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Du corset d’Aya Nakamura à la perruque d’Amanda Lepore : meet le duo Asquin x Parizet

Rencontre avec Gilles Asquin, designer et Julien Parizet, perruquier, le duo créatif et queer à follow d’urgence.

Gilles Asquin et Julien Parizet, respectivement créateur et perruquier français et queers, font trembler l’industrie de la mode ! Entre Megan Thee Stallion, Aya Nakamura, Miss Fame, Cardi B ou encore Lady Gaga, à eux deux, ils cumulent des collaborations avec certaines des plus grandes fashion icons du moment. Le couple parisien, également drag-queens, célèbre la diversité des corps et des identités à travers une mode sexy, inclusive et incisive ! De la scène des Victoires de la musique à nos écrans dans la série Emily in Paris, les deux artistes n’ont pas peur d’imposer leur esthétique à la fois sombre et sophistiquée. NYLON France les a rencontrés pour les questionner sur leur parcours, leur influence artistique mutuelle ou encore leur rapport aux réseaux sociaux.

 

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Pouvez-vous raconter vos parcours aux lecteur.rice.s de NYLON France ?

Julien : J’ai commencé par passer mon bac ! Puis j’ai fait trois ans d’études en coiffure avant de travailler avec une coloriste formée par Christophe Robin. C’est là que je me suis familiarisé avec le service de luxe pour une clientèle exigeante et VIP. Après un petit bout de temps, on s’est rendu compte que l’on souhaitait évoluer séparément. Elle m’a donné certain.e.s de ses client.e.s et je me suis lancé en free-lance. C’est aussi à ce moment-là que j’ai découvert le monde de la perruque, j’en coiffais majoritairement pour d’autres drag-queens françaises, tout en commençant à travailler sur des tournages. Puis est arrivée la crise du Covid. Avec Gilles, on a eu la chance d’aller chez ses parents à la campagne où j’ai eu la bonne idée de ramener mon matériel, au cas où ce serait la fin du monde et que je ne pourrais plus jamais faire de perruques ! À partir de là, j’ai commencé à créer de manière plus libre et inspirée. Je me suis exprimé bien plus facilement qu’à Paris, où l’on est constamment sollicité. The rest is history ! J’ai eu la chance de gagner beaucoup de visibilité sur les réseaux sociaux et j’ai commencé à faire des perruques pour des célébrités et des drag-queens à l’international !

Gilles : J’ai fait les Beaux-Arts pendant trois ans, mais j’en ai eu marre car on ne me laissait pas m’exprimer librement en termes de sujets et d’esthétiques, donc j’ai décidé de partir ! Ça m’a tout de même servi, j’ai appris à travailler le vêtement comme la sculpture, ce que je continue à faire aujourd’hui. Je suis monté à Paris, j’ai fait deux ans à l’Atelier Chardon Savard, c’était marrant : beaucoup d’argent et pas beaucoup de formation ! En arrivant ici, j’ai commencé à faire beaucoup de collaborations avec d’autres créateur.rice.s, sur des shootings principalement, ce qui m’a permis de connaître un bon nombre de personnes et, à force, de me faire repérer avant de sortir de l’école ! Ensuite, je suis parti aux États-Unis voir la créatrice Love Bailey avec qui ça a tout de suite accroché. À partir de là, mon travail a commencé à prendre de l’ampleur, j’ai eu beaucoup de demandes pour acheter mes pièces et je me suis dit : “Donnons-leur !” Dans mon parcours, je n’ai travaillé qu’une seule fois avec une grande maison et je me suis vite rendu compte que ce n’était pas comme ça que j’avais envie de travailler. J’ai besoin de liberté, créativement parlant. J’ai décidé de lancer ma marque et j’ai pu commencer à créer comme je le souhaitais !

Julien, pour Vogue, tu expliquais que, pendant le confinement, tu avais été inspiré par certains éléments que Gilles utilisait pour ses pièces. Est-ce que vous travaillez souvent de cette manière, dans une synergie collaborative ?

Julien : Oui ! J’ai vu les cristaux que Gilles utilisait pour ses vêtements et je me suis dit : “Let’s put that on hair !” On a chacun notre atelier, l’un à côté de l’autre, donc forcément, on échange souvent nos avis sur ce qu’on fait ! Plus moi que lui…

Gilles : Moi, je laisse plus libre cours ! C’est différent dans les vêtements. C’est plus compliqué d’avoir un avis, de prendre du recul sur son propre travail. Mais je ne donne pas trop le mien, car j’y connais tellement rien dans les cheveux que je ne saurais même pas quoi dire ! Alors que le vêtement, tout le monde peut plus ou moins avoir une opinion. Les cheveux, et surtout les perruques, c’est tellement niche et particulier !

