouvel an à nous !”
Si Tiffany proposera un rituel collectif en ligne pour “se relier ensemble entre femmes”, pour Sidonie, ce sabbat représente plus une “période d’introspection”. “Beaucoup font un coven, mais moi, je suis très pudique par rapport à ça”, avoue-t-elle. Quant à Manon, qui célébrera aussi les morts, elle avoue ne pas avoir particulièrement réfléchi à la question. “On le fête comme les autres au final ! Avec des choses simples : des gâteaux et un film d’Halloween !”
De quoi abattre les clichés sur la sorcière qui jette des sorts avec sa baguette magique la nuit du 31. D’ailleurs, nos sorcières Tiffany et Sidonie se sont vite détachées de ce personnage caricatural, grâce aux films et séries des années 90-2000. Pour Sidonie, c’est la saga Harry Potter qui l’a particulièrement touchée : “Je pense qu’on est nombreux dans notre génération à avoir la frustration qu’aucun hibou ne soit venu chez nous ! D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, la ‘witch aesthetic’ s’inspire énormément de Poudlard même si, évidemment, ça n’a rien à voir avec la vraie vie de sorcière.”
Quant à Tiffany, c’est la série Charmed qui l’a profondément marquée. “J’avais mon livre des ombres, je jouais à des jeux de rôles avec mes voisines… Je me prenais pour une sœur Halliwell ! Et ça m’a beaucoup aidée à me construire en tant que sorcière car je m’identifiais à beaucoup de choses. Je fais partie d’une génération qui a grandi avec Charmed, Buffy, X-Files, soit les premières séries qui parlaient de choses mystiques. Avec des femmes, belles, normales, sympas et toujours cette notion de sororité.”
Des œuvres souvent sous-cotées qui ont forgé Tiffany en tant que sorcière et l’ont inscrite dans une démarche féministe. “On est toutes des sorcières en soi. C’est Starhawk qui disait, dans les grandes lignes : si je suis une femme, je suis une sorcière puisque, par essence, une sorcière est une femme qui assume le pouvoir-du-dedans, quelque chose à l’intérieur de nous et qui s’exprime à l’extérieur. Donc, à partir du moment où je crée ce que je crois, j’ai un pouvoir.”