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PANIC ATTACK: une journée dans la vie d’un.e anxieux.se

95 % des Français.es âgé.e.s de plus de 18 ans souffrent de troubles anxieux. Moi qui me pensais originale, c’est râpé. Mais au fait, qu’est-ce que l’anxiété ? Est-ce différent de l’angoisse ? Et comment se déroule la journée d’une personne anxieuse ? Je te dis tout.

J’ai décidé de commencer par le début – c’est quand même toujours le mieux – et définir ce dont je vais te parler aujourd’hui. L’anxiété est un sentiment latent, qui s’ancre dans l’appréhension des événements futurs. Spoiler alert, ce sont toujours des projections négatives. Pour chaque nouvelle situation, ton cerveau imagine un élément imprévu qui viendra confirmer ton désarroi. L’angoisse, elle, est passagère mais vécue comme plus intense. Ce sont des pics qui, dans le pire des cas, peuvent finir en crise. Ceci étant dit, ne t’inquiète pas. A chaque problème sa solution, et s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. C’est ma mère qui est psy qui me l’a dit. 

8 h. Mon alarme sonne, mais souvent, je suis déjà réveillée par mon anxiété. Sympa. On a inventé l’iPhone pour se lever, ça suffit amplement. Lorsque c’est comme ça, mon premier réflexe de la journée est de foncer à ma fenêtre pour allumer une clope. Je la fume en deux longues barres et j’appuie sur le filtre. Si je pouvais la manger, je le ferais. J’ai une autre technique pour me détendre : chanter du Aya Nakamura très fort et danser. Celle-ci fonctionne matin, midi et soir. C’est plus rigolo que de hurler dans un coussin, et en plus, ça fait un peu d’exercice. Je file à la douche en lançant un café. La caféine, lorsque tu es anxieux.se, peut se révéler une mauvaise idée : plus qu’un coup de fouet, ça donne l’impression que ton cœur va sortir de ta poitrine. Dans ces cas-là, il ne faut pas hésiter à opter pour un petit jus d’orange pressé. 

Sur ces entrefaites, je choisis la tenue la plus fancy de mon dressing. Quelque chose de fluo. Ou bien avec des paillettes. Ou les deux, je n’ai jamais aimé choisir. Il faut que j’aie l’air fun quand on me regarde. Les fringues que je vais choisir sont en totale dichotomie avec ce que je ressens sur le moment. J’ai juste envie de rester dans mon lit, en pyjama craspouille. Mais puisque mon âme est sur Terre, j’enfile une culotte propre. Jusqu’à il y a quelque temps, j’arrivais à vivre mes matins plus sereinement. Maintenant que j’ai (un petit peu) grandi et que j’appréhende ma vie sous le prisme d’enjeux plus sérieux – de type la réussir –, je me fais la liste de tout ce que je dois faire dans la journée. Et tant que je n’ai pas commencé à m’affairer, je stresse. Bizarrement, m’atteler à la tâche me détend. Je suis beaucoup plus stressée un dimanche de congé qu’un lundi de burn-out ! Dans mon esprit, pas de place pour le vide.

 

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10 h. Je me mets à bosser. Le travail est l’un des piliers de mon anxiété. Lorsque j’étais étudiante, c’était l’école. Sans vouloir me lancer des fleurs (en plastique, ce sont mes préférées), je suis la meuf avec qui tu as envie d’être copain.e. Je suis marrante, mon apparence physique fait penser à un sapin de Noël estival et je n’ai pas peur de porter des énormes boucles d’oreilles en forme de porte-clé dauphin vert fluo. Bref, j’ai l’air cool, détendue. Quand je suis en forme, tu ne pourrais jamais te douter que mon moi intérieur est gris, noir, anthracite. J’ai peur, tout le temps. D’être nulle, d’être bête, de “rater”. Aussi loin que je me souvienne, j’ai à peu près toujours ressenti ça. 

