Mode

Es-tu ready pour la mode digitale de DRESSX ?

Rencontre avec Daria Shapovalova et Natalia Modenova, les deux fondatrices ukrainiennes de DRESSX, qui signe officiellement ta garde-robe du futur.

Lucas Dias / 29 août, 2022

Au début, ça peut faire peur à certain.e.s (moi compris) d’imaginer un monde où la vie numérique serait si complète et indépendante de son pendant physique qu’il te faudrait une tenue adaptée. Mais avec le métavers et les NFT, le concept de garde-robe numérique est devenu beaucoup plus palpable. Si tu sens perdu.e dans tout ça, t’inquiète pas. On a rencontré Daria Shapovalova et Natalia Modenova, les génies ukrainiennes à l’origine de DRESSX, la toute première plateforme qui permet d’acheter et stocker des vêtements qui n’existent que dans l’univers numérique, la nouvelle frontière de la mode. Elles t’expliquent tout ce qu’il faut savoir sur ce qui sera bientôt notre new normal.

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Comment est née DRESSX ?

Daria Shapovalova : Elle est née du désir de créer une entreprise qui changerait quelque chose dans l’industrie de la mode à grande échelle. Nous avons commencé à travailler ensemble il y a longtemps, en Ukraine. D’abord à la Mercedes-Benz Fashion Week à Kiev, puis dans notre showroom à Paris où nous nous sommes lancées après la première offensive russe sur l’Ukraine en 2014.

Donc, fondamentalement, il y avait beaucoup de choses qui nous semblaient mauvaises, pas au point, et nous avons vu une opportunité de les améliorer. Puis, en parlant avec des acheteurs et la presse, nous avons compris qu’il y avait beaucoup de gens qui achetaient des vêtements juste pour la création de contenu, pour être montrés uniquement en ligne et ne pas être portés à nouveau. Donc nous avons eu une sorte de révélation et nous avons réalisé qu’en fait, il serait tellement plus logique pour les gens d’acheter des choses numériques et de les poster sur leur compte Instagram. Cette expérience nous a permis de comprendre que la prochaine frontière de la mode était la mode numérique, qui, selon nous, deviendra une sorte de point d’entrée dans le secteur, à l’instar de ce que la beauté et le parfum ont représenté pour de nombreuses marques de mode. Le feedback de l’industrie était étonnamment bon il y a deux ans déjà, et depuis, comme nous le savons tous.tes, la conversation a complètement changé lorsque le sujet du métavers a été mis sur la table. Cela s’est fait de manière très naturelle.

Pensez-vous que la conversation sur la mode numérique a atteint un pic pendant la pandémie et qu’elle ralentit aujourd’hui avec le retour à la vie “normale” ?

Daria : Peut-être que nous avons cette impression parce que nous sommes dans le secteur, mais selon nous, la dynamique ne fait que commencer. C’est une formidable opportunité pour les marques de travailler différemment. Si l’on prend l’exemple de la façon dont elles travaillent avec les influenceur.se.s, il y a là une opportunité de développer des campagnes numériques sans leur envoyer de vêtements, en se concentrant sur des campagnes uniquement numériques et en créant du contenu directement destiné aux consommateur.rice.s. Nous constatons donc un grand intérêt de la part des marques, même sans la “nécessité” de développer des événements et des campagnes numériques.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la plateforme et ce qu’elle cherche à réaliser dans le monde digital de la mode ?

Natalia Modenova : Nous proposons un format de “méta-closet”. Sur l’App Store, notre application s’appelle DRESSX Meta Closet. Il s’agit de ta garde-robe de vêtements numériques. Et pourquoi Meta Closet ? Parce qu’il va partout. Ce dressing voyage avec toi dans tous les espaces numériques où tu te trouves et te donne en quelque sorte l’occasion de changer ton image, de changer ton style, de t’exprimer, de montrer ton identité numériquement à travers ce nouveau langage de la mode digitale.

