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Do The Dance

À l’issue d’un shooting photo dans un studio du Nord parisien, nos cinq cover stars, véritables phénomènes de la danse sur Instagram, se sont prêtées au jeu de l’interview pour revenir sur leurs parcours de créateur.rice.s de contenu.

Photographe : Axel Joseph
Styliste : Nicolas Dureau

Longtemps boudée par les médias de masse, la danse suscite aujourd’hui un engouement sans précédent en France, notamment grâce à une poignée de talents qui ont choisi de mettre la lumière sur cet art via leur compte Instagram. Parmi eux : Mariana Benenge (@mariana_benenge), Snake Ninja (@iamsnakeninja), Junior Jmss (@junior_jmss) ou encore les sœurs jumelles Lalyah et Aïcha (@lalyahaicha_twinsies). Suivi.e.s jusqu’à des centaines de milliers de personnes sur le réseau social, ces danseur.se.s multiplient chaque jour les Reels, stories et autres challenges pour faire connaître leur pratique au plus grand nombre, délivrant au passage un message positif et inclusif. Rencontre.

@iamsnakeninja / Top CEM CINAR / Pantalon BLUEMARBLE / Boots CHRISTIAN LOUBOUTIN


@lalyahaicha_twinsies (Aïcha)
Veste BLUEMARBLE / Top GAMUT / Short COLLINI MILANO 1937 / Chaussures PARIS TEXAS


@lalyahaicha_twinsies (Lalyah)
Corset top MARVIN M’TOUMO / Manches GAMUT / Jogging 3.PARADIS / Chaussures F_WD disponible sur ZALANDO.FR

@mariana_benenge Top LUCILLE THIEVRE / Corset MARVIN M’TOUMO pour JEAN PAUL GAULTIER / Pantalon YIIIN / Chaussures PARIS TEXAS


@junior_jmss
Veste et pantalon BLUEMARBLE / Baskets NIKE

Dans un premier temps, pourriez-vous revenir sur votre parcours et nous raconter plus en détail votre rapport à la danse ?

@mariana_benenge : Je suis originaire du Congo et je danse depuis que je suis toute petite. À l’école, déjà, je participais à des compétitions de danse traditionnelle congolaise. Quand je suis arrivée en France il y a huit ans, j’ai découvert de nombreuses autres danses : le hip-hop, le krump… J’ai fini par me spécialiser en waacking, une danse qui a été créée dans les années 1970 par la communauté LGBTQI+ noire et latino à Los Angeles. C’est une danse qui se pratique sur du disco, et qui m’a tout de suite touchée parce que c’est un style qui est en mode « Express yourself, be yourself », qui t’encourage à exagérer qui tu es… Ce qui correspond parfaitement à la Congolaise que je suis ! (Rire.) La danse me permet vraiment de m’exprimer, d’extérioriser des sentiments que je n’arrive pas à exprimer autrement. C’est une sorte de thérapie.

@iamsnakeninja : De mon côté, je viens de la Martinique, où j’ai commencé à danser à l’âge de 5 ans. Mais ma vie a vraiment commencé à 20 ans, lorsque j’ai fait mon coming out et que je suis venu m’installer à Paris. C’est à ce moment-là que j’ai découvert le voguing, danse dans laquelle je me suis spécialisé suite à ma rencontre avec Lasseindra Ninja, la pionnière du voguing en Europe, qui m’a accueilli dans sa House, la House of Ninja, d’où mon nom. À travers cette danse, je me suis créé une identité qui me permet d’assumer pleinement qui je suis. J’essaie aujourd’hui de transmettre cela à mon tour en donnant des cours de voguing à la Caserne à Paris.

@lalyahaicha_twinsies (Lalyah) : Nous, on a commencé à danser à l’âge de 7 ans. On dansait le ndombolo en famille, c’était un truc qu’on faisait avec nos parents, juste pour s’amuser. Et puis vers nos 15 ans, on a commencé à prendre des cours au LAX Studio à Paris, à faire des chorégraphies, et à poster des vidéos sur Instagram. On a pris part à des challenges, dont celui de “Level Up”, qui nous a valu d’être repostées par Ciara.

@lalyahaicha_twinsies (Aïcha) : C’est à partir de ce moment-là que c’est devenu sérieux. Aujourd’hui, on danse principalement de l’afro, mais on aime se diversifier. La danse reste avant tout une passion, qui permet de nous libérer. Et puis le fait de danser entre sœurs, c’est incroyable – même si parfois on s’embrouille ! (Rire.)

