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Musique

Louane : « L’amour, je ne vis que pour ça. »

Bientôt dix ans depuis les premiers pas de Louane sous les projecteurs ; et la jeune femme a bien grandi. Heureuse en amour et mère d’un premier enfant, la chanteuse nous parle de la réédition de son album Joie de vivre (en couleurs) et de sa nouvelle vie de famille, aboutissement d’une carrière semée d’embûches.

Photographe : Matthieu Delbreuve @matthieu_delbreuve répresenté par KAPTIVE
Styliste : Tiphaine Menon

Top 032C disponible sur ZALANDO.FR
Mantille CHRISTIAN DIOR

En 2013, Louane a 16 ans lorsqu’elle se présente face aux fauteuils et aux caméras de The Voice. Le visage juvénile, habité par deux grands yeux bleus, elle semble nerveuse. Sur Un Homme heureux, sa voix tremble jusqu’aux premiers coups de buzzer puis le timbre s’élance : lumineux, déjà puissant et marqué par une profonde mélancolie. Alors que son audition s’achève, les deux derniers fauteuils se tournent et l’adolescente fond en larmes, extatique. Car il ne s’agit pas d’un coup d’essai pour Louane. Avant The Voice, la chanteuse originaire d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) a déjà écumé bien des concours à la poursuite de son rêve : “Chanter pour les gens.” Et alors que les quatre jurés lui font face, que le rêve n’a jamais été aussi accessible, l’émotion ne peut être contenue.

Cette audition marque le début de la carrière de Louane et surtout de son histoire d’amour passionnée avec le public français. Repérée par le réalisateur Eric Lartigau, elle rejoint le casting de son prochain film, La Famille Bélier, pour lequel elle doit apprendre la langue des signes. Elle tourne ses premières scènes tout en poursuivant la compétition chaque vendredi en prime time. Se hissant jusqu’aux demi-finales, elle ne remporte pas la victoire mais en restera à jamais la candidate emblématique. Derrière le poste de télévision, le public assiste à un conte de fées. Pourtant, en coulisses, le succès a le goût amer d’une tragédie. Alors qu’elle se produit toujours sur l’émission, Louane doit faire face à la disparition de son père. Lors d’un prime, elle lui rendra hommage en interprétant “Imagine” de John Lennon, sa chanson favorite.

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Robe, choker et bagues CHRISTIAN DIOR

Quelques mois plus tard, sa mère s’envole à son tour, laissant la jeune femme orpheline, seule sur les sentiers d’une carrière naissante. Louane vivra son deuil dans l’intimité et le silence, jusqu’à la sortie de son titre “Maman”, un hommage vibrant au travers duquel le public découvre les drames que cachait son succès fulgurant. Si des pertes aussi terribles, au moment où elle fait ses premiers pas dans la lumière, auraient pu laisser l’adolescente atone, Louane va poursuivre sur sa lancée, décrocher le César du meilleur espoir féminin pour son interprétation de Paula dans La Famille Bélier et enregistrer un premier album, Chambre 12, qui lui permet de rencontrer son public. Et voilà que la France s’entiche définitivement de cette demoiselle à la voix d’ange, au visage poupon et aux longs cheveux blonds. “Mon succès ne m’a pas seulement aidée à traverser ces épreuves, confie-t-elle. Il m’a sauvé la vie.”

Près de dix ans ont passé depuis cette audition à l’aveugle ; des torrents ont coulé sous les ponts et l’adolescente est aujourd’hui une jeune femme. Heureuse en amour, mère d’une petite fille baptisée Esmée, elle fête ses 25 ans le jour où nous venons la retrouver. Entre confidences sur sa nouvelle vie de famille et l’évolution de ses méthodes de création, Louane, qui n’a jamais semblé aussi inspirée, fait le point sur une carrière semée d’embûches alors qu’elle s’apprête à retrouver la scène et qu’elle travaille sur son prochain disque.

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Pull GUCCI / Jupe en cuir ALEXA CHUNG disponible sur ZALANDO.FR / Escarpins VALENTINO / Boucles d’oreille D’HEYGERE

Bon anniversaire Louane ! Alors, ça fait quoi d’avoir 25 ans ?

Dans l’absolu, ça ne change pas grand-chose mais je me suis réveillée en me disant que ça faisait du bien ! Tout va bien en ce moment, on vient d’annoncer une nouvelle tournée… Je me sens bien. Ma sœur me disait ce matin que ses 25-30 étaient les meilleures années de sa vie, et j’ai l’impression de comprendre pourquoi.

