Personnellement, ce que j’ai apprécié, c’est que tu te moques de tes failles, de tes insécurités plutôt que de te moquer des autres… C’est volontaire ?
Oui je pense que c’est volontaire. J’aime bien monter sur scène avec des trucs dont je n’ai pas envie de parler. Dans la vie, les proches me le disent souvent : “Que t’ailles bien ou mal, tu as toujours la même tête, tu dis tout le temps les mêmes trucs et les mêmes blagues.” Le spectacle m’a aidé à me comprendre. Je trouve que c’est plus simple de parler de choses qui font peur sur scène que dans la vie. D’ailleurs, je me sers de la scène pour essayer d’exprimer les choses qui sont dans mon angle mort. C’est mon intimité. Ce qu’il y a à l’intérieur, ce que j’ai du mal à comprendre, je le dissèque sur scène avec les gens devant moi. Comme si j’avais un pistolet sur la tempe : il faut faire rire les gens. Ils veulent une bonne histoire donc je plonge à l’intérieur et je n’ai pas le droit de mentir. C’est assez challengeant et stimulant.
D’ailleurs, comment on crée un spectacle d’humour ? Quel est le processus ?
Pour monter un spectacle, tu es obligé de passer par les comedy clubs pendant un temps. Parce qu’il faut être à l’aise sur scène. C’est la première étape et c’est dur. En plus, j’avais vraiment une tête à claques depuis mon passage à la télé, et sur scène, c’était compliqué. Après cette étape, il faut comprendre ce dont tu as envie de parler. À mon avis, ce qui différencie les bons stand-uppers des autres, c’est leur capacité à se rapprocher du cerveau des gens. Si tu montes sur scène, c’est que tu penses que ce que tu vas dire est marrant. Je pense d’ailleurs que tout le monde est marrant. Ce qui est dur, c’est de faire comprendre aux autres ce qui est marrant dans ce que tu racontes. Et c’est pour ça qu’un bon humoriste, quand il est sur scène, tu te dis “Putain j’ai toujours pensé ça”, parce que tu es dans sa tête à cet instant.
Et techniquement, comment fais-tu pour l’écrire ? Tu t’enfermes chez toi ?
Dans le stand-up, t’es un peu obligé d’écrire pendant que tu montes sur scène. En fait, tu écris avec les gens. C’est un dialogue, le stand-up. Je parle, vous rigolez. C’est dur d’écrire un dialogue quand t’es tout seul. En ce moment, j’écris un petit truc, à 19 h je monte sur scène et je teste. Je fais ça quasiment tous les soirs avant mon spectacle. Je rode de nouveaux passages, je tente de nouvelles transitions et ça, c’est quelque chose que tu fais en comedy club.