En ce sens, l’approche de Maria Grazia consiste à proposer une réinterprétation contemporaine de l’héritage de Dior, en reconnaissant l’influence du regard masculin qui avait souvent façonné les créations emblématiques de la Maison et donc la nécessité de détourner se regard et se le ré-approprier en tant que femme de pouvoir. Sa collection devient ainsi une réflexion stimulante sur l’impact de l’imagerie féminine et son rôle dans la formation des perceptions sociétales. Sur le runway, les silhouettes défient volontairement les normes conventionnelles, introduisant des tenues présentées sous forme de juxtaposition d’éléments, allant de somptueuses robes en dentelle et de tailleurs aux bords effrangés à des tricots usés et à des motifs énigmatiques et imprimés flous. Ces créations évoquent, selon Maria Grazia, le pouvoir qui se dégage du mysticisme qui définit historiquement la femme forte — la sorcière, la Lilith — sans tomber dans les clichés stéréotypés ou encore une traduction trop premier degré de ces références.
Un highlight de la collection est l’interprétation par Chiuri de la robe « Abandon » de Christian Dior de 1948, où des tops asymétriques sont agrémentés d’épaules dénudées, offrant une perspective contemporaine à cette silhouette iconique. L’installation artistique du défilé, quant à elle, et le fruit d’une collaboration avec l’artiste pluridisciplinaire Elena Bellantoni et constitue une toile de fond vidéo captivante, marquée par des slogans tout aussi féministes que poétiques juxtaposés à des publicités des années cinquante destinées à la femme au foyer de l’époque et donc imprégnés d’un male gaze évident que Maria Grazia souhaite renverser. Cette toile de fond féministe du défilé souligne l’engagement inflexible de la créatrice envers l’empowerment des femmes, un message qu’elle défend depuis ses début et qui résonne particulièrement dans le contexte socio-politique incertain d’aujourd’hui. Dans un monde marqué par le défi constant à s’opposer au patriarcat, la détermination de Maria Grazia Chiuri à amplifier les voix des femmes est palpable : le soundtrack du défilé est ainsi marqué par un hommage émouvant à la regrettée militante et artiste Sinead O’Connor à travers une interprétation entraînante de « Nothing Compares 2 U ».
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