Gilles, parlons du fameux soutien-gorge flammes qui t’a fait connaître. Comment as-tu eu l’idée ? T’attendais-tu à un tel succès ?

Gilles : C’est la première pièce qui a marché. Tellement que j’ai été copié de tous les côtés ! Ça m’a si énervé que j’ai arrêté de la faire. On m’a même dit que je n’étais pas original alors que j’ai cherché plusieurs fois “bustier flamme” ou “soutien-gorge flamme” et il n’y avait rien ou alors des tenues de show girl où l’on a mis une flamme sur un triangle. Il n’y avait pas cette création avec la flamme qui tient le sein ! Je me suis tellement fait insulter par rapport à mon travail à cause de ça que maintenant, franchement, je n’en ai rien à faire ! Certaines personnes s’en sont inspirées en me citant, et c’est génial ! Je trouve aussi de l’inspiration chez d’autres créateur.rice.s, mais toujours en respectant le travail de l’artiste. On m’a quand même dit : “Si on peut le refaire, c’est que ce n’est pas assez bien.” C’est fou ! J’ai l’impression qu’aujourd’hui, on a perdu l’intention de création. Même dans l’industrie de la musique, beaucoup font des clips en se disant “J’ai vu ça, je veux la même chose”, c’est pareil pour les vêtements.

Julien : Aujourd’hui, en tant qu’artiste, c’est compliqué, car se faire copier, ça peut faire de la promo ! Mais le problème est qu’avec les réseaux sociaux, tout circule extrêmement vite, tout en touchant un public international. C’est devenu difficile de retrouver la source de ce que l’on voit passer, surtout dans l’industrie de la mode qui fonctionne par mood boards et références.

En parlant de ça, quelle est votre relation avec les réseaux sociaux, à la fois tremplins et obstacles pour les jeunes créateur.rice.s ?

Julien : Quand tu crées, les réseaux sociaux, c’est à double tranchant. Il faut être réactif et essayer de ne pas se faire manger par la machine !

Gilles : Les moments où je suis le plus créatif, c’est quand je ne regarde pas mon téléphone. Ça m’évite d’être constamment en comparaison avec d’autres marques et c’est là tout l’intérêt de nos métiers, je pense. Créer pour les autres, certes, mais aussi être nourri par son art sans interférences. Il y a cinq ans, c’était encore supportable. Aujourd’hui, je trouve qu’il y a un vrai problème, tout est devenu “tiktok-ish”, on jette puis on consomme. Je l’ai vu, l’intérêt pour les vêtements s’est complètement brisé. Si on ne fait pas un Reel divertissant, personne n’est intéressé, on ne peut plus parler de sujets sérieux ou moins futiles.

Julien : Clairement, j’aurais pu avoir la même carrière sans les réseaux sociaux, en me faisant des contacts à Paris et en ayant une activité plus stable. Maintenant, c’est vrai qu’ils ont été un tremplin énorme pour moi. Je pense qu’il faut avoir une certaine clairvoyance pour faire vraiment quelque chose avec les réseaux sociaux. Il faut prendre le plus vite possible tout ce que tu peux. Il faut marquer au fer rouge ce que tu fais, les posts Instagram, ça s’oublie ! C’est hyper intéressant parce que tu peux exploser en deux minutes, mais c’est très dangereux aussi.

Gilles : C’est sûr que c’est dangereux, ça nous affecte vraiment psychologiquement ! Le moment où l’on voit qu’une publication ou une story marche moins bien, tout de suite, on se sent mal. Parfois, on se plaint de n’avoir que 100 likes, mais pour un.e artiste, une expo avec 100 personnes, c’est énorme.

Julien : C’est bien comme book, mais c’est tout. Surtout dans cette industrie, Instagram peut t’aider à toucher du monde, mais le réel challenge, c’est de transformer ses abonné.e.s en contacts. Pour Emily in Paris par exemple, on ne m’a pas contacté par Instagram, mais c’est un vrai contact que je me suis fait en dehors des réseaux sociaux.

On a chacun notre atelier, l’un à côté de l’autre, donc forcément, on échange souvent nos avis sur ce qu’on fait !

Julien Parizet

Julien, tu fais du drag sous le nom de Parizhair et toi, Gilles, tu en faisais sous le nom de Beejou. Le drag a-t-il aidé à propulser vos carrières ?

Julien : Au début, oui, j’ai commencé à faire des perruques à travers le drag. C’est Sheinara Tanjabi qui m’avait demandé une wig. On s’est pris la tête à l’époque, il n’y avait rien ! On a dû apprendre à la dure comment fonctionne un steamer, comment ne pas faire fondre les cheveux, les rouleaux, comment les faire tenir, etc.. Ça a mis un an et demi pour que l’on réussisse à faire quelque chose de portable !

