Quelque temps plus tard, Britney dérogeait avec un mariage express et incognito à Vegas. Casquette jean troué, no make up, celle que le monde entier avait hissée en sex-symbol se mariait avec son ex-boy-friend du lycée Jason Alexander dans un look rompant avec ses robes de tapis rouge. Si le mariage avait fait les gros titres pour sa durée record (24 heures), il surprenait par sa simplicité, sa quasi-naïveté adolescente contrastant avec le statut de Spears. La workaholic qui multipliait les tournées mondiales disait non à la grande cérémonie spectacle avec photographe de renom et robe de créateur.
Le second mariage avec Kevin Federline était plus média-friendly. Robe en dentelle, long voile blanc, cheveux bruns bouclés et cover du magazine People. Quelques mois plus tard, la chanteuse tombait enceinte et construisait lentement la vie de famille qu’elle semblait avoir rêvée – soit une vie loin de la fame. Pourtant, le monde de l’image ne semblait pas vouloir la laisser s’enfuir vers une vie “no media” comme l’illustrait la myriade de paparazzis la poursuivant H24.
Britney Spears est une énigme fascinante. Entre performance pro-liberté sexuelle ultra-powerful et code de vie du Sud, celle qui est à la tête d’un empire, longtemps connue pour sa philosophie work hard/play hard, veut juste une vie de middle class américaine. And why not ?
Aujourd’hui, celle qui a passé la décennie 2000 poursuivie par des paparazzis et la suivante emprisonnée sous la tutelle abusive de son père choisit un mariage loin des gigantesques parades médiatiques. Elle reprend la main sur sa vie, donne à voir des détails croustillants au compte-gouttes et orchestre savamment intime et spectacle, privé et public. Elle mesure ce qu’elle met en scène et ce qu’elle garde pour elle. Elle n’est plus victime du spectacle mais une reine de la mise en scène, que Debord aurait probablement saluée. Avec ce mariage post-société du spectacle, Britney Spears offre une relecture à son avantage des théories du philosophe, actualisé comme jamais.