Au lycée, je connaissais du monde mais je n’étais pas vraiment extraverti. Depuis le collège, j’entretenais l’habitude de compter sur Internet pour faire partie de communautés rassemblant des personnes aux mêmes appétences que moi. Musique pop, séries américaines… Les forums de discussion français et anglo-saxons étaient mon terrain de jeu, où je me sentais à l’aise pour discuter de mes sensibilités qui pouvaient paraître tantôt ennuyantes, tantôt étranges en société (du moins dans ma campagne francilienne). Ces espaces numériques avaient leurs limites car je pouvais y parler de mes goûts mais pas de mon identité et des questions existentielles qui me taraudaient. J’aurais aimé pouvoir me tourner vers des pairs et me confronter à des expériences de vie réelles, non seulement pour me rassurer sur mes questionnements mais surtout pour réussir à être moi-même sans concession.
Bien sûr, la solitude est un sentiment universel, mais avoir 17 ans et cacher un secret isole inévitablement ; et malgré ma nouvelle chambre, je me sentais trop souvent démuni après des journées à faire semblant d’être ce que je n’étais pas.
A l’époque, l’une de mes lucarnes sur le monde s’appelle YouTube. Même si les créateur.rice.s de contenus que j’aimais regarder à l’époque me donnaient un peu d’espoir (d’ailleurs, nombreux sont ceux qui ont aujourd’hui un compte TikTok), il m’était beaucoup plus difficile de devenir acteur à mon tour et d’exprimer ma créativité sur cette plateforme (j’ai bien tenté de lancer ma chaîne après un excès de confiance mais elle n’a bien sûr jamais décollé – et ne cherche pas, toutes les vidéos sont aujourd’hui masquées). Montage compliqué, matériel son et vidéo à prix exorbitant…, autant d’obstacles m’empêchant de créer de manière qualitative et de partager mes passions au plus grand nombre.
Mais sur TikTok, la création et l’expression individuelle n’ont jamais été aussi simples. Un téléphone, une connexion Internet et un peu d’envie suffisent. Mieux encore, la plateforme digitale se révèle comme un véritable outil d’émancipation et d’affirmation pour la communauté queer, ce qui, je l’avoue, m’aurait bien aidé il y a quelques années.