As-tu ressenti une certaine pression en représentant le drag français lors de l’émission et, du coup, en devant être impeccable dans le domaine de la mode ?
Pas vraiment car pour moi, la mode, c’est avant tout le plaisir. Je ne suis pas là pour représenter la prétendue “supériorité” de la mode française à travers le monde, je m’en fous complètement. Pour moi, la mode est censée m’exciter d’abord et ensuite, si elle vous excite en cours de route, tant mieux, sinon… c’est votre problème ! J’aime fusionner, j’aime montrer que la mode passe aussi par différentes références… Être capable d’apporter ce côté “subculture” dans la mode est aussi quelque chose que j’adore. Quand les gens se disent “Wow, elle ressemble à un personnage d’anime, mais elle me rappelle aussi cette collection de Christian Dior”, ça peut embrouiller leur cerveau et leur montrer que la mode est vraiment ce que vous voulez en faire. C’est quelque chose dont je suis vraiment fière maintenant. Que ce soit représentatif de la France ou non, je m’en fiche.
Mais ne te méprends pas, j’aime célébrer l’histoire de la mode française. J’aime rendre hommage à nos grandes icônes comme Azzedine Alaïa, Thierry Mugler ou même Coco Chanel. Il y a beaucoup d’éléments de cette culture dont je peux dire légitimement : “Ceci est une référence à mon histoire, à mon pays, à ma mode…” Seulement, je ne peux pas rester que là-dedans sinon je ne serais qu’un mannequin, et la drag est censée être amusante. C’est une fantaisie. Je suis ici pour être une clown de la mode, pas juste une reine de la mode.
La question inévitable que l’on pose à tous les anciens candidats de l’émission : serais-tu prête à concourir de nouveau ?
Au début, après mon passage lors de la saison 12, je me suis regardée dans le miroir et je me suis dit : “Plus jamais ça, ce n’est pas pour moi.” Je suis quelqu’un qui suit son propre chemin, je suis une arnaqueuse et j’ai pu créer ma carrière à partir de rien, en quittant la France pour l’Amérique par mes propres moyens. Mais lorsqu’il s’agit de se mesurer à des gens, je pense que je n’avais pas le bon état d’esprit. C’était très éprouvant, surtout pour une étrangère dans une émission américaine. Maintenant, j’ai l’impression d’être une personne complètement différente. Je suis beaucoup plus confiante. Je sais ce que j’aime, ce que je n’aime pas. Je sais aussi qui j’aime et qui je n’aime pas. Et donc je pense que je serais capable de mieux gérer cette pression si je devais concourir à nouveau.