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Musique

Ibeyi : Blood Sisters

Quatre ans après leur second album Ash, sur lequel on retrouvait notamment Kamasi Washington et Chilly Gonzales, les jumelles franco-cubaines préparent leur grand retour.

Photographe : Manuel Obadia-Wills
Styliste : Lisa Jarvis

Depuis une petite dizaine d’années, Naomi et Lisa-Kaindé Díaz avancent main dans la main sous le nom d’Ibeyi : un mot qui signifie “jumelles” en yoruba, une langue nigéro-congolaise arrivée à Cuba par le biais des descendants d’esclaves africains. Sous ce nom, les sœurs proposent une musique ensorcelante, marquée par l’héritage de leurs ancêtres et l’éclectisme de leurs influences. Filles de la Franco-Vénézuélienne Maya Dagnino, aujourd’hui leur manager, et de feu le percussionniste cubain Anga Díaz, ancien membre du groupe Buena Vista Social Club, elles grandissent à Paris, bercées par une infinité de chants traditionnels et les voix de femmes telles qu’Ella Fitzgerald, Donny Hathaway, Lauryn Hill et autre Amy Winehouse. “C’est pour ça qu’on chante principalement en anglais”, nous soufflera d’ailleurs Lisa-Kaindé, qui écrit la majorité des textes tandis que Naomi s’affaire sur les productions.

Remarqué en 2014 avec l’enivrant “River”, un titre en hommage à l’orisha Oshun, l’inséparable binôme est à l’origine d’une musique à la fois moderne et intemporelle, entre soul, jazz et électronique, qui nous invite à prendre part à un voyage mystique au cœur de leur histoire personnelle, de leurs croyances ancestrales, de leurs émotions enfouies. Présentées à travers deux premiers albums, Ibeyi en 2015 et Ash en 2017 (tous deux coproduits par Richard Russell, cofondateur du label anglais XL Recordings, sur lequel Ibeyi est signé), leurs chansons aux airs de sortilèges ont rapidement voyagé par-delà les frontières françaises, attirant les oreilles de nombreux artistes internationaux. Parmi eux : Prince, Adele, Karl Lagerfeld, mais également Beyoncé, qui a convié les jumelles à paraître dans son film-album Lemonade en 2016. Leur nouveau single “Made of Gold”, paru le 17 novembre dernier après un hiatus de quatre ans, annonce leur retour flamboyant.

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NAOMI (à gauche) : Robe GIAMBATTISTA VALLI COUTURE / Boucles d’oreilles TASAKI


LISA (à droite) :
Robe GIAMBATTISTA VALLI COUTURE / 
Boucles d’oreilles TASAKI

Salut Ibeyi ! Comment allez-vous en cette fin d’année 2021 ?

Lisa-Kaindé : Tout va très bien, mais ça a été une année assez forte en émotions ! On est retournées en studio il y a à peu près un an pour commencer à travailler sur de nouvelles chansons, ce qui a été super-excitant évidemment, mais ce qui nous a aussi permis de nous rendre compte à quel point on avait grandi, et à quel point on avait évolué dans notre manière de faire de la musique. Et puis le fait d’avoir réussi à retourner en studio à un moment où personne ne pouvait trop y aller… Disons que ça n’a jamais été aussi difficile de faire de la musique, et donc on n’a jamais autant apprécié d’en faire ! Et là, on est de retour avec cette nouvelle chanson, “Made of Gold”… Donc tout va très bien !

Lisa-Kaindé, tu disais à l’instant que votre manière de faire de la musique a changé. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur vos deux premiers albums, Ibeyi et Ash ?

Naomi : Je pense qu’il fallait que l’on passe par ces deux premiers albums pour faire la musique que l’on fait aujourd’hui, pour faire la musique de “Made of Gold”. On est très contentes d’avoir fait ces deux projets.

Lisa-Kaindé : Oui, et très fières aussi. Je pense que dans dix ans, ces albums sonneront toujours bien, et pour moi, c’est une preuve de notre grande force : on ne regardera jamais en arrière en se disant : “Mais pourquoi on a fait ça ? C’était nul !” (Rire.) Et ce n’est pas qu’on ne se met pas en danger, parce qu’on se met en danger avec chaque album ; mais il y a quelque chose de tellement honnête dans ce qu’on fait… Ces deux premiers albums, c’est notre histoire, nos sentiments à un instant T, leur réaction avec le monde… Quand tu les écoutes, tu peux voir les raisons exactes pour lesquelles on les a faits et pourquoi notre musique sonne comme ça. C’est comme une capture dans le temps, une photo. Et on en est très fières.

