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POP & PSY : Les maux des réseaux

Si on n’a jamais autant entendu parler de “santé mentale”, les nouveaux mots et pathologies fusent également. Rencontre avec Jean-Victor Blanc du festival Pop & Psy, qui débunke ces mythes et ces maux 2.0.

Est-ce que tu t’es déjà autodiagnostiqué.e sur Doctissimo, Reddit ou TikTok ? T’es-tu découvert des pathologies rares en traînant sur un forum ou un feed ? Jean-Victor Blanc, médecin psychiatre et créateur du festival Pop & Psy, a rencontré NYLON pour débunker une terminologie virale et souvent mal comprise.

Le festival, qui croise compréhension de la santé mentale et représentations pop culture, tient à cœur à NYLON, qui sera partenaire de la prochaine édition en octobre. Au programme de cette collaboration, deux prises de parole autour de thèmes chers à la rédaction : le consentement et la sobriété.

Et avant ça, roundup des notions liées à la santé mentale les plus utilisées en ligne, dont Jean-Victor Blanc donne la définition psychiatrique.

L’hystérie, c’est quoi ?

Appelé trouble de la personnalité hystérique, il touche quelqu’un dont le seul mode d’interaction sera celui de la séduction et qui va finalement souffrir d’être toujours sur ce mode de relation, avec beaucoup d’insécurité relationnelle vis-à-vis de l’autre.

L’hystérie n’a rien à voir avec le fait d’être une femme, stricto sensu ; on peut être un homme et avoir un trouble de la personnalité hystérique, ça n’a rien à voir avec le fait d’enfreindre certaines normes, ni avec le fait d’être trop guidé.e par ses émotions.

Ça veut dire quoi HPI ?

HPI signifie haut potentiel intellectuel, c’est quelqu’un qui va se caractériser par un haut fonctionnement cérébral, c’est-à-dire avec une grande vitesse de traitement de l’information, une aisance avec le langage et la communication. C’est une caractéristique d’un individu qui se trouve au-delà d’une certaine norme. Ça veut dire que la majorité de la population se situe dans une certaine fourchette de chiffres, et ces personnes vont être au-dessus.

Un HPI, ce n’est pas un superpouvoir. Ce n’est pas non plus strictement associé à une pathologie. Les études montrent que les personnes HPI, statistiquement, s’en sortent mieux que les autres dans notre société. Ceci dit, il est possible de cumuler un HPI et un autre trouble ; dans ces cas-là, ça peut être plus compliqué à vivre.

 

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C’est quoi être neuroatypique ?

Être neuroatypique, c’est un ressenti, ça correspond à un fonctionnement cérébral qui ne serait pas orthodoxe, qui ne serait pas comme celui de tout le monde. Ce n’est pas un diagnostic médical, c’est vraiment un ressenti.

Cette notion est souvent confondue avec ce qu’on appelle les troubles du neurodéveloppement, qui recouvrent les troubles du spectre de l’autisme, le TDAH, donc le trouble hyperactif avec déficit attentionnel, qui sont des troubles psychiques qui peuvent engendrer une souffrance, un handicap, pour lequel il existe des solutions.

Qu’est-ce que le trouble bipolaire ?

Le trouble bipolaire, c’est une maladie qui va être caractérisée par des phases d’excitation, appelées maniaques, pendant lesquelles on connaît un surplus d’énergie, on n’a plus besoin de dormir, on fait plein de projets, ce qui peut être plaisant mais en même temps peut provoquer beaucoup de conséquences très négatives ; on va avoir des conduites à risques, on peut prendre plus de substances, on va vraiment être comme si on avait beaucoup trop d’énergie. Et puis il y a également des phases de dépression. Là, on n’a plus envie de rien faire, on a les larmes aux yeux tout le temps, on se sent vide, fatigué, sans énergie.

Le trouble bipolaire, c’est une alternance de phases d’excitation et de phases de dépression. Heureusement, on peut aussi être à l’équilibre grâce à une prise en charge, un suivi, voire un traitement. Donc le trouble bipolaire n’a rien à voir avec le fait d’être lunatique ou d’avoir deux ou trois personnalités.

Quelle est la signification d’hypersensibilité ? 