@junior_jmss : C’est aussi une histoire de famille chez moi, puisque j’ai commencé par apprendre le breakdance à l’âge de 7 ans avec mon grand frère. Lorsque j’ai eu 12 ans, ce dernier a dû s’arrêter en raison d’une scoliose, ce qui m’a découragé à poursuivre. Quelques années plus tard, j’ai voulu m’y remettre pour retrouver les sensations que j’avais découvertes à travers la danse. J’ai essayé de reprendre le breakdance, mais je me suis rendu compte que j’avais besoin d’autre chose, d’autant que le breakdance est une danse difficile, dans laquelle tu te blesses souvent… Et c’est à ce moment-là que j’ai rencontré des danseurs new style : ça a été le déclic. Je me suis entraîné comme un fou pendant des mois, et depuis ce jour, je n’ai jamais cessé d’en faire. Je me suis vraiment épanoui dans ce style, auquel j’ai ajouté quelques pas de breakdance. Et visiblement, ça a plu aux gens, puisque ça a tout de suite pris sur Instagram.

Justement, pourquoi et comment avez-vous commencé à utiliser Instagram pour mettre en avant vos talents de danseur.se.s et bâtir vos carrières ?

@junior_jmss : De base, je ne voulais pas commencer sur les réseaux. Je ne me suis jamais dit : “Oh, je vais me mettre sur Insta pour vivre de ma passion.“ Ce sont des amis danseurs qui ont commencé à me parler de ça, de “faire des vidéos”. Un jour, j’étais à Châtelet avec un ami à moi, @akamztweenty. Il essayait de faire un pas en mode reverse, que j’ai tout de suite réussi à faire. Du coup, il m’a proposé de faire une vidéo le lendemain au Trocadéro. J’y suis allé et c’est comme ça que j’ai fait ma première vidéo Instagram. Depuis ce jour-là, j’ai enchaîné les vidéos non-stop, tous les jours. Ce n’était pas tant l’idée de faire une vidéo qui me plaisait, mais le fait d’être avec mes potes, de réaliser que j’étais entouré de gens qui avaient la même passion que moi et qui souhaitaient la partager… Je pense que c’est ça qui a plu dans mes vidéos : les gens ont vu que j’étais juste en train de kiffer avec mes potes, et qu’il y avait une vraie good vibe que j’avais envie de leur communiquer.

@mariana_benenge : Moi, j’ai commencé à utiliser Instagram pour son côté mode. Quand j’ai découvert ce réseau social, j’ai trouvé qu’il ressemblait à un vrai magazine de mode, et moi qui adore ça (je suis également designeuse de ma propre marque, Tantine de Paris), ça m’a tout de suite parlé ! Au départ donc, j’y postais principalement mes looks. Et puis quand j’ai commencé à faire des compétitions de danse, à me mettre en lumière sur la scène de la danse, j’ai compris qu’Instagram pouvait également être un CV. Je me suis mise à poster des vidéos de danse (sans jamais me forcer cependant, ça restait du kif !) et très rapidement, j’ai vu que ça pouvait me ramener du travail en tant qu’artiste. Depuis ce jour, je poste régulièrement sur mon feed pour mettre en avant mon travail, tout en utilisant en parallèle les stories pour aborder des sujets qui me touchent et que je trouve importants : des sujets liés aux femmes, aux femmes noires surtout, et à la communauté LGBTQI+. 

@iamsnakeninja : C’est un peu pareil pour moi. Au début, Instagram était une application comme les autres. Et puis un jour, je me suis rendu compte que si je voulais développer mon art, il fallait que je commence par être visible, qu’on sache que j’existe. C’est comme ça qu’Instagram est devenu mon CV. Aujourd’hui, j’y poste tout ce que je fais, j’y expose tous mes talents. La vidéo qui m’a fait “décoller”, par exemple, montre une chorégraphie de voguing que j’ai faite sur du baroque. C’est donc une vidéo qui montre que j’ai des capacités de chorégraphe, que j’ai une oreille, que je peux être adaptable sur tout type de musique, et que je peux gérer un groupe. Mais j’y poste également des photos de mes looks, car en arrivant à Paris, j’ai découvert sur Instagram des gens qui s’assumaient pleinement, avec des looks incroyables, ce qui m’a beaucoup inspiré. Tout ça, le côté danse, voguing, mode et amour de soi, je le mets en valeur via des posts photos et des Reels. Et en parallèle de ça, comme Mariana, j’utilise les stories pour aborder des sujets qui me tiennent à cœur (comme la sensualité chez l’homme par exemple) dans le but d’informer et d’éduquer.

