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Culture & Lifestyle

Est-ce que ma génération est plus engagée que les autres ?

Écolo, végan, politisé, militant, artiste… C’est bien toi qu’on a spotted dans les manifs ou derrière les # qui changent le game. Voici trois visages à follow direct pour s’engager doucement mais sûrement.

Avec tous les bouleversements de ces dernières années – dois-je vraiment préciser le quid ? –, je me suis de plus en plus retrouvée à scroller sur les réseaux, entre les comptes de @préparezvouspourlabagarre ou de @pépitesexiste, pour “rire” des stéréotypes et autres aberrations médiatiques. Pareil, si j’étais plutôt réticente aux manifestations, je me retrouve à me motiver, quitte à assumer mon mal de tête dominical. Et j’ai l’impression de ne pas être seule. Enfin, presque plus. Toi aussi, tu es toujours prêt.e à lever la voix quand quelque chose te déplaît et tu n’as pas l’habitude de te laisser faire. Rien d’étonnant, on est 70 % de la Gen Z à avoir déjà changé nos habitudes pour y insuffler du sens, selon une étude menée par le magazine Forbes. Qu’il s’agisse d’injustices, d’habitudes, de prises de parole, le monde de demain est entre nos mains, manucurées pour ma part, prêtes à secouer les mentalités sclérosées. Grâce aux réseaux, aux médias, ou même au star-system, la parole se libère. Voici des portraits puissants ambiance (R)évolution qu’on a particulièrement eu envie de mettre en lumière. Respect !

 

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Thaïs Klapisch, 21 ans, activiste féministe, cofondatrice de WE ARE SAFE PLACE

A la fois cofondatrice de l’association WE ARE SAFE PLACE depuis 2016 et d’une agence de talents 100 % féminins, Good Sisters, Thaïs mène son combat depuis le lycée. Devenu un geste inné depuis la création de ses comptes, elle multiplie les actions aux côtés d’autres femmes inspirantes qui prouvent qu’un engagement concret permet de changer les mentalités. On a envie de dire… Who run the world ? GIRLS ! Si rien n’était pourtant prévu, les conséquences de son engagement sur sa vie ont été radicales. “À la base, je n’ai pas eu conscience de l’impact de notre action. À 16 ans, on a lancé un compte Insta sous le nom @wearesafeplace avec des copines à la suite d’un acte grave que j’ai subi. En quelques heures, on a reçu des centaines de messages. On ne s’attendait absolument pas à un tel engouement. L’association est née d’un besoin à un moment précis, il fallait agir pour libérer la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles ! D’une expérience personnelle, de multiples autres se sont ralliées, on s’est rendu compte de l’importance d’être écoutée, entendue et surtout crue. Puis il y a eu #MeToo, et tout s’est enchaîné.” 

Préambule impromptu, Thaïs a senti avec de l’avance un cri partagé par des milliers de femmes. La militante estime que le monde a changé d’un seul coup, avec le hashtag – #MeToo –, et qu’au début, elle n’a pas eu conscience d’être “activiste”. “Je voulais surtout insuffler du sens dans ce que j’entreprenais. Aujourd’hui, c’est différent, tous.tes mes ami.e.s ont cette même envie d’action, de militantisme. Si je ressens un manque, j’agis pour essayer de trouver une solution avec mes proches, c’est de là qu’est né Goodsisters.files. Lorsque j’ai rencontré Piu Piu et Andy4000, on a perçu un manque d’inclusivité dans les agences de talents d’où la création de notre entreprise 100 % féminine. Être féministe aujourd’hui est plus que nécessaire, j’espère lutter à ma manière contre certaines injustices.” Grâce à des séminaires, des soirées pour permettre les rencontres, les échanges, les débats au sein d’espaces comme la Montgolfière, Thaïs travaille à faire évoluer les mentalités à travers une structure safe, faite par et pour les femmes ! 

D’une expérience personnelle, de multiples autres se sont ralliées, on s’est rendu compte de l’importance d’être écoutée, entendue et surtout crue. Puis il y a eu #MeToo, et tout s’est enchaîné.

