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Tout le monde aime Tyrone Dylan

Sur les podiums, en studio et aux côtés du maître gothique de la mode, Tyrone injecte un sex-appeal incandescent dans les ténèbres.

Photographe : Danielle Levitt

Je l’adore, c’est officiel. Quand je vois Tyrone Dylan Susman sur mon feed ou ouvrir le défilé Rick Owens, mon œil frétille. Je pense à David Bowie et Britney Spears, Barbra Streisand et Pete Doherty. En quatuor. Soudain, la Lilith dormant en moi veut partir faire du surf tout en python clouté (elle a le sommeil léger).

Australien débarqué à Paris il y a six ans après des études et un début dans les scènes indie de Melbourne, il est aujourd’hui le protégé de Rick Owens, présent en studio et sur le catwalk. A ses côtés, c’est une véritable discussion qui semble s’être créée, y apportant du merveilleux, du glam, du camp, du sexy à toute heure. Du jeu, du plaisir, des nouveaux possibles. Sans oublier the most important of all : des boucles incroyables.

On a papoté de sa grand-mère, de rituels, de course à pied et des MTV Awards. What more ?

Tu as grandi en Australie et tu vis à Paris. Quelles sont, selon toi, les différences culturelles les plus frappantes ? En termes de normes, d’idéaux, de codes ?

L’Australie est à l’autre bout du monde, graphiquement et dans les mentalités, mais il y a des similitudes. Dans les deux cultures, les gens sont très fiers de l’endroit où ils vivent. Les besoins et les réalités sont différents. Mais fondamentalement, les gens profitent de la vie et s’amusent. Visiter son pays est une pause dans le beau chaos de la vie parisienne. À Paris, on est gâté.e.s par l’inspiration illimitée de son histoire et des villes environnantes. J’ai grandi à Melbourne, dans le centre-ville, mais l’accès à la nature partout est quelque chose que je considérais comme acquis jusqu’à ce que je déménage. Les codes de conduite et la façon dont les gens s’expriment sont tellement variés. Ce que je porte à Paris, je ne le porte pas vraiment en Australie. Lorsque je rentre chez moi, l’ambiance est différente et plus détendue. Melbourne est la ville gothique de l’Australie, tout le monde s’habille en noir, et il existe une scène stylistique très excentrique et éclectique. Plus que la mode, c’est un certain “style de Melbourne”.

Créer des liens et une famille avec des personnes situées de l’autre côté du globe a toujours été un de mes objectifs. C’est vraiment spécial d’être entouré de gens avec des éducations, des langues et des cultures différentes. Je suis reconnaissant d’avoir ma famille en Australie et d’avoir créé ma famille parisienne. C’est quelque chose que je ne considère jamais comme acquis.

 

 

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Tu as été décrit comme la muse de Rick Owen, entre autres choses : que penses-tu de ce terme ? Comment décrirais-tu ce que tu apportes, à Rick et à sa maison ?

C’est un privilège de faire partie de la famille Owenscorp. En travaillant au sein d’une équipe de conception aussi restreinte, je me suis familiarisé avec toutes les différentes facettes de l’entreprise. En tant que mannequin, c’est un honneur de participer à la présentation finale au monde de la mode. Mais ce qui me motive, c’est de travailler de manière créative avec Rick et de voir son processus dès les premières étapes. Voir de manière aussi intime une idée évoluer vers ce que nous voyons dans les magasins est très inspirant. Concernant le terme “muse”, je suis sûr qu’il me trouve amusant, mais beaucoup de nos idées créatives naissent de conversations sur différents sujets. Je suis très fier qu’on m’appelle ainsi. Je pense qu’à certains égards, j’apporte une perspective nouvelle à Rick. Venant de l’autre côté du monde et d’une génération différente, mon attitude et mes idées peuvent suggérer un point de vue différent. Il est important d’être stimulé sur le plan créatif.

 

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Comment concilies-tu cela avec votre travail de conception et de stylisme ?