Gilles : Travailler avec des drags, au début, c’était génial, ça m’a permis d’expérimenter plein de choses ! Après, quand ça a commencé à exploser en France, il y a eu beaucoup de monde, plus de demandes et donc forcément plus d’exigences ! Malheureusement, comme dans tous les domaines dans l’art, on s’est retrouvés face à des personnes ne valorisant pas forcément notre travail et qui s’énervent quand on essaye de leur expliquer que nos tarifs ne sont pas les mêmes qu’il y a cinq ans. Surtout dans la mode, c’est vachement moins niche que les cheveux et les perruques, t’es plus facilement remplaçable.

Julien : C’est situationnel, c’est sûr, mais c’est aussi une question de caractère ! Gilles est un peu moins une morue que moi ! Je dis non plus facilement.

Vous abordez votre travail de manière différente ?

Julien : Oui, complètement ! La différence est que Gilles a une formation plus artistique que moi qui en ai une plus mainstream, qui ressemble aux modèles de travail que l’on rencontre dans la vie de tous les jours. Quand on m’amène un projet, je vais avoir une vision globale, je vais calculer mon temps de travail, les contraintes, les avantages. Justement, j’essaie de tendre vers une approche plus artistique et humaine de mon travail et Gilles fait l’inverse. C’est un verre qui se vide dans l’autre ! Quand j’arrive sur un shooting par exemple, je sais déjà à quoi ressemble le studio et avec qui je vais travailler.

Gilles : C’est vrai que je fonctionne plus au feeling, ça ne me dérange pas de découvrir sur le moment ! Ce sont deux façons de travailler presque opposées. Même dans la conception, on a une approche différente.

 

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Vous faites face aux mêmes problématiques quand il s’agit de travailler avec des célébrités ?

Gilles : Pas vraiment, dans la mode, c’est plus compliqué parce que c’est un milieu très bouché. Généralement, quand on te contacte, on contacte aussi 15 autres personnes auxquelles on a envoyé le même mood board. C’est plus une question de rapidité et de tarifs et il n’y a surtout aucune garantie. Ça m’est déjà arrivé d’envoyer trois cartons de vêtements pour un tournage qui m’ont été retournés sans avoir été touchés.

Julien : Pour les cheveux, c’est différent, on est déjà moins nombreux.ses et surtout, on te contacte avec une idée précise en tête. Les contraintes vont être sur le timing, pour Emily in Paris, j’ai dû faire une vingtaine de perruques en une semaine ! Je suis aussi très professionnel quand il s’agit d’aborder mes projets, je suis plus impassible, ça évite certains litiges, je prends plus de distance. Si une personne me parle mal, tant que les délais sont respectés et que j’ai mon chèque à la fin, ça ne me dérange pas.

Gilles : Moi, je n’en ai pas rien à faire ! Je donne une part de ma création, de mon temps, mon art, je ne vais pas l’envoyer à quelqu’un qui m’a pris pour une cruche !

Julien : I don’t give a shit ! C’est important, c’est sûr, mais on peut dire que j’arrive plus à dissocier rapports humains et rapports professionnels.

Gilles : Quand les gens viennent vers moi et ensuite ne me respectent pas, ce n’est pas possible. Pour une célèbre rappeuse américaine, on m’a demandé un set de harnais en cristal à un petit tarif, en me demandant de retirer toutes les photos des autres personnes qui en avaient commandé. Ils sont là à afficher leurs millions et quand il s’agit de payer les artistes et créateur.rice.s, personne n’est présent. J’ai dit non et c’est à peine si j’ai eu une réponse. Pour moi, c’est important parce qu’on travaille avec des êtres humains, des artistes. J’ai envie de déplacer des montagnes, j’ai foi en notre possibilité de changer les choses.

 

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Justement, à qui s’adressent vos créations ?

Gilles : C’est compliqué à définir. Quand il s’agit de réaliser des costumes de scène pour des célébrités, souvent, je suis assez déçu. J’ai envie de bosser avec des personnes qui n’ont pas peur, qui ont envie de casser les murs ! Mon rêve serait de rencontrer un.e artiste avec qui on se respecte et on se retrouve dans notre volonté de faire bouger les lignes. En ce moment, je change de projet. Je voulais qu’ASQUIN reste queer, mais après réflexion, je trouve que c’est cool d’amener le queer chez des personnes qui ne le sont pas forcément. Mes vêtements s’adressent aux personnes qui veulent impressionner, qui ont envie d’oser, qui ont envie de se battre. Je trouve ça super que des geeks ou des mères de famille arrivent à se rebeller à travers mes vêtements ! Je ne veux pas monter une marque pour monter une marque, avec finalement peu d’intention derrière. Donner envie de réfléchir, c’est ça qui me motive tous les matins. C’est pour ça que je réfléchis à développer ASQUIN dans une direction plus prêt-à-porter, pour rendre mes pièces plus accessibles à tous.tes.