Comment avez-vous vécu les quatre années qui viennent de s’écouler ? Car il s’est passé beaucoup de choses, pour vous et pour le monde, entre votre tournée pour Ash puis l’arrivée de la pandémie…

Naomi : Oui, c’est vrai ! Il y a en effet eu cette tournée, qui a duré deux ans. Et puis il y a surtout eu énormément de travail, et énormément de rencontres avec des gens extraordinaires. Le fait que l’on soit un peu “uniques”, ou en tout cas que notre musique soit “unique”, je crois que cela attire des gens issus de plein d’univers différents, de cultures différentes, de notoriétés différentes, de nationalités différentes…

Lisa-Kaindé : Récemment, par exemple, Sheila (chanteuse française icône des années yé-yé, qui a multiplié les tubes dans les années 1960 et 1970, ndlr) a voulu travailler avec nous, on a fait une télé ensemble et c’était génial ! Notre grande chance, c’est ça : on peut tout faire. Et du coup, on peut aussi bien travailler en France, avec des artistes français qu’on admire, qu’aux États-Unis ou en Amérique latine 

Naomi : La plupart des personnes avec qui l’on collabore sont des ami.e.s, ou en tout cas des gens avec lesquels on connecte vraiment. On ne fait pas un featuring juste pour faire un featuring.

Lisa-Kaindé : Et pour revenir à ta question, si je regarde les deux années de Covid, c’était la première fois qu’on prenait un break, Naomi et moi. On avait décidé d’en faire un avant de savoir que la pandémie allait arriver, mais on pensait voyager, aller voir le monde, vraiment se poser… Et puis il s’est passé ce qu’il s’est passé, mais en fait, ça nous a vachement aidées. Parce que tout à coup, ça nous a forcées à regarder en arrière, à voir tout ce qu’on avait fait, à essayer de faire un peu le bilan, de se poser juste assez pour savoir ce qu’on avait envie de faire pour la suite. De mon côté, j’ai écrit encore plus ; Naomi, elle, s’est rendu compte de ce qu’elle avait envie de faire en tant que productrice… Cette pause a été nécessaire, et on ne s’était pas rendu compte qu’on en avait autant besoin.

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NAOMI (à gauche) : Robe & body CHARLES DE VILMORIN / Boucle d’oreille SCHIAPARELLI


LISA (à droite) :
Robe PRESSIAT / Bague CHRISTIAN DIOR / Boucle d’oreille SCHIAPARELLI

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NAOMI (à gauche) : Robe & body CHARLES DE VILMORIN / Bague CHRISTIAN DIOR


LISA (à droite) :
Robe PRESSIAT

Vous vous êtes donc posées, et le 17 novembre dernier, vous avez fait votre grand retour avec “Made of Gold”, un titre envoûtant en collaboration avec le rappeur Pa Salieu. En quoi cette chanson était-elle pertinente pour faire votre come-back ?

Lisa-Kaindé : Cette chanson a quelque chose d’immédiat. C’est la première qu’on a composée à notre retour en studio, et résultat, c’est la première qu’on a jouée à notre entourage, aux gens qui passaient nous voir en studio, à notre label. A chaque fois, la réaction était unanime, tout le monde disait : “OK, vous avez passé un nouveau cap avec ce morceau.” C’est toujours la chanson qui attirait le plus. Et puis, c’était avec Pa… C’était magique de travailler avec lui.

Naomi : Oui, on l’adore ! D’ailleurs, personnellement, je l’écoute depuis longtemps. En fait, j’avais parlé de plusieurs artistes hip-hop à Richard (Russell, qui a également coproduit cette chanson, ndlr), mais au début, on n’avait pas du tout pensé à lui. Et puis un jour, Richard sort du studio pour se prendre un café, il croise le manager de Pa, à qui il explique qu’il est en studio avec nous, et son manager lui dit : “Oh je crois que Pa aimerait bien faire un truc avec elles !” Et le lendemain, il était là. Il y a eu une vraie connexion entre nous. On ne se connaissait pas, mais on s’est reconnu.e.s. Quand on lui a joué la chanson, il a demandé à l’écouter 30 fois d’affilée, il a écrit, et c’était fait.