Camille Etienne aka @graine_de_possible, 23 ans, activiste pour la justice sociale et climatique

Si l’on grossit un peu le trait, l’exemple de Greta Thunberg a révolutionné l’image de la manifestante. À 14 ans, stopper l’école pour faire valoir l’urgence climatique et mettre une claque aux visages des politiques : le message est fort. Perso, j’ai été épatée, me voyant encore acheter mes filets de dinde au supermarché, naviguant sur les sites de comparateurs de vols pour un week-end à Nice. La vague écolo déferle fort sur les mentalités et on a de plus en plus de mal à éviter le sujet – et c’est pour le mieux. Selon le Deloitte Global Millennial Survey de 2020 présenté dans le magazine Forbes, “70 % des personnes interrogées ont déjà pris des mesures dans ce sens. […] Pour la génération Z, l’environnement est également la priorité, suivi par le chômage et le harcèlement sexuel”. Le climat reste le combat phare et Camille est devenue une figure de proue de cette lutte face à l’inaction politique : 

“J’ai grandi proche d’un parc national préservé, sans avoir eu de déclic particulier, mais évoluer au sein d’une nature respectée a joué dans mon combat. Mon arrivée à Paris m’a poussée à prendre conscience du décalage entre les différents milieux et l’accès à une justice sociale. Non, tout le monde n’est pas égal mais on peut agir : l’éducation est un pouvoir. Le premier pas ? Regarder son empreinte carbone. La prise de conscience est immédiate, j’ai arrêté de prendre l’avion à partir de ce moment, j’ai envisagé un régime non carné et surtout, je me suis mise à communiquer ! Je me suis rendu compte que l’on subissait les prises de décision des plus grosses multinationales : il faut changer les modes de production par des actions collectives. Certes, je reste jeune, mais l’activisme ne dépend pas de cela ! 

L’un des motifs principaux qui nous démotivent parfois ? On a souvent l’impression que c’est compliqué d’être écolo. Aujourd’hui, les réseaux sont un moyen de communication très efficace. “Je ne réalise pas forcément ma notoriété mais aujourd’hui, l’urgence climatique nous concerne tous.tes plus que jamais, c’est le combat de notre siècle ! On a des moyens de revendication simples. Si je suis activiste ? Oui. Mais on l’est tous ! Il faut se forcer à voir le monde à travers le prisme d’une urgence, sans se dire que c’est aux mains d’une minorité, et pousser nos représentants à tenir leurs promesses, comme avec la Convention citoyenne pour le climat.”

 

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Car il y a de multiples actions accessibles à tous.tes pour faire ses premiers pas sans avoir l’impression d’être useless. Faire son bilan carbone, aviser, s’activer… Et y croire ! Camille aime se considérer comme un garde-fou de la démocratie, libre et indépendante, même si “la politique, pour le coup, je me sens encore trop jeune !” Et pour ce qui est de ses détracteurs : “Les haters ? La haine est la réponse à la peur, tant pis pour eux !”

L’excuse de ‘Je n’étais pas au courant’ en 2022, c’est mort !

 

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Shigo, 18 ans, activiste queer, membre de la House of Ladurée

Ébranlé depuis son plus jeune âge par un racisme chronique, Shigo a souffert toute son adolescence dans une Espagne ultra-conservatrice. Des souvenirs humiliants qui l’ont poussé à agir contre les injustices, aidé par des rencontres décisives. “Dès mes 16 ans, j’ai été adopté par ma godmother de la House of Ladurée, Matyouz, ça a été une délivrance pour moi. On est la première house en France, et de ce fait, on a des missions réelles : le voguing, ce n’est pas juste une danse, c’est un mouvement culturel à l’histoire puissante. On doit perpétuer les valeurs de nos prédécesseur.e.s qui se sont battu.e.s. Être noir et gay en France, c’est un combat. Lorsque j’ai rejoint mes frères et sœurs de la ballroom scene, il y avait des light skins, des dark skins, des efféminés, des masculins, des trans : pour la première fois, je ne me suis pas senti seul. J’ai alors compris l’impact que l’on pouvait avoir par notre communauté, par notre force, par notre vision.” 