La mode numérique est quelque chose qui est déjà présent dans les réseaux sociaux tels que nous les connaissons aujourd’hui. Sur Instagram, tu peux ajouter de la mode à tes photos, ce qui est une option beaucoup plus durable. C’est un point qui nous a beaucoup motivées lorsque nous avons lancé DRESSX : la mode numérique est plus accessible d’une certaine manière, elle est meilleure pour la planète et les marques sont très intéressées par l’idée de créer des collections strictement numériques avant les collections physiques. Nous pensons que, bientôt, chaque personne aura une “armoire méta” et que chaque marque aura une collection numérique. Notre mission est d’aider les marques à lancer les client.e.s de la mode numérique, car celle-ci a le potentiel pour devenir un point d’entrée vers la mode et l’univers de nombreuses marques de luxe. Nous pensons que la mode numérique deviendra une catégorie dans l’offre de produits de ces marques, tout comme les baskets le sont devenues il y a quelques années.

C’est intéressant de considérer la mode digitale comme un outil qui viendra s’ajouter au monde tel qu’on le connaît et qui ne remplacera pas l’artisanat physique. J’ai l’impression qu’au sein de cette conversation, il y a toujours cette crainte de ne vivre que des vies numériques et que le monde ne sera plus ce qu’il est aujourd’hui, ce qui est assez effrayant…

Natalia : C’est la première chose que nous avons dite au début de DRESSX : la mode numérique n’est pas là pour remplacer la mode physique, mais pour en être un outil supplémentaire. Les gens pourront toujours choisir d’acheter quelque chose en numérique ou en physique, les deux coexisteront. Nous n’essayons pas de nous battre avec les marques physiques ou de dire qu’elles sont toutes dépassées ! Il y a tant de beauté, de culture et d’héritage, et tant d’autres choses qui entrent dans la fabrication de la mode. C’est tellement excitant de voir qu’il y a cette opportunité pour les créateur.rice.s de travailler dans l’un, dans l’autre ou dans les deux mondes, et d’utiliser les moyens du second, par exemple, pour essayer de les fusionner ou de les rendre plus excitants en coexistant.

A quoi ressemble le processus de création et de développement des vêtements numériques ?

Natalia : Le processus est en fait très proche des processus créatifs de l’industrie des jeux vidéo lorsqu’il s’agit de développer des “skins” (articles ou vêtements que tu peux acquérir dans les jeux pour changer l’apparence de ton avatar, ndlr). Nous avons donc des peaux pour notre vie physique et des skins pour le numérique. Tout part de l’idée et du concept de la tenue, comme un croquis de mode que le directeur de création d’une marque développe pour son équipe. Puis, ce vêtement sera construit dans la vie réelle. Il s’agit en fait d’un processus très similaire ici, qui part du croquis et va ensuite à l’équipe 3D pour être développé et créé en format 3D.

Une fois ce processus terminé, le vêtement devra être ajusté en fonction de la plateforme sur laquelle il sera présent. Par exemple, nos articles disponibles dans Roblox ont un type de style complètement différent de celui qu’ils auront sur Snapchat. Il s’agit d’un résumé très bref du processus, mais le processus de développement des collections numériques est en fait assez similaire à la façon dont nous créons des vêtements physiques. Ce n’est pas comme si nous cliquions sur un bouton et que tout était terminé (rire), il faut vraiment du talent et de la technique pour développer ces articles.

Comment pensez-vous que les vêtements numériques vont changer l’industrie de la mode ?

Daria : Nous constatons qu’ils font déjà partie du dialogue de la mode en général. Nous constatons de plus en plus que le numérique influence le physique et que le physique influence le numérique dans la mode sous de nombreuses formes. Tout dépend donc de la technologie et de ses progrès. Les vêtements numériques sont encore un peu un sujet d’initiés, mais il est naturel qu’à mesure que ces technologies continueront à faire avancer la mode, elles entreront dans le langage courant.

Les choses ont déjà commencé à changer dans le secteur plus traditionnel de la mode. Même si toutes les marques n’utilisent pas la mode numérique, de plus en plus de personnes en parlent et essaient de réfléchir à ce qu’elles peuvent faire ou comment elles peuvent l’utiliser. Il est également naturel que ce soit la voie à suivre puisque c’est là que se trouvent déjà les jeunes générations. Elles découvrent les marques à travers Roblox, Snapchat ou Meta. Il y a donc une énorme opportunité ici et c’est pourquoi DRESSX existe. Nous avons compris qu’il y avait une nouvelle frontière et que la mode numérique allait devenir une réalité.