Et bizarrement, le fait d’avoir mes petites victoires à certains moments n’a jamais calmé ces peurs irrationnelles. Je ne profite pas du positif, l’anxiété prend toujours le dessus et me ramène vite au négatif supposé, puisqu’il n’existe pas. À ce moment-là, j’ai l’impression que bâtir ma vie toute seule, comme une grande, devenir vraiment adulte somme toute, m’est inaccessible. Je me sens comme un gros bébé qu’on aurait oublié sur le coin d’un trottoir d’une station-service. Parallèlement, j’adore dire à qui veut l’entendre que, du haut de mes 27 ans, j’ai toujours été mature de nature. Mon anxiété est faite de paradoxes. Un complexe qui oscille constamment entre supériorité et infériorité.

12h. Il a suffi d’un message que j’ai interprété à la sauce angoisse (bah oui, c’est presque l’heure de manger) pour provoquer l’emballement de mon rythme cardiaque. Pour les âmes sensibles comme la mienne, l’ère 2.0 dans laquelle nous vivons n’est pas de tout repos. L’idée qu’il faille travailler, avoir des idées, répondre aux mails, aux appels, aux groupes WhatsApp toujours plus nombreux qui sonnent du lundi matin au dimanche soir peut rapidement me submerger façon tsunami. Et je ne parle même pas de la vie soi-disant parfaite que tout le monde s’efforce de montrer sur Insta et l’envie de comparaison que cela peut susciter. Ce serait le sujet d’une chronique entière. J’ai l’impression de me noyer. Dans ces moments-là, toutes ces petites angoisses se réunissent pour n’en former qu’une énorme. Résultat : je suis paralysée par la peur. 

Et cette impression de ne rien pouvoir faire vient confirmer la certitude que je n’y arriverai pas. Je suis une incapable, nulle, et bien évidemment, je vais la rater, cette vie. On part alors pour un looping, une boucle sans fin. Je commence par prendre un par un tous mes (supposés) échecs passés histoire de me prouver ma nullité. Une fois que c’est fait, je passe aux échéances à venir. Forcément, je ne vais pas y arriver. Cela peut durer très longtemps. Je suis très créative, je crée de nouveaux problèmes tous les jours. Avec du recul, je pense qu’il est plus simple de se prouver par A + B qu’on est naze plutôt que de sortir de sa zone de confort et d’essayer. C’est un mécanisme de protection qui en réalité ne protège de rien du tout à part de la sérénité. 

Dans ces moments-là, je ne suis plus moi-même. D’un naturel très bavard, je me retrouve complètement perdue dans mes pensées. Pas la peine d’essayer d’avoir une conversation avec moi, je ne te répondrais que par onomatopées. Pour enrayer la situation, je décide d’aller faire un tour. Marcher aère l’esprit. En tout cas, il faut quitter les lieux où l’angoisse est apparue. Je lui coupe l’herbe sous le pied en changeant de décor. 

14h. Je dois me mettre devant mon ordinateur pour rédiger ma chronique sur l’anxiété. Quelle angoisse ! Qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter ? D’un coup, mon cerveau se vide et tous mes neurones partent en pause dej en même temps. C’est quand même marrant que, soudainement, je ne sache plus quoi dire sur le sentiment qui m’accompagne la plupart du temps. Il va bien falloir commencer à se pencher sur le pourquoi du comment de cette affaire qui me mène la vie dure. J’ai un père brillant, extraordinaire, “un cerf dans la forêt” comme le décrit ma mère. Tout ce qu’il touche se transforme en or. Avec lui, tout est facile, évident. Et tout le monde est bête à manger ses pieds. Lorsque, en CM1, je n’arrivais pas à terminer mes devoirs de maths, mon père, pas déconstruit pour un sou, m’annonçait avec une mine déconfite que j’allais malheureusement “finir caissière”. 

