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Musique

SCH : Danse avec le loup

De ses freestyles - désormais cultes - à Aubagne à son million d’albums vendus : rencontre avec le baron noir du rap français qui a su arriver au sommet en célébrant son héritage marseillais.

Photographe : Alice Rosati
Styliste : Nicolas Dureau

Ensemble BALENCIAGA
Baskets “ACS Pro Advanced” SALOMON
Lunettes de soleil OAKLEY
Montre AUDERMARS PIGUET
Boucles d’oreilles INGOLDWETRUST

« Oui ma gâtée. » En trois mots, l’air du tube rap le plus populaire de ces dernières années t’envahit déjà l’esprit. Introduit par notre cover star, le banger « Bande organisée » ne représente qu’un succès de plus dans l’impressionnante carrière de SCH ; mais il symbolise aussi et surtout un moment clé dans le parcours de l’artiste caméléon qui a su mélanger les genres en incarnant le retour en force du rap marseillais. Aujourd’hui, « le S » est partout. Depuis le début de l’année, il a remporté le prix de l’album le plus streamé d’un artiste masculin aux Victoires de la musique ; participé en tant que jury à l’émission Netflix Nouvelle École aux côtés de Shay et Niska ; tourné dans toute la France pour promouvoir son dernier album JVLIVS II ; teasé un son avec Hamza ; annoncé des concerts à Bercy et au Vélodrome… Il nous avait prévenu.e.s, « en 2022, je vais pas blaguer » : et on n’est même pas à la moitié de l’année.

Comment a-t-il crack the code ? Quels sont ses goals ? On répond à toutes tes questions… Avec l’aide de SCH himself, qui nous capte entre deux prises d’un clip pour Soso Maness.

SCH pour NYLON France

Ensemble et doudoune BOTTER / Lunettes de soleil VALENTINO / Bijou de visage MONCOMBLE / Boucles d’oreilles INGOLDWETRUST / Colliers personnelles

Des Champs-Élysées à la Canebière : l’A7 à l’envers

Né en 1993 à Marseille, Julien Schwarzer fait ses armes durant l’adolescence à Aubagne, où il enchaîne les freestyles et travaille d’arrache-pied pour réaliser son rêve. Après des années d’acharnement et quelques projets sortis sur Internet, le jeune rappeur à l’univers ténébreux et assumant l’Auto-Tune est repéré en 2014 par Lacrim, qui lui permet de prendre son envol. De là, tout s’enchaîne. Le clip « La Mallette », le freestyle provoquant « QLD » et surtout celui de « John Lennon » (« Pour faire un secret faut être deux / Pour faire un te-traî j’peux être seul ») qui explose les compteurs. Une vidéo qui annonce la couleur d’A7, sa première mixtape sortie en 2015 alors qu’il n’a que 22 ans et aujourd’hui considérée comme un des projets les plus cultes du rap français. De « Fusil » à « Champs-Élysées », son tube qui le fait connaître du grand public, avec A7, SCH se propulse à vitesse grand V en haut des charts.

La suite, on la connaît. Le rappeur enchaîne les albums : quasiment un par an depuis le début de sa carrière. Il sort Anarchie et Deo Favente – favori des puristes – en 2016 et 2017. JVLIVS, en 2018, marque un tournant chez le rappeur qui a quitté Braabus Music pour fonder son propre label : Maison Baron Rouge. Avec le premier tome de cette trilogie – dont on attend le dernier album –, SCH offre une image plus léchée et un projet au storytelling millimétré s’inspirant des plus grands films de bandits.

Une prise de contrôle qui lui permet d’explorer d’autres genres musicaux sur Rooftop (2019) et surtout via des projets en collab avec ses collègues marseillais : 13’Organisé (2020) et sa suite logique Le Classico Organisé (2021). Le « loup noir » fait dans le travail d’équipe et assume à 100 % ses sons qualifiés parfois de « rap zumba ». « Ça m’a donné une nouvelle forme d’inspi de me retrouver avec des frérots de Marseille avec qui on vit les mêmes soucis, les mêmes joies… Ça nous fait plein de points en commun et c’est juste un truc naturel. Alors oui, j’ai un côté solitaire mais justement, ça me fait trop plaisir de me retrouver dans des ambiances où on est tous ensemble… Ça me change ! »

Alors qu’à ses débuts, le rappeur cachait carrément son accent méditerranéen en pensant à la route qu’il avait à faire « pour arriver en haut », aujourd’hui, il assume à 100 % son héritage marseillais, qu’il intègre même dans le tome 2 de son projet solo JVLIVS avec des sons comme « Mode Akimbo » en feat avec Jul ou « Fantôme » avec son idole Le Rat Luciano (et le J).