Le fait que nous puissions aider les jeunes créateur.rice.s à développer leurs idées sans les coûts et les complications liées au développement de collections physiques nous enthousiasme vraiment

Daria Shapovalova

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le projet FASHION FOR PEACE en faveur des associations caritatives ukrainiennes et sur la manière dont on peut agir pour le soutenir ?

Daria : La collection FASHION FOR PEACE est une réponse à l’invasion qui s’est produite et nous l’avons lancée dès le lendemain. Le fait que nous ayons pu lancer une telle initiative aussi rapidement est un autre bel exemple des progrès de la technologie. Nous avons vu qu’il y avait beaucoup de soutien, mais aussi que la guerre est quelque chose que les gens ne veulent pas voir, mais à laquelle ils sont exposés à travers les réseaux sociaux. Ce n’est pas que la plupart des gens ne veulent pas exprimer de soutien, mais souvent, ils ne savent pas comment le faire. C’était donc notre façon de répondre et de recueillir du soutien, par des moyens différents et par quelque chose qui entre naturellement dans les flux des réseaux sociaux.

La collection de tenues de mode numériques a d’abord été constituée de cinq articles que nous avons développés en interne. Rapidement, de nombreux créateurs ont réagi et ont souhaité contribuer et créer des tenues pour la collection, qui s’est donc considérablement développée. Nous reversons 100 % des recettes de cette collection à des organisations ukrainiennes qui centralisent l’aide dans le pays. Nous voyons à quel point la communauté créative a souffert de cette situation. Même si tout le monde n’a pas été physiquement blessé par la guerre, beaucoup de gens ont été obligés de tout laisser derrière eux et de continuer à travailler. Nous avons donc également développé cet outil pour qu’il soit une application ouverte aux créatif.ve.s et nous essayons de répondre à chaque cas avec des dons, des outils et des opportunités pour les aider à continuer à créer. Nous ne pouvons pas aider tout le monde mais nous pouvons fournir les outils pour que les gens puissent continuer à travailler et à gagner de l’argent pour se reconstruire, car nous pensons que c’est plus durable à long terme.

Nous aimerions que cette initiative se poursuive sur le long terme. Les gens ont toujours besoin d’aide, mais nous avons remarqué que le problème n’est pas aussi pressant et que la plateforme n’est pas aussi active qu’à ses débuts, mais le travail continue tous les jours et nous poursuivrons cet effort aussi longtemps que possible pour aider autant de personnes que possible.

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Comment imaginez-vous l’avenir de DRESSX ?

Daria : Nous pensons que, dans un futur proche, chaque personne disposera d’une armoire méta et DRESSX stockera les armoires numériques. C’est l’objectif principal de notre projet. Nous voulons vraiment voir ce futur se rapprocher plus vite, mais c’est aussi à nous de rendre le chemin plus court.

Évidemment, nous voulons que DRESSX permette aux jeunes créateur.rice.s d’avoir accès à cet univers et d’y trouver des opportunités en créant simplement depuis leur ordinateur portable. Le fait que nous puissions aider les jeunes créateur.rice.s à développer leurs idées sans les coûts et les complications liées au développement de collections physiques nous enthousiasme vraiment.

Qu’espérez-vous voir comme évolutions de l’industrie de la mode en général ?

Natalia : Je pense que l’industrie de la mode de demain sera plus durable par rapport à la planète et aux gens. La mode est connue pour être une communauté assez exclusive et élitiste et je pense qu’elle deviendra plus ouverte à l’avenir. Je pense qu’il est également important d’adopter différents points de vue et différents niveaux d’expertise, ce qui rendra l’industrie de la mode encore plus pertinente pour un plus grand nombre de personnes et plus avancée sur le plan technologique.

Daria : Je suis d’accord avec Natalia. Il est important d’être plus durable, plus bienveillant avec tout le monde et d’accepter des concepts et des idées différentes. Je pense vraiment que le secteur de la mode devrait être plus avancé sur le plan technologique, car c’est lui qui prédit l’avenir ! Nous devrions avoir moins peur de la nouveauté.

Rendez-vous ici pour découvrir et soutenir la collection FASHION FOR PEACE de DRESSX

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