Des reboots plus woke et engagés
L’exemple des Nouvelles Aventures de Sabrina est peut-être l’un des meilleurs pour comprendre la portée de ces reboots en 2021. Au-delà de la différence évidente de genre entre les deux séries (la première est une sitcom, la seconde une série basée sur l’horreur), les deux personnages de Sabrina n’ont de similaire que la fougue de l’adolescence. Dans la version années 2000, Sabrina use de ses pouvoirs pour résoudre, souvent maladroitement, ses problèmes personnels ou ceux de ses amis ; des situations qu’elle a souvent créées elle-même par insouciance, et qui servent à créer un comique de situation. Mais le propos de la série ne va pas plus loin que les mésaventures adolescentes d’une héroïne peu préoccupée par le monde extérieur.
La portée symbolique des Nouvelles Aventures de Sabrina est tout autre : dans le premier épisode, Sabrina (qui n’a pas encore 16 ans) discute avec ses amis des manières de renverser le patriarcat et remue ciel et terre pour créer un club féministe dans son lycée. Plus tard, elle ira même jusqu’à défier Satan en refusant de rejoindre son culte qu’elle considère régressiste et qui ne correspond pas à ses valeurs humaines. Pour ce qui est des personnages secondaires, on est loin de la pom-pom girl ennemie jurée et du quarterback un peu bête mais attendrissant.
Dès qu’il apprend qu’il est issu d’une famille de chasseurs de sorcières, Harvey Kinkle, le petit ami de Sabrina, cherche à s’émanciper de son héritage. Rosalind Walker, la meilleure amie, est l’héritière d’une longue lignée de femmes noires aux pouvoirs de précognition, et le personnage de Susie Putnam est présenté, avec subtilité, comme non binaire (tout comme son interprète Lachlan Watson) – il décidera plus tard d’adopter le nom de Théo.
Même si la temporalité de la série reste floue (aucun smartphone en vue), les thématiques abordées dès le départ sont extrêmement contemporaines : le féminisme, l’inclusivité, la représentation. Et ce qui frappe, c’est la maturité précoce de personnages adolescents qui usent de leur intelligence pour remettre en question l’ordre établi et défendre l’idéal d’une société meilleure. C’est un peu la définition de la Gen Z, non ?