Des chaussettes de laine rouge accrochées à la cheminée de la villa californienne de Kendall Jenner aux recettes de friandises revisitées avec une dose de CBD chez la cheffe star Martha Stewart en passant par l’éternelle mini-robe rouge sexy de Mariah Carey : les traditions sont relues et actualisées avec une dose de second degré et de sous-textes coquins. Cette large hybridation en ligne permet à chacun.e de composer son propre “esprit de Noël”.
Dans ma famille, on m’a souvent répété – sans me présenter une liste de critères objectifs – que je n’avais pas l’esprit de Noël. Il est vrai que je confonds les noms des enfants de mes cousins : Léa, Clara, Sarah (ne me demandez pas pourquoi). Les métiers des boyfriends interchangeables de ma tante m’échappent, et je feins mal de rire aux blagues graveleuses de “proches de la famille” non identifiés qu’il faut appeler tonton. Si l’esprit de Noël consiste à faire partie de ce drôle d’orchestre, j’admets mon échec.
Pourtant, je crois profondément à la magie de Noël. Je connais chaque carte de fin d’année de la famille Kardashian – avec une préférence pour celle de 1990 en total look cuir –, je m’inquiète de la bonne entente entre les enfants de Jennifer Lopez et Ben Affleck, et trépigne de découvrir les tenues de fêtes d’ASAP Rocky et Rihanna.
Leurs incroyables récits, enfermés dans le monde des écrans, sont un peu les miens. Ils m’accompagnent d’année en année. J’attends leur joie et comprends leurs difficultés. L’étrange familiarité nourrie envers ces individus spectaculaires, qui ne me connaissent pas, a commencé très tôt. Les titres people Gala, Paris Match, Voici faisaient partie de mes livres d’enfant. Chaque samedi, j’accompagnais ma grand-mère en quête de ces trésors, où le trivial de la vie terrestre n’existait plus. On regardait ensemble les stars se confier, divorcer, fêter les succès et composer un mythe du bonheur évoluant avec les frayeurs des époques. Tel était notre rituel. Les fêtes de Noël figuraient parmi les événements particuliers suscitant notre attention. En cette période magique, la vie tellurique des stars prenait une allure plus humaine alors que nos existences de mortelles semblaient un peu plus exceptionnelles.