Lisa-Kaindé : Cette chanson parle d’une connexion avec les ancêtres, avec la magie de ceux qui sont partis. Elle parle de l’idée de transmission, et du fait de sentir cette magie en toi. Et Pa a ça en lui. Dès qu’il a entendu cette chanson, il a ressenti tout cela.

“Made of Gold” sonne en effet comme une incantation. Avec ce titre, vous aspirez à renouer avec “le savoir des ancêtres”, à “canaliser leur magie” dans votre musique. Le morceau se termine d’ailleurs par cette phrase : “The sky encloses the stars”, un verset emprunté au Livre des morts des Anciens Égyptiens. Comment avez-vous créé ce titre ?

Lisa-Kaindé : Comme je te le disais tout à l’heure, on a travaillé différemment. On a essayé de confronter les textes que j’avais écrits de mon côté aux prods de Naomi et Richard (alors qu’avant, on travaillait tout le temps à trois). Le morceau part d’une prod que Naomi et Richard ont composée ensemble. Ils ont bossé tous les deux pendant deux semaines, et je les ai rejoints avec mes textes.

Naomi : Oui, nous, on s’éclatait juste en studio avec Richard, et quand Lisa est arrivée deux semaines après et qu’elle a écouté cette prod, elle nous a montré les textes qu’elle avait écrits et qui, selon elle, fusionneraient bien avec ce son.

Lisa-Kaindé : Sauf que tu aimais tellement la prod que tu me disais qu’aucun texte n’était à la hauteur ! (Rire.) Résultat, on a commencé à écrire un texte sur mesure. Ça a commencé comme une chanson d’amour, mais ça n’allait pas ; et à un moment, il y a eu une espèce de déclic. Richard m’a dit : “Ouvre le Livre des morts !” (Il y a toujours des livres partout quand on travaille avec Richard, ça nous inspire beaucoup.) J’ai ouvert le livre, je suis tombée sur le “Spell 31”, et en lisant cette incantation, je me suis dit : “Il nous faut cette incantation dans la chanson ! Je le sens !” J’ai senti qu’il fallait que je parle de ça, de ce savoir auquel on pouvait avoir accès à l’intérieur de nos corps. Parce que rien n’est coupé. Tout est encore là.

Naomi : Et encore une fois, on ne parle pas de choses compliquées, là. Il y a des choses que l’on ressent tous, et qui ne nous appartiennent pas. Comme un enfant qui peut ressentir des choses en étant dans le ventre de sa mère

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NAOMI (à gauche) : Corset ISADORA GAMBERETTI / Robe mise en jupe GUCCI / Sandales à plateforme VERSACE / Boucles d’oreilles SCHIAPARELLI / Bracelet CHANEL


LISA (à droite) :
Corset ISADORA GAMBERETTI / Jupe, bracelet & boucles d’oreilles CHANEL / 
Sandales à plateforme NODALETO / Bague ZELDA PASSINI

Ce savoir et cette idée de transmission, c’est quelque chose dont vous parliez déjà sur vos deux premiers albums…

Lisa-Kaindé : Oui, parce que ça fait partie de nous. On n’avait juste pas écrit de chanson particulièrement sur ça, mais oui, ça a toujours été dans toutes nos chansons.

Naomi : Je pense que ça a à voir avec ce qu’on a vécu. Quand on perd son père et une sœur (leur grande sœur Yanira, à qui est dédié leur morceau “Yanira”, est décédée en 2014, ndlr) très très jeunes… On essaie de trouver un lien avec la mort. Un lien sain.

Pour illustrer “Made of Gold”, vous avez sorti un clip puissant signé Daniel Sannwald. Quelle a été l’inspiration de cette vidéo ?

Lisa-Kaindé : L’idée de ce clip, qui annonçait notre retour, était de créer une sorte de cérémonie personnelle. C’est moi qui suis dans une aventure vers Naomi, et Naomi qui est dans une aventure vers moi, et nous sommes toutes les deux portées par l’univers. On avait envie de faire quelque chose de symbolique, de vrai, de senti… Comme un sort, en quelque sorte !

