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En a-t-on vraiment fini avec le soutien-gorge push-up ?

Alors que la révolution #NoBra a incité beaucoup à next son soutif, le push-up, pièce iconique des années 2000, semble bel et bien faire son retour… Pour le meilleur ou pour le pire ?

J’ai toujours été complexée par mes seins. Petits – et pas ronds –, je me souviens exactement du moment où j’ai voulu camoufler cette poitrine non conforme. C’était en seconde, en 2010, j’avais alors 14 ans. Un lundi, après avoir dégoté une petite robe à bretelles Oxbow dans une boutique le week-end, je me pavanais fièrement dans la cour du lycée pour aller rejoindre mes “amies” (tu vas très vite comprendre les guillemets). Malgré ma joie d’exposer aux yeux de tous.tes cette nouvelle acquisition, je n’ai récolté de ma bande que des ricanements. Pourquoi ? On devinait ma poitrine naissante – qui n’a d’ailleurs pas évolué depuis. Une forme disgracieuse que je me devais de camoufler par le must have de l’époque : un soutien-gorge push-up. Eh oui, cachez ces seins que l’on ne saurait voir !

Exit alors les adorables brassières en coton Petit Bateau. En rentrant du lycée, j’exige auprès de ma mère l’achat d’un soutif plus décent. Le premier modèle en ma possession ? Un DIM couleur chair (pratique : ça va avec tout) tellement rembourré que j’aurais pu dormir dessus. L’intérêt de ce sous-vêtement pour ma poitrine quasi inexistante ? Aucun, à part fitter avec les diktats des pestes du lycée et pourquoi pas plaire aux garçons.

Aujourd’hui, cela fait plusieurs années que j’ai abandonné les soutifs qui, je m’en suis rendu compte, m’étaient vraiment inutiles. En plus, le mouvement #NoBra m’a permis de me conforter dans ce choix. Pourtant, alors que le corset a déjà fait son come-back suite, notamment, au succès de La Chronique de Bridgerton, le soutien-gorge push-up pointe le bout de son nez sur mon feed Insta. Est-ce que la mode m’incite à brider à nouveau mon corps ? Et que symbolisent ces restrictions ?

Le soutien-gorge : de la liberté à la contrainte

Si l’existence du soutien-gorge est attestée dès l’Antiquité romaine avec le strophium – une sorte d’écharpe enroulée autour des seins portée par les gymnastes féminines –, ce sous-vêtement ne réapparaît qu’au XIXe… Peut-être était-il justement considéré comme inutile pendant tout ce temps ? 

En 1805, sous les robes de mousseline à taille haute, une bande de toile élastique maintenait la poitrine en se croisant devant et s’attachant autour du cou. Mais c’est en 1889 qu’Herminie Cadolle invente le soutien-gorge tel qu’on le connaît ; le mot apparaîtra officiellement en 1904 dans le Larousse. Il désigne, d’après le Dictionnaire international de la mode, “une pièce de lingerie servant à maintenir la poitrine, composée de deux bonnets retenus par des bretelles aux épaules, et s’attachant dans le dos au moyen de deux bandes élastiques”. 

Il devient ainsi un usage courant dans les années 20 et libère (quasi) définitivement les femmes du corset. Durant cette décennie, avec la mode garçonne, il aplatit la poitrine. Dès les années 40, en revanche, les seins sont mis en avant avec la tendance pin-up à travers des soutiens-gorge pigeonnants. Dans les années 60, Playtex popularise la forme pointue avec son modèle Cœur croisé sans armatures métalliques. Une forme exagérée dans les années 90 avec les seins coniques de Madonna by the one and only JPG, qui fait de la poitrine un symbole de puissance et non plus de soumission. 

Pourtant, cette décennie connaît également le début du push-up tel qu’on le connaît avec le soutif ampliforme de Wonderbra Hello Boys, promu par Eva Herzigova. Un best-seller normalisant ce modèle qui compresse et grossit artificiellement la poitrine. Jusqu’au milieu des années 2010, le push-up, omniprésent dans les défilés de Victoria’s Secret – aka la griffe de sous-vêtements la plus openly sexy des ados et jeunes adultes –, est un must have des cool girls. Parfois porté avec des tube tops, les bretelles souvent colorées ou strassées de cet item avaient souvent pour but d’être dévoilées, jouant avec le concept même du sous-vêtement. Un mélange des “sphères privée et publique” selon Frédéric Monneyron dans Libération en 2001, qui considère que ce dévoilement “exclut le désir fondé sur leur séparation”. Les bretelles du push-up ainsi apparentes deviennent donc davantage un élément mode que de sexiness. 

Toutes adeptes du No Bra, elles semblent porter ce soutien-gorge comme un accessoire sexy, ludique, presque exceptionnel – et sans jamais d’injonction.

Le retour inattendu du push-up

“Tour à tour bandeau, cône pointu et même obus, triangle, coque arrondie… Le soutien-gorge a connu des variations formelles très marquées d’une décennie à l’autre. Son dessin a moins suivi les lignes du buste féminin qu’il ne l’a façonné en s’adaptant aux modes les plus diverses”, nous rappelle Anne Zazzo, conservatrice au musée Carnavalet, dans l’ouvrage Les objets ont-ils un genre ?. Le push-up est-il revenu pour modifier notre corps en fonction de la dernière tendance Y2K ?

Sur Instagram, j’observe, fascinée, le retour de ce sous-vêtement qui donne une forme si spécifique et exagérée à la poitrine. Dua Lipa en mini-gilet Puma, chaîne argentée entre les seins, Bella Hadid et Hailey Bieber en véritables Y2K queens pour le come-back de Victoria’s Secret, l’artiste Crystal Murray dans l’ultra-trendy panoplie Miu Miu… Toutes arborent fièrement cette relique du passé, bien décidées à la rendre à nouveau cool. Mais va-t-on vraiment porter le push-up de la même manière, avec les mêmes injonctions et sous-textes ?

Les quatre personnalités précédemment citées ne semblent pas l’avoir adopté de manière quotidienne. Toutes adeptes du No Bra, elles semblent porter ce soutien-gorge comme un accessoire sexy, ludique, presque exceptionnel et sans jamais d’injonction. Un retour qui, dans ce cas-là, j’avoue, ne me dérange pas. Contrairement au retour de la taille basse sans ventre rond, je suis prête à accueillir la trend push-up pour gonfler le décolleté dans un mood 100 % Y2K, jeu fashion plutôt qu’encloisonnant, et surtout sans sentir quotidiennement qu’on m’impose de modifier mon physique. Because… I just love my tits !

 

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