Rebootée
“Les premiers mois de confinement m’ont permis d’envisager des choses auxquelles je n’aurais pas pensé, explique-t-elle. J’ai eu envie d’explorer un univers plus brut, plus authentique… Plus sombre aussi, peut-être.” Pour y parvenir, elle s’entoure d’abord de Sam Tiba (un quart du crew nordiste Club Cheval, signature emblématique du label Bromance), producteur parmi les plus réputés de la scène club française, connu pour son cocktail de musique électronique sombre, de house et de UK bass futuriste, mais aussi pour ses beats pour les stars du rap français comme Zola. Entre les deux artistes, l’alchimie opère dès la première rencontre, en octobre 2020 : “On ne s’était encore jamais vus et je n’avais jamais travaillé en studio. Tout était réuni pour que je me sente mal à l’aise et pourtant, le courant est tout de suite passé. Il m’a fait écouter plusieurs démos et j’ai commencé à écrire “Comment tu vas finir”. Si j’arrivais à sortir un morceau aussi cul avec un mec que je ne connaissais pas la veille, c’est que j’avais trouvé la bonne personne. Aujourd’hui, c’est un de mes amis les plus proches.”
Ensemble, Charline et Sam ont redéfini l’univers de Vendredi sur Mer. Les amoureux des débuts retrouveront sa signature 80’s sur des morceaux comme “Le Lac”, “Dormir” ou “Déçue”. Pour le reste, la Suissesse se montre bel et bien métamorphosée. Si Premiers Emois, entièrement produit par Lewis Ofman, se concentrait sur des sonorités empruntées au siècle dernier, Métamorphose convie un panel de neuf producteurs pour une explosion de saveurs musicales. “J’avais envie d’influences variées, et Sam savait précisément à qui s’adresser.” Myd, Canblaster… Sam Tiba invite ses acolytes du Club Cheval, dignes héritiers de la saga French Touch, mais aussi Joseph Schiano di Lombo et Saint DX de Cracki Records ou Apollo Noir pour un casting original mais efficace et 100 % frenchy. Avec eux, Charline s’essaie pour la première fois au travail collégial en studio : “C’était intimidant au départ, mais on s’est tous très bien entendus. Les gens venaient, repartaient… Sur dix heures de session, il y en avait toujours trois ou quatre qu’on passait à se marrer. Cette ambiance m’a permis d’être en confiance, d’essayer de nouvelles choses. De chanter un peu plus aussi.” Galvanisée par le talent de ses collaborateurs, elle flirte avec la techno sur “Désabusée”, le R&B d’avant-garde sur “Mâle à l’aise” et embrasse une pop bubble-gum sur “Monochrome” – trois titres parmi les plus surprenants (et réjouissants) du disque. Intense et rythmé, l’ensemble reprend son souffle avec “S’il est” et “Dis-moi”, deux ballades éthérées et introspectives. Douze titres et au moins le double d’influences : Métamorphose est un disque fédérateur, qui précise l’univers de son autrice et diversifie son registre. Défi relevé.