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Edgar Jayet et Victor Fleury Ponsin : “Le vêtement permet de nous imprégner d’un univers”

Proche de la famille American Vintage, ce duo d’artistes discute du lien entre mode et geste créatif.

Photo : @supercontentco & @studioarlette

Les lauréats du Grand Prix Van Cleef & Arpels de la Design Parade Toulon 2021 – un évènement dont American Vintage est partenaire – exposent en ce moment une œuvre intitulée Peinture sur chevalet, dépeindre les Calanques dans la boutique de la marque, dans le 11e arrondissement à Paris. 

Le duo composé d’Edgar Jayet et Victor Fleury Ponsin continue d’œuvrer dans un regard brut mêlant considérations organiques, sculpturales et scénographiques, vers une pièce qui s’inspire des calanques, faisant écho à la culture du Sud de la marque.

NYLON France les a rencontrés pour discuter du lien entre textile et matériaux, entre vêtement et geste créatif, et de la place centrale mais souvent méconnue qu’occupe la sape dans le quotidien de l’artiste.

Photo : @supercontentco & @studioarlette

Vous créez en portant du American Vintage : quel rôle joue le vêtement, et notamment vos choix de tenues dans un atelier, dans votre processus créatif ?

Chez American Vintage, nous avons aimé ces collections de basics allant droit au but avec des jeux de matières et de couleurs. Il y a quelque chose qui nous a séduits dans un projet sans fioritures allant droit à l’essentiel. Ce que l’on peut mettre en parallèle avec la question du vêtement de l’artiste, et notamment avec les artisans avec lesquels on a travaillé. Les habits portés sont en ligne avec la matière que l’on utilise : le staffeur qui travaille le plâtre s’habille donc en blanc – Victor a travaillé avec eux et s’est imprégné de cet univers, en gardant le code couleur et en l’intégrant dans l’univers de l’atelier.

Edgar, qui travaillait avec des ébénistes, est instinctivement allé vers des rapprochements de camaïeux évoquant les choix de couleurs du bois allant du marron au beige. Il y a eu un mimétisme entre le projet et les garde-robes.

Y a-t-il un regard plus large sur la matière, mais aussi la fonctionnalité ? 

Une philosophie qu’on partage est d’essayer de comprendre, dans la technique, l’aspect sensible de la matière, comment elle se meut avec un artisan, sous la main d’un artiste. Tout ça passe par une compréhension de comment la matière influe notre façon de créer, car elle est naturelle et donc jamais uniforme, elle indique une direction et un usage. Les choses inertes ont un mouvement intérieur.

Il y a une volonté de s’habiller d’une façon qui indique l’usage, une volonté de questionner la fonctionnalité, de voir le vêtement comme l’extension liée au corps de la matière que l’on utilise. On la devient en quelque sorte.

Le vêtement American Vintage est connu pour sa fluidité, sa simplicité, avec un mouvement. On aime donner à une roche ou une calanque immortelle et figée un mouvement qui bouge, vivant. Alors on peut voir des parallèles entre le mouvement d’un habit qui vit grâce à nous et une roche qui vit dans le projet.

Les artistes ont eu, à travers l’histoire, des looks reconnaissables, marqués. Quel rôle joue la mode dans une vie d’artiste ?

Malgré tout, l’art est une question d’image. Quand nous sommes mis en avant lors d’un vernissage, une tenue est travaillée pour accompagner et non contredire un discours. On pense donc activement à ce qu’on veut montrer. Par exemple, pour le vernissage American Vintage, on a porté certaines de leurs pièces, mais nous avons rajouté des objets qui nous tenaient à cœur. Victor a mis une broche de sa grand-mère et une montre de son arrière-grand-mère, Edgar, une bague de sa mère. L’idée étant de puiser dans ce qui a été et de le retranscrire au présent – et de le retirer au moment de la création.

Les artistes passent leur temps à esquisser, circonscrire, cadrer le monde, alors il est difficile de faire abstraction de ce qui nous touche directement. La mode est un regard sur le monde et sur nous-mêmes, on ne crée pas pareil selon la façon dont on est habillé, on peut choisir un costume croisé pour se sentir tenu, une tenue ample dans une volonté de penser large. Penser la création passe aussi par tout cela.

Du 11 mars au 30 mai, Boutique American Vintage – 21, rue de Charonne 75011 Paris
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