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Poésie politique et confort : ce qu’il faut retenir de la Fashion Week masculine

Des textures, des slogans, de la prose et des nounours : les collections homme automne-hiver 2023 laissent entrevoir une envie d’échapper à une réalité trop crue.

First things first : Il est important de noter le manque de diversité corporelle dans les défilés à Paris de cette saison de mode masculine. Sur l’ensemble des défilés, les deux seuls créateurs qui ont présenté des looks plus-size étaient Louis-Gabriel Nouchi et Doublet. La diversité des corps n’est pas encore prise au sérieux dans la mode masculine, alors que le rythme s’accélère (lentement, important de le noter aussi) dans la mode féminine. Même sur les défilés qui présentaient des vêtements à la fois pour hommes et pour femmes, il y avait des filles plus-size sur les podiums de Marine Serre et Bianca Saunders, mais aucun garçon. Quatre looks hors des normes de l’industrie pour toute une semaine, on ne peut pas appeler ça un progrès et c’est très triste de voir que la mode en est encore là. Bravo aux créateur.rice.s qui l’ont fait, mais il est grand temps que le reste de l’industrie accélère le rythme et asap. Les bigger boys méritent d’être célébrés et inclus aussi.

 

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Childhood rêverie

L’un des mots-clés des tendances de cette saison de mode masculine, c’est confort. On avait déjà vu à quel point les collections étaient cosy à Milan et à Paris, ce n’était pas différent. Dans ce monde tout cosy, il y avait une sorte de nostalgie rêveuse de l’enfance. 

Chez EgonLab, le défilé s’est ouvert sur une référence claire qui a emmené tous.tes les fashion peeps dans un voyage à Poudlard avec une écharpe Gryffondor portée sur un blazer aux manches oversize et un short de motard en cuir. Un pull cropped en forme d’ours en peluche rose – les nounours étaient aussi sur les sweatshirts d’Amiri – et les fabuleux manteaux à pompon qui ont clôturé le défilé ont donné un ton childish à la collection. 

Chez Doublet, c’était un peu plus dark, en jouant sur des souvenirs un peu flippants et sur la façon dont la réalité est parfois déformée. Le spectacle s’est ouvert sur un défilé de danseurs de voguing vêtus de costumes d’animaux sur une musique heavy metal, puis la collection a démarré sur un costume de lapin rose et des petites bêtes fluffy comme accessoires. Les imprimés et masques étaient portés avec des pulls à manches XXL et des nœuds dans les cheveux qui donnaient cette sensation d’être un kid perdu.e dans un parc d’attractions en hiver, un trip à la fois cool et flippant, comme dans la vraie vie.

Chez Loewe, Jonathan Anderson l’a jouée ultra-cozy. Toute la collection ressemblait à un dimanche de glande totale à la maison : comfy, innocent, familial mais avec un peu de fantaisie et des ailes d’ange. La collection semblait aussi acter un retour à un minimalisme axé sur l’artisanat et l’expérimentation, les pièces étaient souvent présentées seules, juste avec des sous-vêtements, des pantalons de pyjama et des bottes – soit exactement comment je kiffe mes dimanches. 

Chez Kiko Kostadinov, les choses semblaient également innocentes mais avec une perspective un peu plus fun et extravertie. La collection combinait des pièces fonctionnelles avec des classiques de la couture, mélangeant les textures et les couleurs avec majesté, tandis que les mannequins portaient des moustaches et des sourcils dessinés, personnifiant cette imagination enfantine qui cherche l’aventure, un sentiment que l’on retrouve aussi chez Maison Mihara Yasuhiro qui a présenté une collection pleine de tricots XXL, de manteaux et de sacs qui te feront te sentir à nouveau comme un.e enfant.e, paré.e pour ton défilé au centre commercial.

Sharing is caring : les collabs sont partout !

OK, les collaborations ne sont pas nouvelles dans la mode mais cette saison, va falloir suivre ! Par exemple, l’hiver prochain, Junya Watanabe partage tout ! Entre les collections Junya Watanabe Man et eYe – toutes deux présentées au même salon –, il y avait au total 20 collaborations qui remixaient les codes de la marque invitée avec les archives Watanabe. Parmi les collabs ? New Balance, Palace, Champion, Timberland et Levi’s. Fais ton choix !

