Quelques marques de luxe ont fait appel à des consultant.e.s queers, pour du conseil, de la validation de moodboards, le cast et les slogans utilisés pour leur campagne de pride, créant ainsi des opportunités d’être rémunérés pour des jobs qui n’impliquent pas la vente de son image, et sans sortir du placard publiquement.
Je ne suis pas personnellement fan des campagnes où les queers ne sont que devant la caméra et pas derrière, car on tombe trop souvent sur des clichés d’un cis-hétéro gaze (cliché de perception des personnes hétéros et cisgenres) avec des slogans simples du genre #BeProud. Je veux voir des publicités faites par et pour des queers et leur allié.e.s.
Je m’adresse à ma communauté ici, ce n’est ni une tribune, ni un reproche mais je lui demande d’arrêter de shade (terme venant de la culture ball) les personnes qui acceptent les deals avec les marques et qui jouent le jeu marketing durant ce Mois des fiertés. En rappelant à tous.tes la précarité de l’emploi des personnes queers, trop souvent en free-lance et vivant paycheck to paycheck le reste de l’année.
Petit rappel chiffré : les hommes gays ont deux fois plus de chances d’être au chômage que les hommes hétéros selon une étude publiée en 2009 par Thierry Laurent et Ferhat Mihoubi. Je vous laisse imaginer la situation pour le reste de la communauté et surtout pour les personnes trans qui sont les plus touchées par le travail du sexe.
“Je ne suis pas une créature de la nuit, je veux vivre le jour”, m’a dit une amie chère à mon cœur en rentrant de soirée.
En somme, il faut que les droits des personnes queers au travail mais aussi en dehors soient mis en avant toute l’année et pas seulement un mois sur douze, je veux voir des postes de créatif.ve.s, d’editors, et même des responsables pour mes frères, sœurs et cousines, mais surtout, je veux vivre à la lumière du jour derrière le fantasme de visibilité instagramable qu’on me vend à chaque campagne.
Si les marques souhaitent faire preuve de bonne foi, la liste d’associations auxquelles verser une petite partie de leurs gains est longue : Acceptess-T, SOS Homophobie, Act Up ou Le FLIRT. Soutenir les personnes LGBTQIA+, c’est aussi leur laisser une chance de s’insérer dans les milieux dans lesquels iels souhaitent évoluer et faire en sorte que leurs droits soient respectés. Vivre le jour, ça commence par avoir un travail pérenne, un logement stable et surtout être reconnu.e pour ses capacités intellectuelles et pas seulement pour la représentation marketable. Vivons heureux.ses, vivons caché.e.s, c’est du pipeau : je veux vivre sans avoir à me cacher et sans jamais avoir peur.