@lalyahaicha_twinsies (Aïcha) : Alors nous, il faut savoir que notre mère ne voulait pas du tout qu’on ait Instagram au départ. (Rire.) On était encore au collège, elle avait peur du harcèlement en ligne… Ce qu’on comprenait bien sûr. Et puis un jour, on a supplié un peu plus fort, et ça a marché ! (Rire.)

@lalyahaicha_twinsies (Lalyah) : On a vraiment commencé à poster nos vidéos de danse en 2019, et depuis, les choses ont pris naturellement. Ceci dit, notre mère continue à garder un œil sur nos contenus puisque c’est notre manageuse ! On est toutes les trois sur le compte, on gère tout avec elle.

@lalyahaicha_twinsies (Lalyah) Veste COOL T.M / Polo BALMAIN / Legging VIRGINIE JEMMELY / Boots SEE BY CHLOÉ


@lalyahaicha_twinsies (Aïcha)
Robe MIU MIU / Harnais ZANA BAYNE / Mitaines LARUICCI / Boots PARIS TEXAS

Mariana et Snake, vous nous avez parlé des formats que vous utilisez le plus sur Instagram. Laylah, Aïcha et Junior, quels sont vos formats préférés ?

@lalyahaicha_twinsies (Aïcha) : En ce moment, c’est Reels à fond ! On n’est pas trop stories, nous… 

@junior_jmss : Pareil, Reels à fond ! C’est ce qui marche le mieux pour la danse.

Avez-vous l’impression que la danse suscite un engouement de plus en plus grand aujourd’hui en France ?

@iamsnakeninja : Complètement ! Et les réseaux sociaux comme Instagram jouent un grand rôle là-dedans. D’une part par le biais des challenges, qui mettent en avant cette pratique aux yeux de tous et qui encouragent les gens à s’y mettre ; et d’autre part par leurs différents formats, qui permettent aux danseurs professionnels d’être plus visibles.

@mariana_benenge : On constate aussi, surtout aux États-Unis, que les danseurs sont de plus en plus mis en avant dans les clips, comme c’était le cas dans les années 1990. Ces dernières années, on avait vraiment perdu ça, on mettait uniquement l’accent sur les artistes chanteurs. Mais on revient vraiment à ça, à tous ces clips que faisaient des artistes comme Aaliyah, où les danseurs étaient centraux. Aujourd’hui, les artistes chanteurs ne peuvent plus faire de performance sans les danseurs.

@junior_jmss : Mais les danseurs sont souvent mal payés, malheureusement…

Ça fait partie des difficultés que vous rencontrez dans votre métier ?

@junior_jmss : Oui, on nous parle souvent d’être payés en “visibilité”… Mais ce n’est pas avec ça que je vais remplir mon frigo ! (Rire.)

@mariana_benenge : C’est clair ! (Rire.) Mais dans l’ensemble, il y a beaucoup de choses positives qui se passent autour de la danse en ce moment. Je trouve par exemple qu’il y a un énorme engouement autour de l’afro (ou en tout cas des danses africaines), grâce notamment à l’exposition d’artistes comme Burna Boy ou Wizkid, qui connaissent un énorme succès de par le monde.

@junior_jmss : Oui, et c’est une super nouvelle car c’est une danse qui a longtemps été mal perçue. Aujourd’hui, il y a vraiment l’afro d’un côté, et le hip-hop de l’autre.

@iamsnakeninja : Et le voguing !

@mariana_benenge, @junior_jmss et @lalyahaicha_twinsies (En chœur) : Et le voguing ! (Rire.)

On a plusieurs fois mentionné les États-Unis, où la culture de la danse a toujours été très ancrée. Est-ce qu’il y a des danseur.se.s américain.e.s qui vous inspirent ?

@iamsnakeninja : En ce qui me concerne, pas vraiment… En général, je ne m’inspire pas vraiment de personnes mais plutôt de choses disons “décalées”. Je suis très inspiré par l’univers du manga JoJo’s Bizarre Adventure par exemple. Après, s’il faut que je cite une Américaine… La seule que je vénère, c’est Beyoncé.

@junior_jmss : C’est vraiment la reine !

