Plongée dans la pop culture des années 90
Scream est le pendant horrifique des teen movies de notre adolescence. “Le scénariste Kevin Williamson a réussi à mélanger l’horreur au teenage drama. C’est ce qui a fait la différence avec d’autres films de l’époque : on pouvait vraiment s’identifier à celui-là”, m’a confié Greg Petrali, fan de la première heure, qui dirige un fan-club de Scream aux États-Unis. C’est une des raisons pour lesquelles la franchise – dont le scénariste est aussi celui de Dawson, Souviens-toi l’été dernier et Vampire Diaries – est devenue culte. Elle a fait plonger dans l’horreur, avec humour, tout ce qui nous faisait rêver dans le teen movie de base : ses banlieues riches américaines, ses personnages archétypaux, ses scènes de soirées décadentes. Le tout avec un casting d’acteur.rice.s pour la plupart débutant.e.s, devenu.e.s des icônes de leur époque : Drew Barrymore, Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Rose McGowan, Sarah Michelle Gellar, Emma Roberts…
C’est pour tout ça que j’ai assisté à la Nuit Scream. J’étais là pour la pop culture, pour les looks Y2K de Tatum, pour entendre Ghostface demander à Drew Barrymore “Quel est ton film d’horreur préféré ?”, avant de l’exécuter dans le premier quart d’heure du film. J’étais à cette période particulière, entre la fin de l’adolescence et le début de la “vie adulte”. J’avais mon premier job, un début de relation solide et m’apprêtais à quitter le logement familial. Je me construisais peu à peu. Scream est un des films qui ont façonné ma culture, une de ces œuvres auxquelles on sait qu’on pourra toujours revenir quand on aura besoin de se réaligner avec soi-même.
Fast forward cinq ans plus tard, pendant le second confinement. La sortie de l’épisode 5 venait d’être annoncée pour janvier 2022. La “vie adulte” étant ce qu’elle est, entre-temps, j’ai perdu ma mère, quitté mon mec, frôlé le burn-out et pris conscience d’épisodes violents survenus à l’adolescence. Un soir où j’essayais de naviguer calmement dans tout ça, j’ai regardé Scream à nouveau. J’y ai vu ce qui ne m’était pas apparu à l’époque : une sorte de récit initiatique particulièrement pertinent.