Des personnages marquants…
La créature de la romancière Mary Shelley, imaginée en 1818, a inspiré les premiers films fantastiques, qui remontent à la fin du XIXe siècle. Comme l’explique l’ouvrage L’Art des films d’horreur (Éditions Gründ) de Stephen Jones, chaque décennie a sa particularité. Ainsi, les années 80 ont voué un culte tout particulier “aux psychopathes armés de longs couteaux poursuivant des ados sans parents et détraqués sexuellement” tandis que les années 2000 ont vu “la montée en puissance du film d’horreur déguisé en documentaire, souvent sous la forme de found footage”, façon Le Projet Blair Witch. Des poupées possédées par des esprits malfaisants aux zombies, ce cinéma fascine par son caractère subversif et l’adrénaline qu’il procure. Insoutenable pour certains, cathartique pour d’autres, il permet de vivre des sensations fortes et de se sentir brièvement en danger sur une période donnée, choisie, et limitée dans le temps et l’intensité, selon Taous Merakchi.
“L’horreur traite aussi de tous les thèmes les plus tabous, des pulsions interdites, de tout ce qu’on ne doit pas faire, pas voir, pas vivre, et ça nous permet d’ouvrir une fenêtre sur un autre possible, sur des comportements extrêmes et des pulsions auxquelles on pense mais sur lesquelles on n’agit pas, explique-t-elle. La sensation de peur est grisante quand on l’aime, elle accélère le pouls, elle fait se sentir vivant, elle énergise, et certains la trouvent même aphrodisiaque dans le bon contexte – on connaît tous le cliché du premier date devant un film d’horreur pour encourager la proximité.”
Et qui de mieux pour incarner l’horreur absolue que des protagonistes immédiatement identifiables, à la manière de Ghostface du film Scream (1996) ou de Chucky dans Jeu d’enfant (1988), dont les silhouettes ont marqué les esprits d’une manière indélébile. Ces personnages, on les retrouve dans le travail du photographe Indiana Piorek (@Indiana420bitch sur Instagram), fasciné par l’univers des films d’horreur. Ses modèles, qui posent souvent en petite tenue, reprennent les codes des “bimbos” des années 2000, et sont parfois accompagnés des grandes figures de la pop culture horrifique. Un mélange sexy et sombre qui fascine par son imagerie populaire, trash et non conventionnelle. “Les grandes figures de l’horreur sont des figures de mode”, poursuit Taous Merakchi. “Elles ont une esthétique reconnaissable entre mille, même quand on n’a pas lu ou vu l’œuvre dont elles sont tirées. Et il y a un tel travail qui est fait dans le domaine pour rendre les monstres mémorables et terrifiants que leur apparence est réfléchie avec la même intensité que la pièce maîtresse d’une nouvelle collection. Freddy Krueger ne serait pas Freddy Krueger sans son pull rayé, son chapeau et son gant aux lames de rasoir. Chucky ne serait pas aussi reconnaissable sans sa salopette et ses cheveux roux. Pinhead n’aurait pas le même impact sans ses clous dans le visage et sa tenue en latex.”