Naomi : D’ailleurs, ce n’était pas un tournage normal. Je pense que si tu avais été là le jour du tournage, tu aurais compris… C’était très chargé, très intense. Il n’y avait pas de “Allez, on fait ça en une prise et c’est fini !” Non. Tout le monde était très présent, présent l’un pour l’autre, tout le monde applaudissait… Et puis quand on performait, on était ailleurs. 

En parlant de performance : dans ce clip, vous dansez aux côtés des frères nigérians Marvel et Victory Ebinum. Comment est née cette collaboration ?

Naomi : Daniel [Sannwald] est venu avec cette idée de les avoir dans le clip, et… ça a été extraordinaire ! Déjà parce qu’ils sont frères, ensuite parce qu’ils dansent tout le temps ensemble, et aussi parce que c’était l’une des premières fois qu’ils dansaient l’un sans l’autre, avant de danser à nouveau ensemble… C’était super beau.

Lisa-Kaindé : J’ai beaucoup aimé les discussions qu’on a eues ensemble pour trouver nos marques. Victory représentait l’énergie et l’essence de Naomi dans mon monde, et Marvel représentait mon énergie et l’essence dans le monde de Naomi. Donc même si on n’était pas ensemble, on était ensemble… Et ouais, c’était vraiment beau.

Et Daniel Sannwald, c’était la première fois que vous travailliez avec lui ?

Naomi : Oui, mais ce ne sera sans doute pas la dernière ! En fait, on est venues avec l’idée du clip, inspirée par le tableau The Love Embrace of the Universe, the Earth (Mexico), Myself, Diego, and Señor Xolotl de Frida Kahlo, et il nous a tout de suite compris, et compris la charge émotionnelle que représentaient cette chanson et ce clip… On n’a pas eu besoin de parler des heures. C’était très agréable. 

Comment vous sentiez-vous au moment de sortir le clip ?

Naomi : Revenir après quatre ans, ce n’est pas facile, donc la semaine de la sortie, on était… un peu stressées ! (Rire.) Mais on est trop contentes de la façon dont la chanson et le clip ont été accueillis.

Lisa-Kaindé : D’autant que, avec Ibeyi, on ne veut jamais faire deux fois la même chose, du coup, il y a quand même toujours ce risque que ça ne plaise pas immédiatement aux personnes qui nous écoutent. Or, là, avec “Made of Gold”, ça a pris tout de suite ! Et ça nous a trop fait plaisir. Le monde est prêt.

Naomi : Le monde a changé aussi au cours de ces deux dernières années. Sur nos deux premiers albums, on parlait de sujets que les gens n’étaient peut-être pas encore prêts à écouter. Mais quand tu passes un an où tu dois rester chez toi, tu commences à réfléchir autrement. Tu fais une analyse de toi-même. Et j’ai l’impression que les sujets dont on parle depuis presque dix ans commencent à être un peu plus normalisés.

En tout cas, le clip de “Made of Gold” possède une direction artistique vraiment forte… A quel point vous êtes-vous impliquées dedans ?

Naomi : Oh, on a été très impliquées, on est hyper control freaks ! (Rire.) On a une vision très claire de ce que l’on veut. Avant ça, on n’avait jamais vraiment travaillé notre image ou la façon dont on s’habillait, parce qu’on voulait vraiment que les gens écoutent notre musique, et ne soient pas là en train de commenter les robes que l’on porte. On voulait que ce soit d’abord la musique. Mais comme ça fait presque dix ans qu’on fait ça, je pense que les gens ont compris. Ils savent qu’on écrit, qu’on joue… On est des femmes, certes, mais on sait faire des choses ! (Rire.) Et donc là, c’est vrai, l’image a vachement évolué. Et ça ne va faire qu’évoluer. Peut-être même qu’un jour, on sera en mini-shorts sur scène ! (Rire.)

Lisa-Kaindé : Ah non, je crois pas ! (Rire.) Mais oui, je suis d’accord avec Naomi. Et puis cette image que l’on crée s’inscrit dans notre démarche artistique. C’est un peu une extension de notre musique, un autre moyen d’expression.