L’hypersensibilité n’est pas un diagnostic médical, c’est plutôt un ressenti pour certaines personnes dont le moral peut par exemple facilement varier, ou qui vont avoir ce qu’on appelle une hypersensorialité, c’est-à-dire qui vont ressentir plus fort les bruits, certaines émotions, certains indices de leur environnement.

Être hypersensible, ce n’est pas du tout être faible ou fragile, c’est vraiment quelqu’un qui va plus ressentir certaines choses – mais ce n’est pas une maladie.

Les pervers narcissiques, ça existe ?

Pervers narcissique, c’est vraiment le terme qui est détesté en psychiatrie. Pervers narcissique, ce n’est pas un diagnostic psychiatrique, ça ne correspond à aucune pathologie. C’est un concept qui est d’ailleurs assez français, il n’y a pas vraiment de traduction à l’international. On pourrait le rapprocher de ce qu’on appelle le trouble de la personnalité narcissique, les personnes qui vont compenser une baisse d’estime, une insécurité, avec des traits narcissiques ; donc globalement un peu de mégalomanie, penser qu’elles sont meilleures que les autres, avoir besoin parfois d’écraser, de se servir des autres. Ça, c’est vraiment un trouble mais ça correspond assez mal à ce qu’on appelle le pervers narcissique.

Après, il y a des comportements qui peuvent être déplacés, qui peuvent être orduriers, qui peuvent être manipulateurs sans forcément qu’on ait besoin de poser un diagnostic. Il faut accepter le fait qu’il y a des comportements qui ne sont pas du tout sympathiques mais qui ne correspondent pas à une notion psychiatrique.

La personnalité borderline, c’est quoi ?

La personnalité borderline, c’est une personnalité qui va avoir une grande réactivité émotionnelle, c’est-à-dire qui va passer par des états de colère, de joie ou de tristesse extrêmement intenses. C’est une personnalité dans laquelle on va retrouver beaucoup d’attaques sur soi, beaucoup de tentatives de suicide, de scarifications. Ce qui caractérise le trouble borderline, c’est une insécurité émotionnelle, avec également une grande peur abandonnique.

Borderline, ce n’est pas pour parler d’un comportement un peu limite, qui n’est pas dans les usages – ça n’a rien à voir avec ça.

Et la personnalité antisociale ?

Le trouble de la personnalité antisociale, c’est également ce qu’on appelle le trouble de la personnalité psychopathique. Globalement, c’est une personne qui va être dans la manipulation des autres, avec aucune empathie, aucune capacité à ressentir les émotions d’autrui ni les dommages qu’elle va causer chez l’autre.

Peux-tu expliquer la paranoïa ?

On parle plutôt de persécution en psychiatrie, c’est-à-dire les croyances délirantes qu’on nous veut du mal, par exemple penser que c’est fait exprès si c’est la grève quand on doit aller travailler. Ça va être dirigé vers un élément de l’environnement, directement sur soi et plutôt dans un sens péjoratif.

C’est quoi une attaque de panique ?

Il s’agit d’une crise d’angoisse aiguë. Ce sont des moments très courts durant lesquels on va se sentir vraiment mal, avec beaucoup de symptômes physiques, le cœur qui s’emballe, des douleurs au ventre, des difficultés à respirer… Ce qui peut être très angoissant ! Plus la personne angoisse et plus elle ressent les symptômes physiques, plus le cœur va s’emballer, plus elle va ressentir de symptômes. Un cercle qui peut être assez vicieux !

Ce qu’il faut savoir, c’est que lorsqu’on fait une attaque de panique, on ne peut pas en mourir. Or, c’est souvent cette idée qui va prédominer et qui va faire qu’on panique.

Et le terme “fou” ?

On n’utilise jamais le terme fou en psychiatrie, qui ne correspond pas à grand-chose. On va parler d’idées délirantes pour quelqu’un qui a des constructions délirantes ou des hallucinations, on va parler de dépression pour quelqu’un qui est persuadé qu’il a raté sa vie, qui n’a plus d’énergie, qui dort mal…

 

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Et “normal” alors ?

Ce terme n’est pas très apprécié non plus en psychiatrie. Que ce soit pour la schizophrénie, la bipolarité ou la dépression, un des critères qui doit être présent, c’est la souffrance pour la personne dans sa vie personnelle, professionnelle, amicale ou sociale. Il y a un trouble psychique à partir du moment où la personne souffre de ces symptômes et n’arrive pas à faire autrement.

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