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I LOVE ROCK’N’ROLL: Pourquoi 2023 est l’année du rock

Avril Lavigne, Depeche Mode, Yves Tumor, Måneskin… : entre come-back de légendes et nouvelles têtes brûlées, le rock fait définitivement son retour cette année. Comme un air de révolte qui flotte…

Depuis quelques semaines, plus un vendredi ne passe sans que les charts ne soient bousculées par de nouvelles visions rock. Après s’être fait plus discret pendant quelque temps, laissant la place à la pop et aux musiques électroniques, il fait son retour cette année plus fort que jamais. Led Zeppelin, Metallica, Blink-182, Red Hot Chili Peppers, Avril Lavigne, Depeche Mode, Fall Out Boy… La liste des grands noms de l’histoire du rock qui ont annoncé un come-back ces derniers mois est impressionnante. Face à eux : Willow, Yungblud, Yves Tumor, Ashnikko ou Måneskin. Une nouvelle génération imprégnée par 70 ans de rock music et pour laquelle les genres ne sont plus que de l’histoire ancienne.

“Rock’n’roll is here to stay, it will never die.” David White n’aurait pas pu mieux dire, pas vrai ? D’Elvis à Måneskin, du Grateful Dead à Lil Yachty, de Nirvana à Yves Tumor ou d’Avril Lavigne à Demi Lovato : le rock a pris bien des formes et porté bien des noms, mais son esprit n’a jamais vraiment quitté les charts depuis son apparition dans les 50’s. Mais pour comprendre pourquoi il revient aujourd’hui, il faut d’abord que je te parle de ses origines.

SMELLS LIKE TEEN SPIRIT : le son de la révolte

Années 50, en plein mouvement pour les droits civiques, le rock(’n’roll) s’inspire du rhythm’n’blues afro-américain et jette un vent de rébellion sur l’Amérique puritaine et ségrégationniste. Une double révolution incarnée par les figures que sont Chuck Berry ou Elvis Presley, critiqué tant pour sa proximité avec les musiciens noirs que pour l’impudence de ses performances. Dans sa thèse intitulée Rock’n’roll in the 1950s: Rockin’ for Civil Rights, le chercheur Eric Vaillancourt écrit : “Les parents n’aimaient pas l’influence et le message du rock’n’roll. […] Ils n’aimaient pas la rébellion que celui-ci était accusé d’inspirer. L’un de ces actes de rébellion était un changement d’attitude envers les Afro-Américains. Les jeunes Blancs écoutaient une musique non seulement inspirée par, mais souvent performée par des musiciens noirs – embrassant une culture qui était interdite dans nombre de leurs foyers.” Si tu as déjà maté la comédie musicale Hairspray, tu vois sûrement de quoi il parle. Sinon, ce discours du révérend Jimmy Snow te donnera une idée de l’absurdité avec laquelle certain.e.s s’étaient dressé.e.s contre l’énergie du rock’n’roll à l’époque

Au gré des générations, des mouvements sociaux et des évolutions technologiques, le rock a muté : le psyché contre la guerre du Vietnam, l’arrivée du punk contre la politique conservatrice de Thatcher, le combat féministe des riot grrrls dans les années 90… Bref : à chaque époque son combat et son rock.

DON’T WANNA BE AMERICAN IDIOT : du rock au pop-punk

Dans les années 70, une partie de la scène devient populaire – et le show prend le pas sur le message politique. Queen remplit des stades, les Rolling Stones sont poursuivis par les paparazzis et on entend du rock sur la BO de Top Gun… Au cours des années 90, l’opposition entre le heavy metal, le grunge de Nirvana ou l’indus’ de Nine Inch Nails, puis l’arrivée du pop-punk de Green Day et Blink-182 traduisent une vraie scission de la scène. Le rock squatte les ondes de MTV, il résonne en background des teen movies américains… Bref, il devient mainstream, pour le meilleur et pour le pire. Et tandis que les masses découvrent le plaisir fou d’un riff de guitare saturé, une partie du public d’origine se désintéresse du genre.

Les années 2000 poursuivent cette trajectoire avec l’arrivée d’Avril Lavigne, Simple Plan ou Fall Out Boy ; mais aussi du personnage iconique de Peyton Sawyer, dont les playlists rock old school rythment les aventures des Frères Scott sur la chaîne ABC. Contre toute attente, le genre trouve même sa place sur Disney Channel avec la multiplication de franchises mettant en scène des semi-misfits aux cheveux ébouriffés et aux Vans usées. Après avoir incarné le personnage principal du film Camp Rock, Demi Lovato devient la mini-rock star incontestée de l’écurie en publiant plusieurs albums aux lyrics rebelles entre deux tournages : “Who said I can’t wear my Converse with my dress ? Oh baby, that’s just me.”

 

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Face à ce glissement populaire, le rock originel – qui ne meurt jamais, t’as capté – redevient une musique alternative, voire de niche. Le rock anglais persiste avec les Libertines et les Strokes ; mais c’est surtout l’arrivée de MGMT, des Queens Of The Stone Age, de Sigur Rós et, plus tard, le triomphe des Arctic Monkeys qui le ramèneront au top.