Musicalement et visuellement, “Made of Gold” marque donc une nouvelle étape pour Ibeyi ?

Naomi : Oh oui ! C’est un nouveau chapitre que l’on commence. Le même livre, mais un nouveau chapitre.

Il y a un truc qui n’a pas changé, c’est le fait que vous continuez à travailler avec Richard Russell.

Naomi : Ah oui, on ne change pas une équipe qui gagne ! Avec Richard, ça va au-delà de la musique : c’est un life partner. C’est quelqu’un qui sera toujours là, que l’on aime profondément. On adore bosser avec lui mais on adore aussi faire plein d’autres choses, comme aller voir des expos, rire, pleurer… Vivre, quoi !

Lisa-Kaindé : Moi, ce qui me plaît dans le fait de travailler avec Richard et Naomi, c’est que j’ai l’impression que l’on se fait grandir mutuellement. On ne se donne pas le mot, mais à chaque fois que l’on se retrouve pour bosser, personnellement, il faut que j’arrive avec une meilleure chanson que la fois d’avant. Il y a un désir de les exciter, de leur donner envie, et je pense que c’est pareil pour eux. D’ailleurs, j’ai trouvé des messages qu’il m’a envoyés avant qu’on entre en studio cette année, dans lesquels il me disait : “Il faut qu’on fasse les meilleures chansons qu’on ait jamais faites !” Donc c’est toujours trop bien de se retrouver parce qu’à chaque fois, on va plus loin ensemble.

Naomi : Oui, et c’est pour ça qu’il ne faut pas que les gens nous mettent dans des cases, parce qu’on est imprévisibles. D’ailleurs, sur “Made of Gold”, c’est moi qui chante les leads.

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NAOMI (à gauche) : Robe & body CHARLES DE VILMORIN
 / Baskets CONVERSE “Run Star Hike” disponibles chez JD SPORTS / Bague CHRISTIAN DIOR


LISA (à droite) :
Robe PRESSIAT / Bague CHRISTIAN DIOR
 / Bijoux d’oreille TASAKI

Ce qui est un gros changement ! J’imagine que tu as dû te challenger, Naomi ?

Naomi : Oh oui, énormément, j’ai pleuré et tout parce que… ça fait peur ! Je n’ai pas l’habitude d’entendre ma voix comme ça, tout le temps… Mais j’ai fait énormément confiance à Lisa et Richard. À partir du moment où ils me disent que c’est bien et qu’il faut que j’y aille, j’y vais.

Lisa-Kaindé : Elle se jugeait énormément, alors que c’était tellement beau…

Naomi : Mais pour moi, c’était bizarre, j’avais l’impression de sonner comme une gamine… S’écouter, c’est quelque chose !

Lisa-Kaindé : Ça te fend le cœur en deux de devoir écouter ta voix.

Naomi : Oui. Mais en tout cas, j’ai pris cette place-là, et j’en suis très contente. 

Vous avez enregistré “Made of Gold” (et tes voix, donc Naomi !) dans un studio à Londres, où tu vis depuis quelques années, Lisa-Kaindé. En quoi cette ville vous inspire-t-elle pour votre musique ?

Naomi : On y est surtout allées parce que Richard vit là-bas, et qu’il y a son studio – l’un des plus beaux studios du monde ! Mais pour dire vrai, on avait dit après notre dernier album Ash que la prochaine fois que l’on retournerait en studio, on irait à Los Angeles et en Jamaïque. Mais bon… Le Covid est arrivé donc on s’est rabattues sur Londres ! (Rire.) Mais on y était très bien.

Lisa-Kaindé : Moi, j’y vis, et c’est vrai que la musique londonienne m’inspire énormément. Même si je dois dire que la musique française m’inspire également beaucoup. Ça s’entend moins, mais dans tous nos albums, il y a cette inspiration tirée de la musique française, que ce soit dans le goût des mélodies, le goût du texte… Moi qui écris aujourd’hui avec des artistes anglais, je me rends compte que ce n’est pas du tout la même chose… Mais pour répondre à ta question : j’adore Londres, et c’était super d’enregistrer là-bas !

Selon les rumeurs, “Made of Gold” serait le premier single d’un troisième album à venir… Info ou intox ? 

Naomi : En effet, il y a bien un album en préparation… Rendez-vous en 2022 ! 