Un des principaux objectifs de Shigo, à juste titre, est de défendre les minorités au sein même de la communauté LGBTQI, dont il souligne parfois les dérives et les propos outrageants. “Les balls ont été créés par des femmes trans qui étaient elles-mêmes rejetées par les personnes LGBTQI. Aujourd’hui, je refuse toute discrimination et je me bats pour éduquer le plus possible la société via mes réseaux. J’ai tout de suite voulu parler des sujets forts comme les agressions du bois de Boulogne pour leur offrir une voix. Si c’est difficile d’être un porte-parole ? Ce n’est pas un choix. Même si ça nuit à mon image, c’est le minimum possible. Être activiste, ce n’est pas une mode… Tous les jours, on porte des messages, on subit des injustices, on risque nos vies. Aujourd’hui, j’ai envie de livrer un activisme artistique via la danse, la musique, les vêtements, les balls, et pourquoi pas à terme ouvrir une fondation pour les enfants qui se poseraient des questions.” 

Son but ? Que les enfants vivent dans un meilleur monde que celui dans lequel il a vécu, sans traumatisme, sans peur et fiers de s’assumer sans devoir passer leur temps à éduquer les ignorants. Hors de question d’avoir à expliquer à un homme violent et raciste pourquoi il agit mal. “L’excuse de ‘Je n’étais pas au courant’ en 2022, c’est mort !” 

Quand le militantisme devient modeux

Au taquet sur les questions identitaires et le droit des femmes, sur les rambardes des manifestations, et au front quant aux questions écologiques, rien d’étonnant à ce que la jeunesse cristallise les nouvelles obsessions des marques. Valentin Etancelin, journaliste culturel et mode au HuffPost, décrit cette ambiguïté : “Plus connectée que jamais, la Gen Z est aussi sensible aux questions qui ont trait à la santé mentale et à l’écologie qu’à la mode et aux tendances grâce à l’ultraconnexion. Ce qui en fait une cible parfaite.” Parce que la Gen Z est allergique à la notion de genre, le marketing s’immisce dans ce combat et se pose alors la question des washings. Traduction ? La récupération d’un mouvement pour le rendre le plus lucratif possible. 

Prenons l’exemple du terme “queer”, que la mode a décidé d’exploiter au maximum, quitte à y laisser des plumes : “S’il s’agissait d’une insulte à l’origine, le mot queer est aujourd’hui plus populaire que jamais. Mais mettre Harry Styles, cisgenre blanc, en une, le tout en jupe, c’est en réalité un pinkwashing. Embrasser une masculinité décomplexée ? On assiste en réalité à l’invisibilisation des codes de la communauté gay, c’est-à-dire reprendre les emblèmes des communautés marginalisées et les vider de leur connotation politique. Le marketing voit dans cet acte un outil infaillible, mais sûrement pas les concerné.e.s qui risquent leur vie en se vêtant comme tel”, souligne le journaliste.

Et cette réappropriation des codes du militantisme ne s’arrête pas là. La pop culture et les médias se sont fait les avocats de ces nouvelles formes d’activisme, quitte à en dénaturer l’essence. La sociologue et journaliste Alice Pfeiffer analyse cette réappropriation des mouvements minorés : “En gros, c’est de l’inclusivité/diversité washing. Il faut faire attention au militantisme du dimanche. La tendance woke a généré sa propre tendance néolibérale : on te vend ta propre rébellion avec le package valeur, appartenance… Quand certaines marques sortent des t-shirts engagés avec slogans, on a du mal à s’enthousiasmer.” Moralité ? Toujours remettre en perspective son engagement et ses certitudes car la limite est parfois poreuse entre les intentions et la réalité. 

Alors, si l’on salue le militantisme, attention à ne pas confondre les combats. Le monde de demain est-il réellement meilleur ? Bon, j’avoue, j’ai pas la réponse à la question. Alors oui, on te comprend, pas facile de garder le smile avec toutes les dernières news mais en vrai, à bien y regarder, tu peux trouver des persos qui te poussent à devenir “une meilleure version de toi-même”, ou en tout cas à prendre part à la marche, en rythme et attitude de préf’ !

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