En avril dernier, tu as sorti le single “Lights off”. Un album est-il dans les cartons ? Que peux-tu nous en dire ?
J’ai passé tout le début de l’année en studio et une première partie de l’album est déjà achevée. Le souci, c’est que ça fait tellement longtemps que j’ai presque envie de tout recommencer. Là, je me concentre sur DALS avant de retourner en studio pour le terminer. Je veux voir où j’en serais, de quoi j’aurais envie de parler à ce moment-là. Je veux prendre le temps d’explorer plus de possibilités mais je ne prendrai pas mille ans non plus. J’essaie d’être minutieux tout en restant spontané. En tout cas, j’aime beaucoup le travail d’écriture.
Qu’est-ce qu’il te reste à faire, Bilal ?
Tellement de salles à conquérir… Le Zénith, Bercy, le Stade de France ! J’adorerais faire le Madison Square Garden, bien sûr ! La Wembley Arena, puis le Wembley Stadium… Le Tokyo Dome ! Ce serait mon rêve. Je voudrais chanter partout et pouvoir partager ma musique avec le monde entier. J’aimerais écrire une chanson avec Mariah Carey. Proposer des projets musicaux loufoques sous des pseudonymes… J’adorerais ça ! J’ai envie d’explorer les sonorités de l’hyperpop… Collaborer avec quelqu’un comme A. G. Cook, ce serait vraiment incroyable ! C’est une musique rebelle et dans laquelle j’ai trouvé un vrai safe space pour les personnes queers. La niche musicale la plus stylée de tous les temps !
Le cinéma, ça pourrait être rigolo. Je voudrais faire quelque chose de surprenant pour le public, et pour moi aussi. On m’a déjà proposé des rôles mais je n’étais pas emballé. “Abdel travaille dans une épicerie de jour. La nuit, il enfile une paire de talons et fait le trottoir”. Eww, i’m not gonna do that. Si je dois incarner une personne queer au cinéma, il faut que cela se fasse avec les bonnes personnes, sur la base d’un script bien écrit. Mais “World’s Biggest Popstar” reste quand même mon objectif numéro un. (Rire.)
Quand tu regardes le monde, qu’est-ce que tu vois ?
C’est difficile de se projeter aujourd’hui. Encore plus d’être optimiste, mais on va essayer de l’être. Ce que je trouve de beau, c’est que l’on a, plus que jamais, accès à la parole. Tu peux défendre un propos, exister et être entendu même si tu n’es personne, et même si cela ne dure qu’un instant. Malheureusement, c’est à double tranchant. La fausse expertise fait peur, la suropinion aussi parfois. C’est difficile de savoir si l’on est une bonne personne aujourd’hui. Mais c’est un défi intéressant auquel l’humanité avait besoin d’être confrontée. Mes inquiétudes se portent plus sur la santé mentale de notre génération. On ne nous a pas laissé le monde le plus stylé de la Terre. Ce qui m’inquiète, c’est que l’on cherche à éteindre la flamme de notre génération…
Je crois qu’on oublie aussi trop souvent d’être soudés lorsque l’on devrait l’être. J’ai beaucoup de mal à comprendre lorsque les insultes qui me visent viennent de personnes queers. Je n’essaie pas de force-feed mon œuvre ; ce n’est pas parce que tu es LGBTQIA+ que tu es obligé d’aimer ma musique… Mais je ne vois pas l’intérêt de jeter ta haine sur l’une des rares représentations visibles. J’espère voir plus d’unité et de solidarité dans un futur proche.
“World’s Biggest Popstar” reste quand même mon objectif numéro un.