CAN I GET AN ENCORE ?! DO YOU WANT MORE ?! : sauvé par le rap

À la fin des années 90’s, tu écoutes soit du rock, soit du rap. Pourtant, les deux écoles partagent plus de points communs qu’il n’y paraît : des musiques nées dans l’underground afro-américain toutes deux liées à une révolte sociale. Run DMC cherche à le démontrer en collaborant avec Aerosmith avant la formation de Rage Against The Machine ou de Linkin Park – dont la musique était décrite comme du “rap’n’rock” par le LA Times en 2001.

Et ce qui devait arriver arriva… Pour la génération Y2K, le rock ne paraît plus si subversif et le rap, qui suscite les mêmes critiques que son ancêtre à ses origines, s’impose comme la nouvelle alternative. Plus les médias le stigmatisent, plus il prend de l’ampleur, et les rappeurs deviennent peu à peu les rock stars du nouveau millénaire. Sur scène, les DJ remplacent les musicien.ne.s et les Perfecto laissent place aux combos sneakers/snapbacks. Nothing lasts forever…

Mais bizarrement, si le rock est aujourd’hui de retour dans nos playlists, c’est peut-être parce que les rappeurs se sont assurés de keep its spirit alive. À travers l’usage des samples bien sûr, mais pas seulement. Au sommet de sa gloire en 2010, le rappeur Lil’ Wayne publie Rebirth, un album rap inspiré par le pop-punk sur lequel figure le hit “Knockout” en featuring avec Nicki Minaj. Un rap édulcoré sur des guitares saturées : c’est pas fou mais c’est du jamais-vu. Weezy plante à ce moment une graine qui germe quelques années plus tard avec l’avènement de l’emo trap de Lil Peep, XXXTentacion et Juice WRLD.

En 2018, Post Malone enfonce le clou avec son morceau “Rockstar” et, quelque temps plus tard, il est (avec Machin Gun Kelly) l’un des premiers artistes à opérer une véritable transition de la trap vers le rock. En 2020, il déclarait : “J’ai envie de sortir de ma zone de confort ; peut-être faire du rock, de la country, ou mélanger tout ça parce qu’il n’y a plus de genres aujourd’hui, ce n’est que de la musique.” Une observation très juste puisque, en face, des artistes comme Ghostemane ou Polyphia font le chemin inverse et introduisent des éléments trap dans leur musique nu-metal.

ALL IN ALL, IT’S JUST ANOTHER BRICK IN THE WALL : renaissance

Pour les artistes de la nouvelle décennie, ça fait déjà longtemps que les genres n’ont plus aucun sens. Jette un œil à la discographie de Willow, par exemple, qui passe de pop maximaliste à conceptuelle, puis de l’indie-rock au nu-metal… Avec la victoire du streaming sur la FM, le genre a comme perdu sa raison d’être. Une classification dépassée par l’innovation d’artistes visionnaires (PC Music, Grimes ou Mykki Blanco par exemple), et la précision d’algorithmes capables d’associer des morceaux en fonction de leur énergie. Il ne s’agit plus de rap vs rock, ou de jazz vs soul mais juste d’émotions, d’ambiances et de cocktails d’influences propres à chaque artiste. Je te mets au défi de ranger la musique de Billie Eilish dans l’une de ces cases : pas si simple.

L’hyperpop a joué un rôle crucial dans le retour du punk et de l’emo en amenant des artistes animé.e.s par une remise en question plus radicale du patriarcat, de la technologie, du genre, de la sexualité ou de l’industrie musicale comme 100 Gecs, Ashnikko ou Dorian Electra. En 2020, la victoire de Måneskin à l’Eurovision lançait également un message clair : glam-rock is still alive ! En janvier, c’est le rock psyché qui réveillait ses fantômes avec l’étonnant et excellent Let’s Start Here de Lil Yachty. Et pas plus tard que la semaine dernière, Yves Tumor publiait l’un des plus beaux albums de la saison en livrant ses confessions sur une débâcle de guitares grunges.

Ce qui me fascine dans tout ça, ce ne sont pas seulement les motifs qui se répètent en musique, mais le dialogue intergénérationnel caché derrière. Quand Austin Butler incarne Elvis Presley, quand Metallica résonne dans l’Upside Down de Stranger Things, quand Avril Lavigne feate avec Willow ou que Tom Morello pose son solo sur un morceau de Måneskin, tu vois que le rock n’est pas juste un genre musical, mais qu’il porte en lui près d’un siècle d’histoire de l’humanité, d’antiracisme, de progressisme et de remise en question des normes sociales.

Après deux ans de pandémie et d’isolation, alors qu’un nombre incalculable de soulèvements prennent forme partout sur la planète, le rock avait toutes les raisons de revenir en force. Un air de révolte qui a inspiré son retour protéiforme : Travis Barker et Avril Lavigne ont déjà lancé les festivités pour le pop-punk, et devraient bientôt être suivi.e.s par Green Day et Sum 41. Foo Fighters, les descendants de Nirvana, ont sorti un nouvel album en mars, comme Depeche Mode. Les rois du heavy metal, Korn, seront eux aussi de retour cette année. Bref : la croisade est lancée, et tu peux compter sur ces artistes pour refaire ta playlist pour les quinze prochaines années. So sing it… I love rock’n’roll !

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