Pendant ce temps-là, il vendait des millions d’albums et révolutionnait le monde de la bande dessinée. Il faut dire que je n’étais pas très bien partie. Je n’ai plus eu la moyenne générale à partir de la classe de quatrième, préférant l’école buissonnière aux cours de grec ancien et me sentant, de toutes les façons, pas du tout en adéquation avec mes congénères. J’étais mieux qu’elleux. Sur tous les points. Plus cultivée, plus curieuse. Et pourtant, j’étais aussi fichtrement moins bien. Je ne comprenais pas pourquoi je ne parvenais pas à en être. On sous-estime souvent à quel point ce moment est charnière dans la vie d’un.e petit.e humain.e. Ce qu’on nous dit entre dans notre tête pour évoluer avec le jeune adulte, puis l’adulte en devenir. Si, déjà, à cet âge, il peut t’arriver de te sentir anxieux.se, parles-en autour de toi et n’aie pas peur de demander à voir un.e professionnel.le si tu en ressens le besoin. C’est la classe de prendre par les cornes le taureau qui te crée des soucis. 

 

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16h. La journée est bientôt finie. Je n’arrive pas à savoir si cette nouvelle me fait plaisir. Je suis toujours moins anxieuse lorsque je suis active, alors l’idée d’une soirée Netflix, à moins que je sois vraiment épuisée et que je n’arrive pas à réfléchir, peut créer en moi l’effet tout à fait opposé au chill escompté. Je me suis rendu compte, notamment grâce à ma thérapeute, que j’avais un rapport au temps très particulier. Ce qui n’est pas étonnant lorsqu’on a en tête que l’anxiété, c’est principalement toujours imaginer qu’il va nous arriver le pire. Je pense à ce que j’ai dit dans telle ou telle situation il y a des mois, et aux conséquences que cela pourrait avoir dans le futur. 

Je pense à mes échéances de boulot, en me disant que je ne pourrai jamais y arriver. Et je pense à tout cela alors même que je suis tranquillement en train de lire un livre, ou que je n’encours aucun danger immédiat. Je pourrais simplement profiter du moment présent. Je prends une grande respiration, ce qui m’aide toujours lorsque l’angoisse est intense. Je me dis qu’à moins de me réveiller un jour avec des pouvoirs magiques, je ne pourrai jamais contrôler les choses qui vont m’arriver. Alors, au lieu de vouloir contrôler l’incontrôlable, il faut que j’apprenne à interpréter différemment les événements qui font la vie. C’est finalement la seule chose sur laquelle il est possible d’avoir un contrôle. Au début, c’est un peu délicat de sortir de ces carcans. Mais à force d’entraînement, parole d’anxieuse, cela finit par fonctionner. 

18h. J’ai fini le boulot, place au vide. Et le vide est souvent mon pire ennemi. C’est celui qui laisse de la place à l’anxiété. Alors que faire ? L’affronter ou la fuir ? Est-ce que je sors avec mes ami.e.s, ou est-ce que je reste à la maison ? Dans ces moments-là, il faut s’écouter. Il ne faut surtout pas se forcer à aller voir du monde si tu n’en es pas capable émotionnellement. Si tu décides de rester à la maison, mon petit tip, c’est souvent de faire un grand clean. Ranger l’environnement dans lequel tu vis, c’est comme ranger ton cerveau.

Il y a un autre super conseil que, longtemps, je n’ai pas voulu écouter parce que je fais partie du FC Flemmard.e.s (j’en suis même l’ambassadrice) : faire du sport. Déjà, je peux te dire que cracher ses poumons, ça occupe bien l’esprit sur le moment. Et puis, en libérant une série d’hormones et de neurotransmetteurs comme les endorphines, la dopamine ou la sérotonine, le sport produit des sensations de bien-être qui favorisent un état de relâchement. Si tu te sens plus à l’aise sur ton canapé, pas de soucis. De nombreux.ses créateur.rice.s de contenu parlent de leur combat contre l’anxiété d’une manière très positive sur les réseaux sociaux. Je pense notamment à Eliseboost sur TikTok. 

Il existe aussi plusieurs techniques pour gérer son stress : la visualisation, lart-thérapie, l’écriture ou la musique relaxante. Trouve celle qui te convient. Mais le meilleur conseil que je puisse te donner, c’est de débuter une thérapie si tu le peux. Le chemin est long, mais ça finit toujours par payer. Enfin, sache que tu n’es pas seul.e. N’hésite jamais à parler à quelqu’un de confiance, à un.e ami.e, ou à ta famille si tu en ressens le besoin. Verbaliser ton ressenti t’en déchargera et t’aidera toujours à y voir plus clair.

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