Cette homogénéisation découle-t-elle de laperception cisnormative de la transidentité ?
Zya : Oui, dans les shoots, on n’encourage qu’un seul discours homogène entre toutes les personnes trans autour de leur transidentité – comme si nous partagions les mêmes traumatismes, les mêmes histoires. On encourage un récit uniquement douloureux et dramatique, alors que cela peut également être un moment merveilleux. Ça l’a été pour moi.
Aquila : Pour moi aussi, la transition est quelque chose de très beau, difficile certes, mais également incroyable.
Giselle : Il faut laisser de la place pour les histoires positives également, car chaque trajectoire est bien plus complexe que ce que la société nous raconte.
Ce shoot puisait librement et questionnait activement les girls bands des années 2000. Quels groupes et quelles icônes féminines vous ont inspirées quand vous grandissiez ? Et pourquoi ?
Ava : Pour moi, ça a toujours été Madonna, de son parcours dans les années 90 à aujourd’hui. Je la suis fidèlement pour sa force, sa féminité marginale et puissante.
Giselle : J’étais fan des stars américaines, Britney Spears, Christina Aguilera, Destiny’s Child et bien sûr Beyoncé.
Zya : Pour moi, ces groupes avaient quelque chose d’inspirant. Cette image de filles réunies en bande communiquait une énergie et un empowerment féminin uniques.
Aquila : Même si on a entre-temps pris conscience de leur artificialité, on peut néanmoins garder en tête une idée de partage et de sororité… Pour beaucoup, elles sont tout ce que l’on a !
Claude-Emmanuelle : Moi, j’écoutais du heavy metal, et j’admirais Claude Cahun. Elle était photographe, lesbienne, gender fluid, juive, prenait des autoportraits… Bref,elle était incroyable et c’est d’après elle que je tiens mon prénom !
Aquila : Bon, et sinon, je suis fan de ma mère. Elle arrive toujours à ses fins, ne s’excuse de rien.
Zya : Pour moi aussi, ma mère était une grande influence ! Elle était têtue, sarcastique, puissante.
Giselle : Idem. Elle a toujours su me montrer le chemin.