Tu as eu le temps de fêter ça ?

Hier, j’étais en concert à Douai. Histoire de marquer le coup, on a décidé de passer par Hénin-Beaumont (sa ville natale, ndlr) pour choper un McDo sur le retour. On s’est arrêtés devant la maison de mon enfance et on a pris quelques photos. Il y a une fille qui habite chez moi maintenant… Elle n’a pas du tout capté qui j’étais et a menacé d’appeler les flics ! (Rire.) C’était une super idée. Ensuite, on est rentrés à Paris où m’attendaient mon mec et quelques potes. On a fait la fête dans mon salon mais je suis restée raisonnable. Je me suis couchée tôt donc je ne sais pas quand mes potes se sont arrêtés, mais toutes les bouteilles étaient vides à mon réveil.

Tu présentes aujourd’hui la réédition de ton troisième album, Joie de vivre (en couleurs), un disque qui change pas mal des deux premiers. Tu peux nous parler de sa composition ?

Ça dépend de quoi tu parles : les titres de l’album initial et ceux de la réédition n’ont pas du tout été composés de la même façon. J’ai commencé à écrire Joie de vivre en 2018, avant ma dernière tournée, et je l’ai terminé quelques mois avant sa sortie. J’ai bossé avec pas mal de monde donc il y avait beaucoup d’énergies différentes… Pour les titres de la réédition : rien à voir. On a travaillé en famille : mon mec, son frère et Toma avec qui j’ai coécrit les paroles. J’écris parfois seule mais j’aime beaucoup écrire avec lui… On s’est enfermés tous les quatre à Gémenos (Bouches-du-Rhône), ma fille était là aussi… C’était un très bon moment. On est sortis avec huit titres — les six premiers sont sur la réédition, et les deux autres seront sur le prochain album.

On sent que tu t’es beaucoup plus investie dans l’écriture…

J’avais vraiment des choses à dire ! En vrai, je n’ai jamais eu le sentiment d’être incomprise par les auteurs avec qui j’ai travaillé : si tu prends un morceau comme “Si t’étais là”, c’est l’histoire de ma vie. Certaines chansons étaient très proches de mon vécu, d’autres non. C’est le métier d’interprète, mais maintenant, j’ai besoin de parler moi-même des choses que j’ai vécues. “J’peux pas”, par exemple, c’est un titre que j’ai écrit entre mon premier et mon second album mais que je n’arrivais pas à assumer. Le texte parle de ma maman… C’était forcément compliqué. Lorsqu’il s’agit d’histoires aussi intimes, je crois que c’était plus simple pour moi de chanter les mots des autres. Aujourd’hui, je suis prête à faire entendre les miens.

J’ai l’impression qu’il y a eu plus de travail sur la partie instrumentale, pas vrai ?

Merci… Ça me touche parce que c’était l’objectif principal de ce disque. Les prods sur lesquels je chante, c’est devenu très important pour moi et ça demande beaucoup de travail. Bizarrement, je pense faire le chemin inverse pour mon prochain album : revenir vers une musique plus organique, genre pop-rock avec une vraie batterie, un peu dans la veine de “Tornade”.

Tu es en couple avec Florian Rossi (alias P3GASE) qui t’accompagne sur scène et cosigne les six nouveaux titres de Joie de vivre. Votre relation a-t-elle un impact sur la façon dont tu composes ta musique ?

Absolument ! C’est beaucoup plus simple… On se connaît par cœur, on a une vraie connexion et personne ne me comprend comme lui. Après, comme tous les gens qui travaillent ensemble — et comme tous les couples —, on n’est pas toujours d’accord mais on peut échanger un tas d’idées très facilement.

Ta vision de l’amour a beaucoup changé depuis “Avenir” en tout cas…

Ah c’est évident : “Avenir”, c’est une chanson de rupture que j’ai écrite à 15 ans au lycée… J’ai fait du chemin depuis ! J’ai aimé des gens dans ma vie mais je n’avais jamais capté qu’on pouvait ressentir de tels sentiments avant de rencontrer Florian. Ça ne m’était jamais arrivé de me réveiller tous les matins avec le smile, de me retourner et d’être heureuse. C’est quelque chose que j’ai cherché toute ma vie, je crois. L’amour, ce n’est pas simple tous les jours mais je ne vis que pour ça.

Fonder une famille, c’était important pour toi ?

