MEYY, amoureuse de l’amour
“Tous les artistes ont leur propre récit. Le mien est une célébration de l’amour et du désir”, confie MEYY dans un sourire. On se souvient de l’entêtant “Diamant” du collectif parisien Bagarre, single brutal au sein duquel le plaisir féminin retrouvait ses lettres de noblesse. Un plaisir féminin revendiqué par les femmes, et non plus fantasmé par les hommes. On n’a pas demandé à MEYY si elle écoutait Bagarre, mais elle s’inscrit indéniablement dans cet héritage. La vingtaine à peine passée, la chanteuse est notre dernier coup de cœur, tout droit venu de Belgique. Aujourd’hui basée à Londres dans le but de se consacrer à la musique, la jeune femme déploie, à travers ses deux premiers EP, un univers érotique et envoûtant. “En tant qu’artiste sur Spotify, tu peux voir dans quelles playlists tes morceaux sont ajoutés. Les miens se retrouvent dans tellement de playlists de baise !”, avoue-t-elle en riant. L’idée ne nous a pas échappé, même si l’on préfère écouter le single “Famous” en boucle – morceau d’empowerment subtil en même temps que cri d’amour tragique. Parce que la musique, pour MEYY, c’est aussi ça : l’amour et la séduction, la séduction et l’amour, entremêlés. “J’ai commencé à faire de la musique ado, en déclarant ma flamme aux garçons, pour mieux les charmer. Je le fais toujours, mais j’ai arrêté de leur envoyer. C’est peut-être trop intense…”
L’amour a toujours été considéré comme un sujet féminin – ce que la journaliste Victoire Tuaillon analyse de manière brillante dans son dernier podcast, Le Cœur sur la table. Dès l’enfance, on apprend aux femmes à tout faire pour plaire aux hommes, à satisfaire leur regard et leurs désirs. Dans un système patriarcal, dépeindre les femmes comme des sujets, et non des objets de désir, est en soi une petite révolution. En cela, chaque chanson de MEYY apparaît comme une fleur à conserver précieusement. Sa voix, aussi douce que du velours, n’est pas sans rappeler une certaine Lolo Zouaï. Le rapprochement est d’autant plus criant après l’avoir vu performer à la Petite Halle de la Villette.
Lorsqu’on l’interroge sur la suite, elle émet le souhait de sortir un nouvel EP, plus conséquent que les deux précédents. Il est toujours un peu tôt pour l’album… Pourtant, MEYY collabore déjà avec des noms que l’on affectionne, comme le pianiste Sofiane Pamart (dire que l’on a hâte de découvrir le fruit de leur rencontre est un euphémisme) ou encore Joanna, dont la Belge s’autoproclame fangirl absolue : “Je l’ai contactée sur Instagram et le match a été immédiat, à tous les niveaux. “Do It”, on l’a fini dans sa chambre ! C’est un morceau que j’avais commencé dans ma chambre à moi, c’était génial comme enchaînement.” Et si la révolution commençait dans l’intimité de nos chambres à coucher ?