Doté d’une voix unique, le crooner italien aux sept albums participe à l’Eurovision pour la seconde fois avec un message : “Wagner, Rihanna ou Edith Piaf, je pense que tout peut nourrir ton esprit et ta créativité.”
Un peu après 12h dans les locaux parisiens de Sony Music, le sourire apaisé et charmeur de Marco Mengoni tranche avec la frénésie qui l’entoure depuis quelques semaines. Le 11 février dernier, le chanteur remportait le Festival de Sanremo, qui envoie son ou sa lauréat.e représenter l’Italie à l’Eurovision – un autre concours auquel il n’est pas étranger puisqu’il avait fini à la 7e place en 2013.
De l’autre côté des Alpes, Marco Mengoni remplit les stades depuis des années. Révélé en 2009 après avoir remporté – déjà – le concours de chant X Factor, il est remarqué pour sa tessiture vocale rare – le contralto – qui lui permet d’atteindre des notes de la quatrième octave d’habitude inaccessibles aux chanteurs masculins. Tirant profit de cette particularité, il s’impose comme une voix originale au pays de l’opéra et met au défi les normes de genre, comme l’explique le site All ****Music ****Italia : “Sa voix, parfois très claire et acide, contredit l’idée qu’un artiste masculin doit forcément avoir un timbre sombre et baryton.”
Depuis la sortie de son premier EP, le chanteur a développé une discographie dense – sept albums, six EP et plusieurs live – qui traduit sa propre évolution humaine et artistique. Après s’être longtemps épanoui sur des instrus pop-rock infusés de folklore italien, Mengoni n’a eu de cesse d’affiner l’atmosphère de ses disques, creusant toujours plus profond en quête d’une musique à son image. En 2021, il lançait le projet le plus ambitieux de sa carrière : une trilogie d’albums intitulée MATERIA. Les instruments acoustiques y laissent place à une production électronique, précipitant le chanteur dans une ambiance club qui lui sied à ravir. “J’adore la musique italienne mais j’ai grandi avec Aretha Franklin, Stevie Wonder et Sam Cooke. Musicalement parlant, je suis omnivore. Wagner, Rihanna ou Edith Piaf, je pense que tout peut nourrir ton esprit et ta créativité.”
Sous le feu des projecteurs depuis l’adolescence, la vie privée de Marco Mengoni a toujours suscité la curiosité des tabloïds italiens, avides de lui coller une étiquette qu’il refuse. Interrogé à nouveau sur sa sexualité par le magazine Sette en 2019, le chanteur avait répondu : “Ma génération est plus ouverte à tous les égards, et j’ai de la peine pour les personnes qui nous gouvernent et refusent cette évolution naturelle. […] En ce qui me concerne, je ne vois pas de couleurs de peau, et je ne choisis pas d’aimer un homme ou une femme. Mais ma vie privée m’appartient. Si tu veux entendre ma joie ou ma douleur, elles sont dans mes albums. […] Le seul conseil que je donne aux jeunes comme moi, c’est de vivre. Tout peut arriver demain.”
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Du 9 au 13 mai, c’est sa chanson “Due Vite ” (“deux vies”) – extraite du second volet de MATERIA – que Marco Mengoni défendra sur la scène de la Bank Arena à Liverpool. Une aventure qu’il aborde sans esprit de compétition mais avec l’envie de faire passer son message : “Je veux amener sur scène une autre part de l’Italie, mais aussi de mon univers. Je ne pense pas du tout à la compétition : j’ai simplement envie de rencontrer le public et de faire entendre le message de ma chanson.”
Et pour cause, “Due Vite” est un vrai bijou d’écriture :
“Si c’était la dernière chanson et que la Lune devait ensuite éclater, je serais là pour te dire que tu te trompes : tu te trompes et tu le sais. La musique n’arrive pas ici et tu ne dors pas. Où peux-tu bien être ? Où vas-tu lorsque la vie exagère ? Toutes les courses, les gifles et les erreurs qui sont les tiennes… Quand quelque chose t’attire, je sais que tu ne dors jamais.”
L’histoire de deux lovers ? Pas du tout, nous explique l’auteur : “Ce texte parle de la relation que j’entretiens avec moi-même : mon esprit conscient et inconscient. Je travaille beaucoup sur mes pensées et mes émotions avec mon thérapeute, et j’avais envie de traduire ce lien entre la vie quotidienne et la vie nocturne, celle des rêves.” Un texte brillant dans lequel les métaphores servent un propos sur la santé mentale ; et entre les lignes, Mengoni se confie avec plus de sincérité que jamais. Un tube calibré pour remporter le concours de l’Eurovision ?
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