Veni, Vidi, Gucci : Pourquoi la guccification d’Alessandro Michele me manque déjà
L’annonce subite du départ d'Alessandro Michele a ébranlé les Gucci lovers. Je t'explique pourquoi le génie du designer va à coup sûr nous manquer !
L’annonce subite du départ d'Alessandro Michele a ébranlé les Gucci lovers. Je t'explique pourquoi le génie du designer va à coup sûr nous manquer !
Le 23 novembre, le cœur de tous les aficionados de la mode a été brisé lorsque le magazine WWD a annoncé qu’Alessandro Michele faisait ses adieux imminents à la maison Gucci. Au petit matin, l’annonce officielle est arrivée par un communiqué de presse de la maison italienne indiquant que le designer romain, qui était à la tête de la création chez Gucci depuis 2015, allait quitter ses fonctions. Immédiatement.
Pourquoi cette nouvelle me brise-t-elle le cœur, en plus d’ébranler l’industrie du luxe, me demanderas-tu ? C’est vrai, les designers changent de maison et les maisons changent de designers tout le temps. Ça fait partie de ce fameux “jeu des chaises musicales”, comme disent les insiders de la mode. Ce phénomène questionnable, qui n’a plus rien à voir avec ton jeu fav’ de maternelle, consiste pour les grands groupes de luxe à considérer les créateurs comme une valeur marchande interchangeable et donc de les “faire tourner” d’une maison à l’autre et de les remplacer régulièrement, et souvent de manière inattendue, afin de garder le rythme extrême et pourtant pas du tout nécessaire – un rythme (malsain) qu’elles ont elles-mêmes créé, je dois le préciser –, de ne pas perdre sa pertinence, de nourrir l’insatiable croissance des ventes et garder sa place au sommet de la coolitude. C’est un jeu plus que toxique, qui troque la créativité pour le capitalisme, et qui, par le passé, a déjà poussé des designers au burn-out. C’est pourquoi la nouvelle du départ d’Alessandro Michele de Gucci, qui serait une décision de la marque, a pris la plupart des fans de la maison au dépourvu.
L’héritage que laisse Alessandro Michele chez Gucci est historique. Il a fait ses débuts au sein de la maison il y a exactement vingt ans à la création des accessoires, travaillant aux côtés de Frida Giannini, alors directrice artistique, avant de se consacrer aux collections pour hommes. Il était un créateur plutôt en retrait jusqu’à ce qu’il soit propulsé directeur artistique de la maison après le départ de Frida en 2014. À l’époque, personne ne savait vraiment quoi attendre de la vision d’Alessandro Michele pour Gucci. Gucci était alors dans une situation délicate : la maison, qui avait été le temple de la coolitude et du sexy dans les années 90 et 2000 à l’époque de Tom Ford, commençait à tomber dans l’oubli dans les années 2010… Jusqu’à la nomination d’Alessandro Michele.
@gucci Inside a room filled with magical mirrors, Alessandro Michele reveals Exquisite Gucci. A collection infused with 80s-inspired silhouettes, studded accessories, adidas x Gucci pieces and a new take on men’s tailoring. #ExquisiteGucci #adidasxGucci #AlessandroMichele #MFW #FashionForYou ♬ original sound – Gucci
Sa vision pour Gucci était quelque chose qui, à l’époque, ressemblait à un rêve éveillé : c’était onirique et audacieux, c’était l’extrême du maximalisme à une époque où la mode flirtait principalement avec le minimalisme, à l’image de designers comme Phoebe Philo chez Céline et Raf Simons chez Jil Sander et Dior. Mais ce qui a fait la différence, c’est que la vision d’Alessandro pour Gucci était résolument tournée vers un avenir plus inclusif, déconstruisant les normes élitistes qui semblaient gravées dans le marbre de l’industrie. Dès sa toute première collection, pour hommes automne-hiver 2015, Alessandro Michele a joué avec les transparences, la dentelle, les lavallières, les silhouettes aux allures rétro et tout ce qui était de l’ordre du kitsch, apportant un nouveau type de sex-appeal, un nouveau regard sur des éléments de style alors considérés comme has-been par le milieu de la mode. Il commençait à brouiller les frontières entre les genres en libérant les hommes avec des silhouettes féminines et vice versa. L’impact sur la pop culture fut instantané. Ses premières collections ont fait sensation auprès des journalistes et des influenceur.se.s qui les ont adulées, et encore plus auprès du public. Grâce à lui, la maison Gucci a non seulement redoré son blason, mais est à nouveau devenue le symbole de l’avant-garde et du cool. Le terme “guccification” a fait son entrée dans le jardin de la mode, un esprit convoité et copié de toutes parts.
Mais ce qu’Alessandro a accompli au sein de Gucci va au-delà des ventes pharaoniques, des défilés extravagants et des collections ultra-prisées. Grâce à l’esprit fédérateur de son directeur artistique, Gucci est devenue une plateforme culturelle pour les nouvelles têtes pensantes de la mode de demain et a donc transcendé son statut de maison de prêt-à-porter pour devenir un véritable sanctuaire de la pop culture qui parle à un plus grand nombre de personnes, de diverses origines et générations. Sous Alessandro Michele, Gucci est devenu une source d’inspiration pour beaucoup d’autres maisons qui peinent encore à s’ouvrir à un fonctionnement plus inclusif, plus durable et plus bienveillant.
La communauté collaborative de Gucci regroupée par Alessandro a offert une importante visibilité à des créateurs comme Dapper Dan – dont le travail et l’héritage est révolutionnaire en soi – et a propulsé des jeunes marques comme LUAR, Charles de Vilmorin, Bianca Saunders et Ahluwalia, ou encore des artistes émergents comme le groupe de pop rock Måneskin. Alessandro a également soutenu et collaboré avec des icônes de la pop telles que Lady Gaga, Jared Leto, Lana Del Rey, Billie Eilish et, plus récemment, Harry Styles, et a développé des programmes de mentorat pour les jeunes professionnels de l’industrie de la mode dans le monde entier. Le Gucci de Michele a également ouvert les portes de l’industrie à l’économie circulaire afin de promouvoir une consommation de mode plus durable et plus soucieuse de notre environnement. Au lieu d’être – comme beaucoup d’autres maisons – imprégné d’un style élitiste, difficilement compréhensible par le mainstream, et par conséquent excluant et snob, le style de Gucci est devenu accessible et réplicable par tous.tes, contribuant à challenger et faire évoluer les mentalités au sein des maisons de luxe.
Pour moi, le Gucci d’Alessandro Michele est un moment iconique de la mode que nous n’oublierons jamais. Même si l’annonce de son départ a été un véritable choc pour la majorité des aficionados de la maison, la façon dont le Gucci de Michele a transformé la mode continue à m’éblouir et me donner foi en cette industrie. La métamorphose de Gucci sous Michele était belle à voir et son départ me laisse nostalgique de son esthétique “more is more is more” qui a transformé la façon dont on s’habille aujourd’hui. Mais comme le jeu des chaises musicales ne s’arrête jamais, j’attends avec impatience de voir la suite pour Alessandro Michele et pour la saga Gucci !
@letozone 💥 throwback to @jaredleto with his Gucci head replica at the 2019 #MetGala ⚡️ #jaredleto #30secondstomars #gucci #metgala2019 #fypシ ♬ original sound – Jared Leto Zone