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Musique

Priya Ragu : nouvelle étoile de la scène suisse

De passage à Paris, la chanteuse suisso-tamoule Priya Ragu nous a accordé un moment pour revenir sur son parcours fulgurant, la création de sa première mixtape damnshestamil et l’importance de croire en soi.

© Warner Music

Depuis plusieurs années, la Fashion Week parisienne fait aussi parler d’elle en raison du casting musical qui occupe les premiers rangs de ses défilés. Qui ne se souvient pas de PNL assis en première ligne du show Off-White il y a deux ans, ou, plus récemment, d’un Kanye West entièrement cagoulé chez Balenciaga ? La dernière PFW, qui s’est tenue du 27 septembre au 5 octobre, n’a pas échappé à la règle. Parmi les artistes aperçu.e.s. en front row : la Franco-Américaine Lolo Zouaï, la Néerlandaise RIMON, les membres du groupe coréen Blackpink, l’Américain Giveon ou encore la Suissesse Priya Ragu. Le jour de notre rencontre dans les bureaux parisiens de Warner, son label, cette dernière s’apprête à assister au défilé printemps-été 2022 de la maison Acne. “Je suis trop contente d’avoir été invitée !”, nous confie-t-elle.

C’est que la chanteuse séduit aujourd’hui bien au-delà du petit monde de la musique helvète. À l’origine d’un univers musical singulier, qui combine avec brio son amour pour le R&B contemporain et son héritage tamoul, elle a été plébiscitée par de nombreux médias, du British Vogue au Vogue India, tout en s’imposant sur la scène de prestigieux festivals comme le Montreux Jazz. “Je ne pensais vraiment pas que les choses iraient si vite pour moi”, confesse celle qui a récemment assuré la première partie du groupe Jungle au O2 Brixton Academy. “J’imagine que l’éclectisme de ma musique a plu.” 

Priya Ragu

© Warner Music

Cette proposition musicale éclectique, Priya Ragu commence à l’installer en 2020 avec son premier single “Good Love 2.0”. Produite avec son frère Japhna Gold, son binôme de toujours, cette chanson d’amour entêtante pose les bases de ce que l’artiste nomme le “Raguwavy” : un genre musical à son image, qui fusionne l’ensemble de ses influences R&B, jazz, bossa-nova, soul et hip-hop. “J’ai mis du temps à trouver mon identité musicale, car j’étais vraiment dans une vibe très R&B/soul des années 1990/2000 à mes débuts”, relate cette fan invétérée de Brandy et Lauryn Hill. “C’est mon frère qui m’a poussée à expérimenter de nouveaux sons, à fusionner davantage de sonorités… Et c’est comme ça qu’on a créé ‘Good Love 2.0’.”

“Good Love 2.0”, dont le clip coloré a été tourné à Goa (Inde), est le point de départ de sa carrière. Dévoilé à lautomne 2020, il l’installe instantanément dans les premières places du classement UK Asian Music Chart Top 40, et la propulse sur les ondes de BBC 1. Le titre apparaît même dans la bande-son du jeu vidéo FIFA 21. Aujourd’hui encore, la jeune femme regarde ce morceau avec beaucoup de tendresse. “C’est le titre qui a tout changé, et j’ai le sentiment que son histoire n’est pas terminée, prophétise-t-elle. Je sens que je vais devoir chanter cette chanson pour le reste de ma vie !” (Rire.)

Un premier projet en forme d’ode à son héritage tamoul

Moins d’un an après ses débuts flamboyants, Priya Ragu vient de sortir damnshestamil, sa première mixtape coécrite et produite avec son frère Japhna Gold. Annoncé par les singles “Forgot About”, “Kamali”, “Lockdown” et “Chicken Lemon Rice” (dont le clip a été nommé dans la catégorie “meilleur stylisme” aux UK Music Video Awards 2021), ce projet dévoile la grande versatilité de la Suissesse, qui chante et rappe sur des productions alliant R&B, électronique, pop et musique traditionnelle tamoule. “Cette mixtape expose vraiment toutes mes facettes”, commente-t-elle.