SCH pour NYLON France

Ensemble JACQUEMUS / Lunettes de soleil DIESEL / Montre AUDERMARS PIGUET / Bague annulaire PANDOLFO RENOU x CYRIL KONGO / Bague majeur GOOSENS / Boucle d’oreille personelle / Chaussures GUCCI

SCH pour NYLON France

« Bébé, Marseille, c’est mafieux »

Amour, famille, Marseille, mafia. SCH puise son inspiration de sa réalité à Aubagne et la mixe à la fiction pour créer des productions artistiques aux messages puissants et bourrés de références cinématographiques. Les plans façon La Haine dans le clip de « Massimo », la cover de A7 inspirée du film Blow, la voix de José Luccioni, VF d’Al Pacino, dans les deux tomes de JVLIVS… Comme il l’a confirmé sur les marches du Festival de Cannes, le rappeur est un véritable cinéphile. D’ailleurs, tout son univers le ramène en permanence au 7e art. Même ses inspirations musicales ont eu une carrière dans ce domaine : Eminem, 50 Cent ou encore Jacques Brel et Joe Dassin, écouté par son père Otto. 

Un monde fictif monopolisé par les gangsters et la pauvreté qui lui permet d’aborder de vraies problématiques de société dont il est témoin depuis son enfance. « Se lever pour mille deux c’est insultant » (« A7 »), « La faim justifie la violence, là où la violence est la réponse / Là où la violence est le moteur, là où la violence est le docteur » (« Loup noir »), « Je suis pueblo comme FO CGT en manif de printemps » (« Poupée russe »)… Même s’il ne se positionne pas politiquement, le rappeur interpelle, au point que certain.e.s reprennent ses punchlines en manif. Un goût pour l’engagement et la contestation qu’il a affiché lors de son discours aux Victoires de la musique – de plus en plus remises en cause pour leur manque de diversité –, où il a salué tous les rappeurs absents de la compétition : « Je suis un peu gêné ce soir de tenir cette Victoire dans mes mains sans les voir assis ici en face de moi. Ces grands messieurs qui auraient tout autant mérité que les artistes ici présents de célébrer leur Victoire de la musique », a-t-il déclaré sur scène.

Des prises de position que le rappeur assume : « Pourquoi se l’interdire ? On est dans un pays où on a le droit de s’exprimer ; pour moi, ça fait partie du truc de parler des choses qui nous révoltent. Pour certains artistes, c’est moins important, pour moi, ça peut faire partie du truc : le hip-hop a quand même un discours assez dénonciateur sur ce qui se passe autour de nous. C’est un moyen pour moi de diffuser
ma pensée. »

On est dans un pays où on a le droit de s’exprimer ; pour moi, ça fait partie du truc de parler des choses qui nous révoltent.

Look calibré du « prolétaire devenu aisé »

Si la dénonciation d’une société violente pour les plus précaires est omniprésente dans les sons de SCH, on y trouve aussi le récit de son ascension sociale. « J’suis passé du grec au Rossini, prolétaire devenu aisé » (« 6.45I »). Dans ses punchlines comme dans ses clips, le rappeur témoigne de son évolution dans son mode de vie mais aussi et surtout à travers son style. Dès ses débuts, SCH s’est démarqué par son look. La toque en fourrure du clip de « Fusil », la veste en cuir qui s’enflamme dans « A7 » et surtout ses cheveux lisses et longs rassemblés en une queue-de-cheval millimétrée.

« Il y a eu une volonté de casser le standard de l’artiste urbain français, révèle-t-il. Aujourd’hui, on n’est plus dans un truc où on fait vraiment attention à ça car c’est devenu naturel. Je travaille en osmose avec ma styliste. Elle me connaît et sait ce que j’aime donc ça crée beaucoup de fluidité sur les questions d’image. On s’intéresse de plus en plus à la mode, on est de plus en plus conviés à des événements, ça veut dire que, quelque part, on ne s’est pas entièrement trompés en faisant ça ! »

Aujourd’hui, SCH est considéré comme un des – si ce n’est le – rappeurs les plus stylés du rap français. En poncho tartan chez Kenzo, marinière et veste en patchwork léopard chez Gaultier ou en ensemble nude chez Jacquemus – qui est d’ailleurs complètement fan de l’artiste –, le rappeur squatte désormais les premiers rangs des défilés : son bon goût est finalement adoubé.

SCH pour NYLON France

Ensemble BALENCIAGA / Baskets “ACS Pro Advanced” SALOMON / Lunettes de soleil OAKLEY / Montre AUDERMARS PIGUET / Boucles d’oreilles INGOLDWETRUST / Colliers personnelles

On a tous grandi avec des jeunes qui avaient envie de réussir. Si, à notre petite échelle, on peut ne serait-ce que leur mettre le pied à l’étrier, c’est une réussite pour nous.

