Dans son nouvel album Lately I Feel Everything, Willow Smith traîne le pop-punk en analyse.
Lorsqu’Avril Lavigne déboule dans le hit-parade en 2002 avec “Sk8er Boi”, un hymne pop-punk sur un outcast qui finit par percer, Willow Smith a 2 ans. Ce n’est qu’à l’âge de 7 ou 8 ans – une vie plus tard en années Willow – que la fille de Will Smith et Jada Pinkett découvre la musique d’Avril. À cette époque, Willow est déjà hyperactive à Hollywood : elle a joué aux côtés de son père dans I Am Legend et s’apprête à sortir son premier single Whip My Hair. Elle se plonge dans les influences et l’univers d’Avril comme jamais. “Je l’écoutais 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, j’essayais de m’habiller comme elle et d’être elle, honnêtement”, explique-t-elle du haut de ses 20 ans.
Cet été, elle exauce son souhait. Elle est paparazzée à Los Angeles avec Lavigne en train de tourner un clip. Toutes deux sont vêtues d’un pantalon à carreaux des plus 80’s et des colliers à clous. Un témoin anonyme précise que les deux jeunes femmes se sont même tenues à la main à la fin du tournage. Ce qui constitue, selon Willow, “un rêve éveillé”.
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Comment en est-elle arrivée là ? La jeune femme, forte de dix ans d’activité dans l’industrie de la musique, assure que tout le processus a été simple. Coincée en quarantaine depuis plus d’un an, elle caresse l’idée de faire un album pop-punk qui lui rappellerait la musique passant à la radio lorsqu’elle était enfant. Puis elle contacte Avril pour lui demander de collaborer sur une chanson. Cette dernière répond tout simplement “bien sûr !”. Puis elle écrit à Travis Barker, batteur de Blink-182, qui lui explique avoir envie de collaborer autour de “Transparent Soul”, le premier single de l’album Lately I Feel Everything de Willow Smith.
Quand Barker lui a fait part de son intérêt, Willow raconte “s’être fait dessus”. “C’était fou. Comment c’est possible ?” Dans la galaxie de la jeune femme, à peu près tout semble possible, et pourtant, elle a réussi à éviter de devenir blasée. “Je ressens juste une gratitude infinie envers les deux”, ajoute-t-elle, “parce qu’ils sont honnêtement la royauté pop-punk.”
Avec cette marque de validation de Lavigne et Barker, le nouveau son de Smith rejoint un renouveau pop-punk soutenu par des artistes comme Machine Gun Kelly (qui collabore également avec Barker) et Mod Sun (qui collabore avec Lavigne). La Gen Z suit de près le festival itinérant Warped Tour et l’incontournable Olivia Rodrigo fait référence à Paramore et Courtney Love sur son album Sour. De plus, TikTok a décidé que Lavigne était à nouveau cool : son premier post mettant en vedette Tony Hawk a été vu plus de 29 millions de fois.
Mature et décomplexée
Smith attribue la réémergence culturelle du pop-punk à la conviction qu’“il se passe beaucoup de choses sur le plan social et politique. Je pense que les gens ont juste envie de crier, de grogner et de s’exprimer parce que cette période de la vie de l’Amérique et de cette Terre n’est pas facile. Tout est très, très chaotique.” “Je crois que les gens veulent tout simplement vivre et s’amuser et ne pas avoir l’impression que le malheur est imminent, toujours au coin de la rue”, ajoute-t-elle.
Selon Smith, qui a toujours fait preuve de maturité et de réflexion, cette nouvelle ère aurait fait ressortir en elle une exubérance juvénile et décomplexée. En ce qui concerne son album, tout ce qui a eu trait à l’écriture, l’enregistrement et la collaboration a été un véritable feu d’artifice. Le bassiste de son groupe de répétition ? Du feu. Réussir à faire un clip vidéo avec Lavigne ? Du feu aussi. Le moment où Barker est entré dans le studio d’enregistrement avec elle ? “Je me suis dit : “Ça, c’est du feu.”