Sur le fond, cet opus de 12 titres se lit comme une véritable célébration de son héritage tamoul. Il y a d’abord la pochette et le titre (“Damn shes tamil”, que l’on peut traduire par “Purée, elle est tamoule”), qui s’y réfèrent directement. Mais il y a également toutes les sonorités traditionnelles tamoules que l’on retrouve notamment sur “Lighthouse”, où résonne un air de flûte sri-lankaise, sur “Chicken Lemon Rice”, nourri par divers instruments tamouls, ainsi que sur “ Santhosam”, sur lequel l’artiste chante en tamoul sur une instrumentalisation typiquement sri-lankaise. “J’avais envie de célébrer cette partie de moi, car je suis fière de mon héritage culturel, souligne-t-elle. Mais ça n’a pas toujours été le cas.” 

Priya Ragu

damnshestamil © Warner Music

Je suis fière de mon héritage culturel.

Née de parents sri-lankais qui se sont réfugiés en Suisse après avoir fui la guerre civile dans leur pays, Priya Ragu a grandi à Saint-Gall, dans un environnement où, dit-elle, les Tamouls n’étaient pas forcément vus d’un très bon œil. “À cette époque, les gens n’admiraient pas les Tamouls, nous n’étions pas perçus comme des gens beaux ou talentueux… On ne nous voyait pas à la télé”, rembobine-t-elle. Mis à part les membres de sa propre famille, elle ne trouve personne qui lui ressemble, personne à qui s’identifier : “Résultat, je me suis beaucoup identifiée à la ‘black culture’, puisque j’ai grandi avec MTV, qui passait en boucle les clips des grandes figures de la scène hip-hop et R&B afro-américaine dans les années 1990 et 2000.”

Les choses changent radicalement à l’adolescence, lorsqu’une certaine M.I.A. apparaît sur le devant de la scène musicale, s’installant à son tour sur MTV aux côtés des héroïnes de son enfance. “Elle m’a vraiment aidée à reprendre confiance en moi, et à me réapproprier ma culture”, se souvient-elle. Dans la foulée, la jeune Priya s’envole à Toronto, où elle rencontre une large communauté tamoule, ce qui l’encourage un peu plus à embrasser son héritage. “C’est pour ça que j’ai commencé à faire de la musique et à exister sur les réseaux sociaux sous ce nom, ‘damnshestamil’”, explique-t-elle. “C’était devenu important et nécessaire d’exposer cette partie de moi. Baptiser ma première mixtape ainsi était une évidence.”

Priya Ragu

© Warner Music

De la nécessité de “suivre son instinct”

Au-delà de l’héritage, damnshestamil se lit également comme une célébration de son parcours, et des risques qu’elle a pris pour en arriver là. D’où le morceau introductif “Leaf High”, qui souligne la capacité des humains à aller bien au-delà de ce qu’ils pensent être capables, ou encore “Kamali”, basé sur l’histoire vraie d’une jeune skateuse indienne qui a décidé de vivre sa passion malgré les réticences de son entourage – histoire inspirée du documentaire Kamali de Sasha Rainbow.

À ce sujet, Priya Ragu détaille :

“Je menais une vie très confortable avant de me lancer dans la musique. Ça n’a pas été facile de tout laisser tomber pour me risquer dans cette industrie – surtout en Suisse, où il est très dur d’en vivre. Mais j’ai décidé de tenter ma chance parce que j’avais le sentiment que j’avais un talent, un talent auquel je me devais de consacrer du temps pour voir ce que je serais capable d’en faire. La plupart des morceaux de la mixtape parlent de ça, du fait de suivre son instinct et de croire en soi.”

À la fois représentante de son identité éclectique et porteuse d’un message optimiste, damnshestamil impose un peu plus Priya Ragu comme l’une des artistes les plus ambitieuses et novatrices de sa génération, qui a choisi de faire fi des notions de barrières musicales et culturelles. Une vision qu’elle partagera le 26 novembre prochain sur la scène du Badaboum à Paris, et le 3 décembre aux Trans Musicales de Rennes. “Il me tarde de pouvoir connecter sur scène avec les gens qui ont écouté le projet et qui lont compris”, conclut-elle. Nous aussi Priya, nous aussi.

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