Dans notre collaboration, j’essaie de comprendre le moment qu’il veut capturer et créer. C’est sa vision. Par conséquent, lorsque je fais du stylisme ou de la conception, j’observe sa mission et je suggère d’autres solutions. J’adore cette partie de mon travail et nous travaillons bien ensemble. J’aime fouiller dans les archives et réinterpréter les vêtements de son passé.

 

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À quoi ressemble une journée typique pour toi ? As-tu des rituels, personnels, superstitieux, magiques ?

Mon rituel du matin est important. Pour commencer ma journée, je fais du jus avec une botte entière de céleri, suivi d’une dose de vinaigre de cidre de pomme et de deux expressos. Je fais du sport, c’est ma méditation quotidienne. C’est ainsi que je me vide la tête. La plupart des matins, je vais à la salle de sport ou je cours le long de la Seine jusqu’à la tour Eiffel, les Tuileries ou les Jardin des Plantes. En tant que touriste australien, même six ans plus tard, je ne me lasse pas de courir avec les autres touristes. Je ne me lasse pas de courir autour de ces incroyables monuments historiques qui me font oublier les kilomètres. En commençant ma journée de cette façon, je me réaligne la tête pour faire tourner mes endorphines

Te souviens-tu de ce qui t’a attiré dans la mode ? Quel est le lien avec la contre-culture ?

Je viens d’une famille créative, donc dès l’âge de 7 ans, j’ai eu un lien avec la mode d’une manière ou d’une autre. Ma grand-mère était glamour et libre d’esprit dans les années 60 et jusqu’à la fin. Un sex-symbol israélien. Mon père avait une marque de vêtements dans les années 80, et ma mère a toujours eu beaucoup de style. Notre voisine, Emma Addams (qui est ma meilleure amie), était couturière, et dès mon plus jeune âge, j’adorais passer du temps dans son atelier à jouer avec des chutes de tissu et à épingler des robes sur des Barbie pour en faire des vêtements. Elle m’a prise sous son aile quand j’avais 10 ans ; elle en avait 21 et était plus sauvage que son âge. Elle m’a appris à connaître les maîtres du monde de la mode. Artiste elle-même, elle regardait mes croquis, griffonnait les prix de la couture à côté et me montrait les techniques, m’ouvrant les yeux sur le monde de la mode de luxe et m’achetant d’innombrables livres. Elle m’a emmené à ma première exposition de mode, celle de Gianni Versace, qui présentait ses archives, et je me souviens avoir été complètement obsédé.

 

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Quel rôle la mode et le style personnel ont-ils joué à l’adolescence chez toi ?

Lorsque j’étais adolescent, j’économisais mon argent pour m’acheter des vêtements. J’aimais m’exprimer à travers les vêtements. Avec le recul, je me rends compte qu’il y a eu beaucoup de mauvais moments à l’adolescence, mais je me sentais plutôt glam à l’époque. Je me découvrais, et j’aime voir une évolution. Le fait de voir ma confiance grandir et mon look évoluer m’a amené là où je suis aujourd’hui.

Quelles sont les icônes qui ont façonné ta relation à la mode et à la masculinité ?

Dès mon plus jeune âge, mes parents me faisaient écouter Bowie et les Stones, pour n’en citer que quelques-uns. Grandir avec ces rock stars glamours a défini mon idée du cool. Aujourd’hui, j’aime faire référence à Peter Berlin à ma manière. Mon idée de la masculinité a été façonnée par ces icônes. Des rebelles de la société.

NYLON France s’intéresse beaucoup à la culture pop et sa pertinence sur la société. Y a-t-il des moments importants de la culture pop qui ont influencé ta façon de voir la mode ?

Kate Moss et Pete Doherty ; Galliano pour Dior ; la performance de Britney sur MTV de “I’m a Slave for You” avec un serpent vivant.

 

Quelle est la chose la plus intrigante, drôle ou bizarre à propos des Parisien.ne.s ?

 L’apéritif à toute heure.

 

Quels conseils donnerais-tu aux lecteur.ices qui souhaitent faire carrière dans la mode en 2023 ?

Prenez des risques, ne vous prenez pas trop au sérieux, et profitez de la vie.

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