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“Je voulais juste m’amuser”, raconte-t-elle à propos de la production de l’album. “Je voulais aussi ne pas avoir à être toujours aussi profonde tout le temps.” La chanson qu’elle a enregistrée avec Lavigne s’intitule “Grow”. Il s’agit d’un morceau de deux minutes de pop-punk pur et dur, qui aurait pu apparaître sur un album de Lavigne en 2005. Mais les paroles sont imprégnées d’une spiritualité propre à Smith. “On a toutes les deux traversé beaucoup de choses dans nos carrières respectives, et on a grandi, évolué”, explique-t-elle. “Et je voulais tout simplement témoigner de cela. Les paroles des chansons de ce genre ne sont souvent pas très profondes, alors j’ai voulu mélanger mes deux mondes : l’aspect philosophique et spirituel avec une dimension nerveuse. Je pense que c’est une réussite !”
Rencontrer Lavigne sur le tournage du clip était “super cool avec de super vibes”, dit Smith. De son côté, dans un mail ponctué de lol, Lavigne écrit qu’elle a été “vraiment touchée” d’apprendre que Smith était fan d’elle. “Ce genre musical accorde une voix aux jeunes qu’on a essayé de faire taire toute leur vie, alors ne suis pas surprise que ce courant voit un renouveau aujourd’hui” dit-elle. Je suis super p***in d’excitée !” L’artiste de 36 ans n’a pas donné de conseils particuliers à Smith sur le plateau, mais elle a transmis à sa jeune protégée une énergie électrifiante. “Que dire ?, se demande Smith. C’est Avril Lavigne. De la bombe pure.” “En personne, Willow est super gentille, complète Lavigne. On se prend beaucoup dans les bras.”
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“J’adore la weed”
L’expérience du tournage de la vidéo de “Transparent Soul”, avec Barker, était un peu plus complexe. Le décor est celui d’un vieux club. Dans la scène d’ouverture, Smith est vêtue d’un blouson de cuir oversize au dos orné d’un lapin à tête de clown dans le dos ; elle arrache un joint à un type dans la foule. “J’adore la weed”, précise Smith sans fausse pudeur. “J’ai pris l’habitude de ne pas fumer en studio pendant de longues périodes, parce que c’est meilleur pour la santé. Mais oui, j’adore la weed. Que dire ? C’est une plante formidable. Elle a de nombreux bénéfices. Par contre, si vous la consommez n’importe comment, ça peut vraiment vous foutre en l’air – il faut vraiment le faire avec maturité et modération.” “Mais ouais, répète-t-elle. J’adore la weed.”
On dirait un peu une gamine dans un magasin de bonbons, mais il ne faudrait pas oublier la longueur impressionnante du CV de Willow Smith. Après sa signature sur Roc Nation, le label de Jay-Z, à l’âge de 9 ans, son single Whip My Hair devient disque de platine, et cimente sa réputation de prodige de la royauté hollywoodienne. À l’adolescence, elle sort quatre albums, principalement de R&B, prête sa voix à des séries comme Neo Yokio et Adventure Time, et décroche des campagnes Chanel, Onitsuka Tiger et Mugler. Cette année, elle a déjà remporté un Daytime Emmy aux côtés de sa mère et de sa grand-mère Adrienne Banfield-Norris (plus connue sous le nom de Gammy) pour Red Table Talk, le talk-show dont elle est la narratrice, abordant toute une série de sujets personnels, de son passé d’automutilation à son adoption plus récente du polyamour. “Je me répète, mais la gratitude est la seule émotion que je peux me permettre de ressentir en ce moment parce que, putain, c’est un truc de fou”, explique Smith à propos de son Emmy Award. “Que dire ?”
Notons néanmoins que ses débuts précoces ont entraîné leur lot de difficultés. À 14 ans, elle a révélé à T qu’elle n’était allée l’école traditionnelle que pendant un an et que cette expérience lui avait permis de comprendre “pourquoi les enfants sont si déprimés”. Elle a récemment expliqué à L’Officiel qu’elle avait passé des années à détester et à regretter Whip My Hair, et son père a déclaré qu’elle avait refusé de se produire et s’était rasé la tête en signe de protestation.