Je suis passée par plusieurs phases à vrai dire… À un moment, j’étais convaincue que je n’aurais jamais d’enfant. Puis c’est devenu une évidence. Au début, j’étais stressée pour des petits trucs : comment on fait ceci ou cela ? Du stress de meuf maniaque… De maman quoi ! Mais au final, tout m’est venu très naturellement. Être mère, c’est une putain de révélation.

Tu n’as pas de mal à trouver l’équilibre entre ta vie de mère, de jeune femme et d’artiste à succès ?

Tu sais, être chanteuse, c’est une vie atypique mais tu restes juste une femme qui taffe. Et comme toutes les mamans qui travaillent, je m’organise. Hier soir, par exemple, j’étais en concert donc elle était avec son père. Finalement, j’ai même de la chance puisque je travaille rarement la journée — hors période de promo. J’ai la chance de la voir se réveiller tous les matins.

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Robe CHRISTOPHER KANE disponible sur ZALANDO.FR / Mesh Top ESTER MANAS / Bagues CHRISTIAN DIOR

Tu as récemment changé de management. Besoin de clore un chapitre de ta carrière ?

C’est particulier… Marc Hernandez et l’agence Villa Mederic m’ont suivie depuis mes 16 ans. J’ai vécu mon adolescence et le début de ma vie de femme avec eux — ils étaient presque mes parents de substitution. Ils m’ont protégée et tout appris. Je leur suis infiniment reconnaissante car c’est grâce à eux si je fais ce que je fais aujourd’hui. À un moment, nous n’étions juste plus d’accord sur la direction à prendre pour la suite alors nous nous sommes séparés en bons termes.

L’entourage, c’est important dans ce métier…

C’est essentiel : c’est ce qui permet de tenir la distance. Lorsque j’ai frôlé le burn-out après ma tournée en 2018, je n’aurais pas pu continuer si je n’avais pas eu les bonnes personnes autour de moi. Je sortais souvent de scène en pleurant, alors Marc [Hernandez] m’a dit qu’il fallait faire une pause. J’avais travaillé pendant quatre ans non-stop, enregistré deux albums, tourné deux films… J’étais épuisée. Au début, je l’ai mal pris — je ne voulais pas m’arrêter — mais ils ont eu raison. Cette pause m’a permis de me poser, de réfléchir et de proposer un album plus travaillé.

Tu as traversé des épreuves terribles au début de ta carrière. Le succès t’a-t-il aidée à aller de l’avant à l’époque ?

Ça ne m’a pas simplement aidée… Ça m’a sauvé la vie ! Ce qui a été difficile, c’est le jugement des autres. Encore aujourd’hui, c’est insupportable mais j’ai l’habitude. C’est une partie de mon métier — infime finalement — et qui vaut le fait de pouvoir faire des tournées et d’avoir mon public. Encore hier, une fille a pleuré dans mes bras… Ça vaut tout : les paparazzis, les gens qui crachent sur Twitter…

Comment ça se passe avec les médias ?

Ça dépend lesquels… J’ai beaucoup de mal à comprendre la presse people par exemple. De manière générale, j’ai l’impression qu’on retranscrit bien ce que je dis aujourd’hui. Mais ça ne s’est pas toujours passé comme ça. Au début, on me faisait dire des choses que je n’avais pas dites pour soulever des débats. J’ai grandi alors on ne me la fait plus. J’arrive à rectifier les propos, et dire lorsque je ne veux pas répondre à une question. Il n’y a plus de raisons pour qu’on me fasse dire quelque chose à mon insu.

Tu as grandi avec ton public. Comment expliques-tu le lien qui existe entre vous ?

Les choses que je raconte dans mes chansons, ce sont des choses que tout le monde vit d’une certaine manière. Mes histoires sont à la fois atypiques et banales. Je parle d’amour, de santé mentale… De sentiments qui nous traversent tou.te.s à un moment dans nos vies. Je pense que c’est la raison pour laquelle les gens se reconnaissent dans ma musique.

Une vie normale, si on enlève la célébrité…

La célébrité ? Mais je m’en fous de ça ! Moi je voulais faire quoi ? Être chanteuse. Je n’ai jamais aspiré à être connue. Je voulais chanter devant des gens, c’est mon rêve depuis toujours. Pourquoi est-ce que je parlerais de la célébrité ? Je n’en ai vraiment rien à faire. Hormis ça, je vis ma vie comme tout le monde. Il y a des choses que je ne peux pas faire — les courses par exemple — mais tu peux me croiser en terrasse, au parc avec ma fille… Ce sont ces interactions qui comptent vraiment. La cerise sur le gâteau, c’est que j’ai l’occasion de donner des concerts. Tout ce que j’ai vécu sur scène, ce sont des souvenirs qu’on ne pourra jamais m’enlever.