@mariana_benenge : Peut-être que Beyoncé va lire ce fanzine donc il faut bien parler, attention !(Rire.) Plus sérieusement, je rejoins ce que dit Snake. De mon côté, je suis davantage inspirée par les parcours que par les personnes elles-mêmes. Et clairement, le parcours d’une femme comme Beyoncé, ou comme Oprah Winfrey, Rihanna ou la chorégraphe Parris Goebel, ça, c’est super-inspirant. Et c’est vrai que les Américains ont tendance à davantage mettre l’accent sur ce genre de parcours que les Français dans les médias.

@iamsnakeninja Veste et pantalon ACNE STUDIOS / Top WOLFORD / Boots ROMBAUT

@junior_jmss / Pull FENDI / Pantalon DIESEL par GLENN MARTENS

D’où l’importance d’un réseau social comme Instagram, qui permet de pallier ce manque, non ?

@junior_jmss : Oui ! On parlait tout à l’heure des challenges : ce que je trouve positif là-dedans, c’est que ça a permis à plein de gens qui ne venaient pas de la danse de s’y mettre. Aujourd’hui, j’ai plein d’abonné.e.s qui sont devenus danseur.se.s, et que j’ai moi-même entraîné.e.s à des cours.

@lalyahaicha_twinsies (Lalyah) : Nous aussi ! On a fait deux workshops avec pas mal de gens qui nous suivaient et… la plupart d’entre eux dansent et postent à fond aujourd’hui ! 

@iamsnakeninja : Ça permet également une éducation indirecte. Pendant longtemps, les garçons qui s’intéressaient à la danse étaient tout de suite jugés, qualifiés de trop “féminins”. Aujourd’hui, un réseau social comme Instagram permet de sensibiliser les gens à cet univers et d’en montrer toute la richesse.

Vous êtes aujourdhui connu.e.s sur Instagram en tant que danseur.se.s, où vous êtes suivi.e.s par des dizaines de milliers dabonné.e.s. Comment gérez-vous cette image publique au quotidien ?

@junior_jmss : Plutôt bien ! Mon image publique sur Instagram s’est construite avec le temps, du coup, ça s’est fait naturellement. Surtout, je n’ai rien eu à changer : je reste moi-même, je ne me prends pas la tête… Et si quelqu’un m’envoie une onde négative, je lui réponds par une onde positive.

@lalyahaicha_twinsies (Aïcha) : C’est pareil pour nous, on gère ça dans la joie et la bonne humeur. Et même s’il y a des jours où on va être un peu mal, on ne va pas prendre nos téléphones pour se plaindre auprès de nos abonnés en mode : “Oh, on est mal aujourd’hui…” Non. On sépare notre intimité et Instagram, et ça permet de gérer les choses facilement.

Est-ce que vous pourriez me parler dun moment qui vous a particulièrement réjoui.e.s durant votre carrière ?

@junior_jmss : Le jour où j’ai fait ma choré sur le challenge Madagascar, j’ai reçu des messages qui m’ont énormément touché. Les gens me remerciaient pour la bonne humeur et les bonnes ondes que je leur transmettais… Ça m’a vraiment encouragé à poursuivre. Parce que je me suis rendu compte à ce moment-là que j’étais passé du gars qui se tapait des barres sur Instagram à celui qui transmettait des messages positifs.

@mariana_benenge : Idem, ce sont les messages de ce genre qui me réjouissent le plus. Je reçois beaucoup de DM de jeunes filles qui me remercient car elles osent davantage mettre en valeur leurs corps, leurs courbes, porter de la couleur aussi… Ça, ça me fait énormément de bien.

@iamsnakeninja : Un jour, j’ai reçu un message d’une personne qui avait été emprisonnée dans son pays pour être gay, et qui me disait simplement ça : “Merci.” Ça m’a énormément touché, car ma passion, que je transmets à travers mes vidéos, a également ce but-là : représenter ma communauté et faire changer les mentalités.

@mariana_benenge Blouse et ceinture BLUMARINE / Body VITELLI x FANTABOY / Collants WOLFORD x AMINA MUADDI / Boots SOULIERS MARTINEZ

Photographe : Axel Joseph
Assistant Photographe : Jies Cleodore
Styliste : Nicolas Dureau
Assistante Styliste : Léa Salaün
Set Designer : Sylvain Cabouat
Assistants Set Designer : Héloïse Béraud & Flavien Perrottey
Maquilleuse : Alexia Amzallag
Assistante Maquilleuse : Daurianne Emboule
Coiffeuse : Sachi Yamashita
Production : Producing Love
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