Julien : Ce qui est cool avec les perruques, comme j’en fais moi, c’est que c’est un milieu en plein développement. Ça touche tout le monde et surtout, j’essaye de trouver du plaisir dans ce que je fais ! La perruque que j’ai faite pour Amanda Lepore, c’était un rêve.

De ton côté, Gilles, tu as eu l’occasion de réaliser des costumes pour le clip de “Rain on Me”, de Lady Gaga et Ariana Grande ! Malheureusement, les costumes ne sont jamais arrivés à destination. Peux-tu nous raconter cette expérience ?

Gilles : Ça arrive à plein de créateur.rice.s, mais c’est quand même très frustrant ! On m’avait commandé deux tenues pour “Rain on Me”, une semaine avant le tournage. On les a faites, envoyées et elles ont été volées devant le studio de tournage. C’était compliqué parce que c’était juste avant le Covid ! L’équipe de Lady Gaga les a cherchées pendant deux mois, mais elles n’ont jamais été retrouvées. C’est fou parce que les fans étaient hystériques ! On a fait tellement de montages avec mes costumes, ça a vraiment plu. Mais c’était une expérience incroyable, c’est un rêve de gamin de bosser avec des artistes comme Lady Gaga ! Après, j’ai travaillé avec elle sur d’autres projets, une tenue pour le lancement de Haus Labs et d’autres accessoires pour sa campagne avec Dom Pérignon.

J’ai envie de bosser avec des personnes qui n’ont pas peur, qui ont envie de casser les murs !

Gilles Asquin

Lors du défilé en octobre 2021, tu as fait collaborer plusieurs artistes de la Haus of Morue, collectif d’artistes drag dont vous faites partie. La sororité est-elle un pilier dans votre travail ?

Julien : Oui, complètement, mais notre travail n’est pas dépendant du drag. Quand on a fondé la House, on était tous amis, c’est peut-être ça qui nous différencie aussi. On s’est construits autour d’une amitié et après, on a réfléchi collectivement à comment on pouvait se professionnaliser. On est totalement dans un esprit sororal. On vient à nos événements, on s’échange des contacts. Il y a un travail de détachement pour évoluer professionnellement, mais on reste un groupe d’amis qui travaillent ensemble très souvent !

Gilles : Pareil, l’année dernière, j’ai travaillé avec Tristana sur la marque. On est un groupe de créatifs, on est toujours en contact, on est tout le temps les uns chez les autres. La House existe aussi en dehors du drag. Même dans mon esthétique, toute la marque est sponsorisée Haus of Morue ! Et surtout, je pense que, moi dans les vêtements, Julien dans les perruques, de manière générale, quand on travaille dans le visuel, ce qu’on fait, c’est du drag !

Julien : Ce qui est cool avec le drag, c’est qu’à partir du moment où ça coûte une blinde et que ça ne rapporte globalement rien, il n’y a aucune règle sociale. Tu peux faire ce que tu veux, dans les limites de la légalité !

Gilles : Aucune règle à part le respect. Nous, on respectait les vieilles avant ! Maintenant, beaucoup de nouvelles drags ont pris comme acquis ce qu’elles peuvent faire, les scènes qui sont mises à leur disposition. Il ne faut pas oublier que la House a tout de même ouvert beaucoup de portes pour le drag en France. On a cette réputation, peut-être liée à notre esthétique, d’être les mauvaises. Mais quand il a fallu s’imposer dans l’espace public, on était là pour mettre les poings sur la table ! On était libres, on n’avait pas peur, et ça gênait. Malheureusement, il y a des drags pas forcément bienveillantes, et ce sont souvent celles qui se montrent lisses. Je préfère avoir une apparence de méchante avec des cornes plutôt que d’être une pin-up désagréable ! Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on ne considère plus le drag comme du spectacle, les dramas sont hyper personnels ! Nous, on rigolait d’un lash mal collé, maintenant, on peut t’attaquer sur ton poids ou ta santé mentale.

Julien : C’est un peu trop vrai, c’est dommage. Depuis le Covid, le drag n’existe plus vraiment, Paris est moins festive. On voit beaucoup la même chose, on a perdu en originalité. Maintenant, c’est soit en Mugler, soit en string !

Est-ce que vous avez des conseils pour les jeunes artistes ?

Gilles : Je dirais qu’il faut faire attention à ne pas rester trop accroché.e à son téléphone ! Pour les personnes qui souhaitent lancer leur marque et avoir un impact sur le long terme, il faut réussir à rester motivé.e et ne pas se dire qu’on ne réussira pas si l’on n’a pas 80k sur Instagram ! Ce qui est important, c’est de créer quelque chose de fort.

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