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Robe et bottes MIU MIU / Boucles d’oreilles D’HEYGERE / Sac ROGER VIVIER

Quel regard portes-tu sur tout ce chemin parcouru ?

Je suis très fière mais j’ai encore du mal à y croire : ça me paraît toujours aussi irréel. Rappelons-nous cinq secondes que je suis une gamine d’Hénin-Beaumont. Qu’est-ce que je fous à l’affiche de l’Olympia, sérieux ?

Tu seras bientôt de retour dans The Voice (version kids), en tant que coach ! Heureuse ?

Au début, j’avoue que c’était chaud. J’ai dû chercher ma légitimité dans le fauteuil… Je viens de cette émission, et je me vois toujours comme un talent, pas comme une coach. J’ai mis une bonne journée à m’habituer, et puis c’était parti. J’aurais eu plus de mal avec les adultes, mais les enfants, c’est tellement mignon ! J’ai envie de leur transmettre le love de la musique avant tout.

Tu as évoqué un quatrième album en route. Tu en es où ?

On est au tout début mais je sais où je vais : j’ai la direction et deux premières chansons. J’ai demandé à pas mal de personnes de m’entourer, et elles ont accepté de me suivre. Ça s’annonce comme l’un des trucs les plus cool que j’ai fait. Il y a un peu de retour aux sources, avec le retour de Dan Black par exemple, et il y a des trucs absolument dingues que je n’aurais jamais pensé possibles, comme — c’est vraiment une exclu que je te donne — la présence d’Ed Sheeran.

Et sinon, tu écoutes quoi en ce moment ?

J’écoute beaucoup les Strokes, Griff, Olivia Rodrigo… Je suis dans un gros délire pop-rock en ce moment : Oasis, les Pixies, Radiohead, Julia Michaels pour toujours, Declan McKenna… Le dernier album de Miley Cyrus. Happier Than Ever de Billie Eilish, j’adore. La scène française, j’aime bien mais j’écoute peu. Le dernier album que j’ai kiffé, c’est celui de Poupie. Sinon, j’aime beaucoup ce que fait Clara Luciani.

ALLO LOUANE ?

Les questions de fans à l’iconique Louane par @indeciseoan @laubilou @marina.papin @evee_mrd.

Ton public en un mot ?

Quedulove !

Où est-ce que tu te vois dans dix ans ?

Sur scène, j’espère ! J’espère que je serais une bad mom grave stylée.

Comment restes-tu aussi simple ?

J’ai des sœurs qui m’envoient des éponges dans la gueule en me disant d’aller faire la vaisselle. Et ça marche vachement bien. Mes potes n’hésitent pas à me rappeler à l’ordre quand il faut. C’est l’entourage qui t’aide à garder la tête froide.

As-tu déjà eu envie de tout arrêter ?

Jamais. J’ai eu envie de faire des pauses mais jamais de tout arrêter. Il n’y a rien de mieux que ce métier sur Terre.

La chanson la plus évidente à écrire ? La plus compliquée ?

La plus évidente, bizarrement, ça a été “À l’autre” qui parle de ma mère et de ma fille. Le texte a filé en une heure. La plus difficile, c’est “J’peux pas” parce que j’étais vraiment jeune et très triste.

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Trench et collants JEAN PAUL GAULTIER

La chanson que tu préfères jouer sur scène ?

En vrai, je peux donner mon top 3 ? “Nos Secrets”, qui a été écrite par Gaëtan Roussel ; “Nuits pourpres”, qui vient de Julien Doré ; et “Nous” que j’ai coécrite avec Dan Black sur mon premier album. C’est aussi l’une des préférées des fans, et ça va être un vrai moment sur scène. On va jouer une version inédite avec un couplet en plus et une nouvelle instru.

Avec qui aimerais-tu enregistrer un duo ?

Avec Clara Luciani, sans hésiter. À l’international, tout le monde le sait maintenant : Ed Sheeran.

Photographe : Matthieu Delbreuve @matthieu_delbreuve répresenté par KAPTIVE
Assistant Photographe : Matthieu Lescop
Styliste : Tiphaine Menon
Assistante Styliste : Manylak Themany
Set Designer : Sylvain Cabouat
Assistante Set Designer : Elisa Schmidt
Maquilleur : Gregoris Pyrpylis
Coiffeur : Rudy Marmet
Manucure : Eve Benzaquen
Journaliste : Thémis Belkhadra
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Louane : "L'amour, je ne vis que pour ça."

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