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Lors d’un appel avec Jada Pinkett Smith, en pleine répétition du groupe de sa fille, elle nous explique combien Willow a toujours été déterminée et rebelle, ce qu’elle a choisi d’accepter à l’âge de 8 ou 9 ans. “La chose la plus importante que je dis toujours à Willow est de suivre son instinct”, raconte-t-elle. “Depuis qu’elle est toute petite, son instinct est infaillible. Je la regarde et je me dis qu’il existe peut-être des créatures galactiques qui viennent de l’espace, juste avec une peau humaine”, poursuit-elle. “Je ne sais pas. Mais si c’est le cas, elle est l’une d’entre elles. Elle est d’un autre monde, sérieux.” Elle explique que la pression d’être l’enfant de deux personnes à la célébrité aveuglante (ainsi que d’être la sœur de Jaden Smith, qui fait régulièrement la une des journaux) l’a parfois affectée. “Ce qui me rendait anxieuse et frustrée à l’adolescence, c’était sans aucun doute l’impression de ne pas avoir le droit à l’erreur”, dit-elle. “J’avais l’impression de ne pas avoir le droit de changer, d’évoluer, d’être jeune, et que mon rôle premier était de maintenir une certaine image auprès de ma famille et des médias.” Mais “j’ai vraiment l’impression d’avoir surmonté tout ça”, ajoute-t-elle, confiante.
Sur Lately I Feel Everything, Smith dit qu’elle canalise des émotions qui vont au-delà de la nervosité pop-punk typique de l’adolescence. “Je pense que je traite surtout de mon amour naissant pour les femmes et de mon amour naissant pour l’amour en général, et de toutes les différentes formes que cela peut prendre”, explique-t-elle. “Je voulais surtout parler du fait d’être noire et d’être queer et de ce que cela représente ; et d’être noire et de faire du rock et de parler de mes expériences.” Elle a trouvé en sa mère une autre source d’inspiration. Jade Pinkett Smith avait formé le groupe de nu-metal Wicked Wisdom au début des années 2000, et Willow et Jaden n’étaient jamais bien loin, traînant dans le bus de tournée. “Sa persévérance face au racisme et au sexisme était tout simplement incroyable”, dit Willow à propos de cette époque. “C’est la plus grande inspiration qu’elle pouvait me transmettre.”
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Smith dévoile aussi que sa mère a reçu des menaces de mort et subi d’autres types de harcèlement lorsqu’elle était en tournée. Cette expérience a rendu Pinkett Smith nerveuse à l’idée que sa fille monte sur le même genre de scène. “Elle a d’abord dit qu’elle voulait faire du metal, et bien sûr, musicalement, j’étais heureuse, mais j’étais inquiète”, dit Pinkett Smith. “Je ne voulais pas qu’elle ait à faire face à cette scène – ça pouvait être dur pour une femme noire. Et puis elle s’est orientée davantage vers le genre punk, et je me suis dit : OK, ça va marcher.” Elle se souvient que la petite Willow était obsédée par l’idée d’assister à ses concerts, même à un très jeune âge. “Elle me suppliait”, dit-elle. Elle me disait : “Maman, je veux tellement te voir jouer”. Et je me souviens que souvent, je l’apercevais au fond, assise sur les épaules de l’agent de sécurité.” Après les spectacles, “on montait dans le bus et tous les trois – moi, Jaden, ma mère –, on se câlinait et on s’endormait”, dit Smith. “Le fait d’être bercée par le mouvement du bus est un souvenir tellement nostalgique et magnifique pour moi.”
En mai, elle a surpris sa mère sur le plateau de Red Table Talk en réunissant les membres du groupe Wicked Wisdom et en interprétant l’un des anciens succès de sa mère, Bleed All Over Me. Bientôt, dit Smith, elle partira elle-même en tournée. Et sa mère sera invitée à rejoindre le bus. “Je veux que toutes les filles noires qui ont été harcelées à l’école parce qu’elles aimaient le punk et le métal sachent que je suis là pour elles, et que je veux qu’elles aient une voix et une visibilité “, dit Smith à propos de la promotion de l’album. “C’est ce qui compte pour moi.” Après la tournée, Miss Smith prévoit de publier son premier roman – elle demeure discrète sur le sujet – et, ah oui, fêter son 21e anniversaire. “Il faut que je réfléchisse un peu plus à ce que je vais faire”, dit-elle lorsqu’on lui demande ce qu’elle compte faire pour célébrer la date. Mais, ajoute-t-elle, “chaque année est une bénédiction”.
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