« Une vie dans la gloire en vaut deux »

En sept ans de carrière, SCH s’impose déjà comme un nom historique du rap français et multiplie les projets. Dans l’émission rap Nouvelle École diffusée depuis le 9 juin sur Netflix, il fait figure d’autorité en tant que membre du jury aux côtés de Shay et Niska. « Un concours de rap qui passe sur le petit écran, c’était à des années-lumière de la culture et la manière assez généraliste de voir le hip-hop en France, explique-t-il. Être sélectionné pour le jury et pouvoir reconnaître un talent, pour moi, c’est juste une super reconnaissance. Je me suis pris au jeu et c’est méchant : j’aime trop ! »

Un désir de soutenir les jeunes talents qu’il concrétise également grâce à son label Maison Baron Rouge, via lequel il produit ses futurs poulains. « Je pense que la démarche, elle est juste normale pour des mecs comme nous, vu les environnements d’où l’on vient. On a tous grandi avec des jeunes qui avaient envie de réussir. Si, à notre petite échelle, on peut ne serait-ce que leur mettre le pied à l’étrier, c’est une réussite pour nous. Quelque part, on aura apporté notre pierre à l’édifice et je pense que c’est aussi montrer le bon exemple vis-à-vis des jeunes. Et montrer que nous, artistes et jeunes autoentrepreneurs, on peut entreprendre des choses qui peuvent aller loin et que tout ne dépend pas de l’industrie. »

Mais qu’en est-il des projets musicaux perso du S ? Alors qu’il a dévoilé son prochain son – et futur tube – « Fade Up » avec Hamza lors de son concert au Zénith de Paris, les fans spéculent. Va-t-il sortir un album avec le rappeur belge ? Ou publiera-t-il JVLIVS III avant de se consacrer à d’autres projets ? Le S ne veut pas spoiler. « En ce moment, je fais beaucoup de morceaux en oscillant entre la tournée, les promos, les tournages de clip… Quant à JVLIVS, j’essaie déjà de digérer les deux premiers volets afin d’avoir le recul nécessaire sur le troisième et tout casser. Rien ne m’empêche de faire du son donc je ne me refuserai pas à peut-être me faire un kiff avant. »

Malgré son million d’albums vendus et son parcours sans faute, SCH reste modeste : « Je ne suis pas trop dans ce truc de me focaliser sur les chiffres. En plus, j’ai des collègues de travail qui ont vendu cinq fois plus, je pense au J notamment. Donc en vrai, j’essaye de garder les pieds sur terre : je suis motivé par les chiffres de mes collègues et je veux aller aussi loin qu’eux. Quand je regarde tout ça d’un œil assez extérieur, je me dis que c’est une belle récompense de la part du public et qu’on a fait du chemin… C’est trop bien quoi ! » Eh oui… « Le respect passe par l’humilité. »

SCH pour NYLON France

Pull BOTTER / Pantalon, lunettes de soleil et collier VALENTINO / Veste FAITH CONNEXION VINTAGE / Chaussures ROMBAUT / Montre AUDERMARS PIGUET / Boucle d’oreille gauche personnelle / Boucle d’oreille droite TANT D’AVENIR

Allô SCH ? 

Nos questions de fan à l’iconique SCH. 

par @yannishbch, @jerem_babs, @fnyzd & @badgalclaraa. 

Quel est ton rappeur marseillais préféré ever ?

Franchement, je ne pourrais pas te répondre autre chose que Le Rat Luciano. Il y a aussi Freeman et j’aimais beaucoup Don Choa car il avait une manière d’écrire assez incisive.

Tu as déjà fait beaucoup de feats mais avec quel autre artiste tu te verrais collaborer ?

J’ai plein d’idées en tête mais comme je veux garder la magie du truc, je dirais à notre ami que je ne vais pas spoiler et que j’espère pouvoir lui faire de belles surprises dans les mois qui arrivent. 

Tu mentionnes beaucoup l’amour déçu dans tes sons : est-ce que dans ta vie, l’amour a été synonyme de souffrance ?

Oui et non, mais je pense que pour tout le monde, c’est une part de joie et une part de souffrance. Parfois, selon les relations, avec certaines personnes, la souffrance est décuplée et la joie aussi. Mais oui, comme tout le monde, j’ai eu mes petits chagrins. 

Qu’est-ce qui t’inspire au quotidien ?

Je vais dire déjà toute ma team, mes amis ; ça, c’est vraiment mon quotidien car je vis tous les jours avec eux. Je pense aussi à ma famille, mes souvenirs, des choses que j’ai vécues, des films que j’essaie de pouvoir regarder encore… En fait, je ressasse pas mal de classiques. J’aime bien revoir des films car j’ai toujours l’impression d’avoir oublié quelque chose.

Couverture SCH pour NYLON France

Ensemble JACQUEMUS / Lunettes de soleil DIESEL / Montre AUDERMARS PIGUET / Bague annulaire PANDOLFO RENOU x CYRIL KONGO / Bague majeur GOOSENS / Boucle d’oreille personelle / Chaussures GUCCI

Journaliste : Manon Le Roy Le Marrec
Photographe : Alice Rosati
Assistant Photographe : Giulia Baroni
Vidéaste : Benjamin Diaz
Styliste : Nicolas Dureau
Assistante Styliste : Léa Salaün
Grooming : Celia Spanu
Remerciements à Axelle Gomila
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