Le ventre plat : un diktat contemporain
Du corset qui compressait et écrasait le ventre dès le XVIe siècle aux tailles basses et aux régimes des années 2000, la contrainte du ventre plat s’est renforcée, et surtout au XXe siècle. Comme l’explique Emma McClendon, professeure associée au Fashion Institute of Technology de New York, des années 1930 aux années 60, les femmes montraient leur ventre uniquement pendant le sport ou les loisirs et camouflaient le nombril, symbole de sexualité.
Dans les années 70, Cher dévoile son belly à la télévision et emmène le diktat du ventre plat à un autre level : les filles qui révèlent leur ventre doivent désormais afficher – en plus d’un stomach sans bourrelet – des abdos saillants. Cette nouvelle liberté de montrer cette partie du corps longtemps dissimulée s’accompagne aussitôt d’une nouvelle injonction, lourde de conséquences, au fit body.
Et l’interprète de “Believe” étant un symbole féministe, les diktats qu’elle a enclenchés ont persisté jusqu’aujourd’hui. Le ventre acceptable est un ventre sans forme, aussi droit qu’une règle – à se demander où l’on dissimule ses organes. Pour l’obtenir, le Pilates, le green juice et le jeûne intermittent – hello #thatgirl ! – doivent devenir ta religion.
Récemment, la chanteuse Camila Cabello s’est plainte de cet impératif sociétal sur Instagram. Elle est allée à la plage et, se sachant entourée de paparazzis, elle raconte qu’elle s’est obligée tout l’après-midi à rentrer son belly, jusqu’à se faire mal aux abdos. Un diktat éreintant pour la pop star : “Intellectuellement, je sais que mon apparence ne détermine pas si je suis en bonne santé, heureuse ou sexy. Émotionnellement, ce que demande ce monde me fait mal au crâne.”