Chez Sacai, Chitose Abe a également misé sur une collab inattendue avec l’emblématique marque américaine de workwear Carhartt pour une collection qui a remixé les silhouettes et les matériaux des vêtements d’hiver classiques pour en faire des pièces complètement inattendues. Rei Kawakubo chez Comme des Garçons Homme Plus a également présenté, au sein de la ligne Comme des Garçons SHIRT, une nouvelle collaboration avec Lacoste qui joue sur le logo crocodile iconique de la marque française ainsi que sur les nouveaux modèles de leur collaboration avec Asics. Qu’est-ce qui est mieux qu’une pièce de mode de designer ? Une pièce de mode de deux – ou plus – designers !

 

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La mode, une pure poésie

Si l’atmosphère générale de cette saison était rêveuse, certain.e.s créateur.rice.s ont fait plus qu’essayer d’échapper à la réalité, iels l’ont tout simplement romancée avec de la poésie. La vie est dure mais elle est aussi belle. Emily Adams Bode, qui faisait ses débuts à la Fashion Week de Paris avec sa marque primée Bode, l’a bien compris. Le magnifique défilé organisé au théâtre du Châtelet s’est ouvert avec le papa de la créatrice qui a pris le micro pour expliquer les inspirations de la collection. La créatrice a perdu récemment une personne très proche dans sa famille et le spectacle était une célébration de sa vie, à la fois onirique, nostalgique et maximaliste.

Chez Yohji Yamamoto, les choses sont toujours poétiques, mais cette saison, le créateur japonais, connu pour ses collections iconiques tout en noir, a joué un peu avec la couleur et les motifs pour passer un nouveau cap dans la beauté. Chez Dior, Kim Jones a fait référence aux années Yves Saint-Laurent de la maison avec une collection qui combinait des bleus clairs, le gris iconique de Dior et des couleurs pastel avec des silhouettes romantiques et des broderies qui rappelaient les grandes années de couture et le génie de Christian Dior et Yves Saint-Laurent. Oh so chic !

La vision de Bianca Saunders pour l’hiver prochain contrastait avec le froid qui régnait dehors. Cette fois, la créatrice britannique nous a emmené.e.s aux Caraïbes, plus précisément en Jamaïque dans une collection qui célébrait les racines de la créatrice et l’histoire de sa famille. Avec une confection lâche et des imprimés en trompe-l’œil, elle a trouvé la touche artistique parfaite qui mélangeait le minimalisme bien connu de Saunders et l’art jamaïcain, rempli de feel good vibes, sans suranalyser le truc. 

Grace Wales Bonner, une autre créatrice britannique venue exposer à Paris cette saison, s’est, elle, inspirée de la Ville-Lumière et de ses supports artistiques pour sa collection. Chez Louis Vuitton, le designer invité Colm Dillane – aka le créateur de l’une des marques les plus en vogue de la Semaine de la mode parisienne, KidSuper – a rendu hommage à Virgil Abloh avec une vibe positive. Tout en piochant dans les archives de la mode, la collection n’a pas oublié l’univers multicolore de Colm pour un mélange de passé, de futur et de cultures qui s’entrechoquent – un parfait hommage à l’héritage d’Abloh.

#textureporn

L’autre mot-clé de cette saison, c’est TEXTURE ! Les créateur.rice.s ont joué avec plein de tissus et matériaux avec une imagination variable. Il y avait du denim vieilli, du cuir, de la laine, du mohair, des tricots… Une variété incroyable ! Dans un esprit plus minimaliste-chic, Anthony Vaccarello chez Saint Laurent a présenté une collection qui revenait aux racines du vestiaire, mais non sans une touche d’originalité en mélangeant le cuir, la laine et le mohair dans une garde-robe extrêmement élégante qui transcendait les genres. 

Rick Owens a également tout misé sur le mélange des textures, donnant à la collection un effet multidimensionnel et à nous envie de poser la main sur tout ! Chez Walter Van Beirendonck, c’était plus rugueux mais toujours fun. En mélangeant le latex, le cuir, la maille ornée de cristaux et le spandex avec des matériaux inattendus comme le papier bulle et le plastique gonflable, le créateur a donné une touche BDSM amusante et sexy aux imprimés et aux couleurs vives dans une collection carrément ovni. Chez Bluemarble, Acne Studios, Dries Van Noten et Taakk, les imprimés, les couleurs et les textures ont pris une tournure plus surréaliste avec des effets 3D qui hypnotiseront tous les gens qui oseront te mater dans le métro.