Lisa-Kaindé : On a hâte de partager plus de chansons.

ALLO IBEYI ?

Les questions de fans aux iconiques Ibeyi par @erica_d. 

“Made of Gold” est un chef-d’œuvre. Combien de temps vous a-t-il fallu pour créer ce clip ?

Lisa-Kaindé : Le clip a nécessité un gros mois de préparation, puisque c’était une échelle qu’on n’avait jamais faite avant. Pour te donner une petite idée : il n’y avait pas de studio assez grand dans Londres pour le tourner…

Naomi : Et ensuite, on a mis une grosse journée pour le tourner !

De quel genre d’atmosphère avez-vous besoin quand vous écrivez ?

Lisa-Kaindé : En ce qui me concerne, j’adore être à la maison, ou dans un endroit où j’ai l’impression d’être posée, avec si possible un piano droit. C’est comme ça que j’écris les meilleures chansons. Mais je crois aussi dans l’art d’écrire et je pense donc qu’en vérité, tu peux écrire partout et tout le temps.

“I Wanna Be Like You”, extrait de votre dernier album Ash, était dédiée à Naomi. Quelle est la particularité que vous vous enviez l’une chez l’autre ?

Lisa-Kaindé : Clairement : l’intuition et l’impulsivité de Naomi.

Naomi : Moi, c’est tout l’inverse : la réflexion de Lisa ! (Rire.)

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NAOMI (à gauche) : Robe GIAMBATTISTA VALLI COUTURE / Bottines à lacets CHRISTIAN DIOR / 
Boucles d’oreilles TASAKI


LISA (à droite) :
Robe GIAMBATTISTA VALLI COUTURE / Bottines à lacets CHRISTIAN DIOR
 / Boucles d’oreilles TASAKI

Est-ce que cela a été dur pour vous de vivre dans des villes différentes, sachant que vous aviez toujours vécu ensemble avant que Lisa-Kaindé ne déménage à Londres ?

Naomi : Pas du tout ! On est des jumelles, mais des jumelles qui avaient déjà une vie et des amis séparément. On n’est pas des jumelles codépendantes, pas du tout.

Lisa-Kaindé : Au contraire, ça nous fait même du bien de nous séparer, d’autant que l’on travaille ensemble.

Quel livre êtes-vous en train de lire en ce moment ? De mon côté, je lis L’Étranger d’Albert Camus.

Lisa-Kaindé : Ah c’est joli ! En ce moment, je lis Communion de Bell Hooks. Et en parallèle, je lis un ou deux poèmes par soir tiré de l’anthologie d’Andrée Chedid, publié par son petit-fils Matthieu Chedid. C’est très beau !

Naomi : De mon côté, je viens de terminer Réinventer l’amour de Mona Chollet, et là, je suis en train de livre Ensemble, on aboie en silence de Gringe, qui parle de sa relation avec son frère schizophrène.

Vous êtes plutôt film ou série ?

Naomi : Alors moi, j’ai un problème avec ça… Je suis beaucoup plus musique, et j’ai vraiment du mal à regarder des choses seule, je crois c’est une pathologie. (Rire.) Je suis plus documentaire en vérité !

Lisa-Kaindé : C’est plus rare d’avoir vu des séries qui m’ont changé la vie que des films, donc je dirais films !

Thé ou café ?

Naomi : Thé !

Lisa-Kaindé : Tous les jours ! Avec du lait d’avoine !

Oiseau nocturne ou matinale ?

Naomi : Oiseau nocturne !

Lisa-Kaindé : Matinale, je ne suis pas du tout nocturne !

Quand est-ce que nous allons pouvoir vous retrouver en tournée ?

Naomi : Bientôt… Stay tuned !

Lisa-Kaindé : On espère l’année prochaine !

Photographe : Manuel Obadia-Wills
Assistant Photographe : Florian Vindimian
Styliste : Lisa Jarvis
Assistante Styliste : Léa Salaün
Set Designer : Charlotte & Juliette Castay
Maquilleuse : Christina Lutz chez Wise & Talented avec les produits VIOLETTE_FR
Coiffeur : André Cueto chez Wise & Talented avec les produits ORIBE
Assistante Coiffeur : Mélissa Rouille
Journaliste : Naomi Clément
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