 

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@dior Escape into the poetic universe of #DiorWinter23 ♬ son original – Dior

Un basique qui ne l’est pas

Next winter, tu ressors les essentiels pour des looks sans faute. Comme l’a confié Alexandre Mattiussi au micro de NYLON, le but de sa collection “Le Prélude” était de “remettre le vêtement au centre du propos, […] être dans quelque chose de plus authentique, plus vrai, plus sincère”. Le créateur a ainsi présenté sa garde-robe idéale composée de trenchs, costumes, quelques pièces à paillettes et de nombreux basiques aux coupes sublimes et au confort certain.

Kim Jones chez Dior laisse tomber les imprimés cette saison pour des pièces unies, de la cape aux pulls en passant par des jupes pour homme tout en simplicité ; Kolor ne présente pas non plus énormément de motifs sur ses pièces mais favorise le layering de matières et couleurs.

Hermès a fait craquer la rédaction de NYLON avec ses vestes – notamment celles en cuir aux coupes tout simplement parfaites. Saint Laurent propose une collection majoritairement noire, comme un hommage aux origines et au chic intemporel de la marque. Enfin, Lemaire, aux essentiels iconiques, se distingue grâce à des manteaux qui créent à eux seuls toute une silhouette.

La mode comme étendard politique

Cette Fashion Week a aussi été le terrain idéal pour les créateur.rice.s afin d’exprimer leurs idées et leurs visions politiques de la mode. Avant-gardiste avec ses créations durables, Marine Serre a marqué le coup avec un set comprenant trois immenses tours de vêtements abandonnés et compressés “faisant écho à notre propre destruction absurde de cette planète”. Un défilé comprenant des pièces faites à partir de tote bags et ouvert à un public réactif sur la billetterie en ligne ouverte quelques jours avant le défilé. “Prenez du recul et regardez l’ensemble du tableau. Car tout comme nous pouvons imaginer les tragédies présentes et futures, nous pouvons aussi envisager des raisons d’optimisme”, a conclu la marque qui montre une volonté constante de trouver des solutions plus pérennes pour l’avenir.

Chez KidSuper, label de Colm Dillane – qui a imaginé la dernière collection menswear de Louis Vuitton –, le défilé se transforme en comedy show hosté par the one and only Tyra Banks. Du scandale Balenciaga à Alexander Wang accusé de violences sexuelles en passant par les propos antisémites de Kanye West, les humoristes – Fary, Yvonne Orji (aka Molly dans Insecure) ou Andrew Schulz – se sont lâché.e.s face à une foule hilare.

Chez Botter, Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh ont présenté une collection mettant en avant leurs origines caribéennes et sa vague d’artistes “portant le poids de l’histoire et de la culture”. Chez Louis Gabriel Nouchi, seul show avec des modèles plus-size, l’acteur porno Sharok, qui défilait, a brandi une pancarte contre les exécutions en Iran. Quant à Jeanne Friot, la créatrice a présenté une collection rouge inspirée par les Red Warriors, une bande de redskins antifascistes descendus dans la rue pour protéger les immigrés et personnes LGBTQIA+, mais aussi par Vivienne Westwood, le roman de Les Guérillères de Monique Wittig ou encore l’écrivaine féministe Virginie Despentes.

 

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Techwear coquet.te

En 2023, les pièces techwear se mélangent à la trend TikTok coquette ! La griffe reine de cette trend n’est autre que Kiko Kostadinov. Le label londonien propose dans cette collection hommes des bottes lacées aussi confortables que cute, mixées à des corsaires bouffants pour un look de D’Artagnan moderne.

Nigo chez Kenzo crée une robe tracksuit à associer en layering à un pantalon assorti alors que Matthew Williams chez Givenchy ou encore Homme Plissé Issey Miyake mettent en avant des set de jupes-pantalons ultra confortables. Rains mastérise cette tendance avec une cape doudoune, une jupe longue imperméable ou des gants longs type opéra aux matières techniques.

Enfin, Colm Dillane chez Louis Vuitton Homme te propose une cagoule en cuir à nouer pour un effet so chic, une doudoune sportswear imprimée à porter par-dessus un costume qui matche à la perfection ou encore un masque de ski avec un look de bureau.

Tu l’auras compris : cette année, on se fait coquet.te tout en gardant le confort et la technologie de pièces techwear !

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