Mon Compte Shop
Mode

Ditte Reffstrup : “Chez Ganni, tout commence toujours par la musique”

La griffe danoise la plus cool du moment dépose ses valises à Paris et ouvre ses deux premières boutiques les 17 et 24 mars. Rencontre avec sa créatrice Ditte Reffstrup pour en savoir plus sur l’ADN de la marque, ses inspirations et ses engagements.

Alerte aux fans de Ganni ! Le label danois ultra-hype débarque dans la capitale avec deux boutiques. Rendez-vous ce 17 mars pour découvrir la première adresse rue Vieille-du-Temple et le 24 mars rue du 29-Juillet. L’occasion de shopper les dernières pépites de la griffe reine des couleurs pop et des mix & match. C’est quelques jours après le show-concert Love Forever Ever de Ganni à la Fashion Week de Copenhague que l’on rencontre sa créatrice Ditte Reffstrup. L’occasion de revenir sur cette toute nouvelle ligne ainsi que les débuts de la marque, son lien avec la musique et ses projets du moment.

 

View this post on Instagram

 

A post shared by GANNI (@ganni)

Ganni vient de sortir une collection intitulée Love Forever Ever : pourquoi ce nom ?

Je pense que toutes nos collections portent toujours le nom de quelque chose qui évoque l’amour. Pour moi, c’est mon amour pour la mode, pour ce qu’on fait et pour notre communauté. L’année dernière, nous avons organisé ce concert Love Forever pendant la pandémie, lorsque tout était fermé. C’était la première fois qu’on essayait de faire quelque chose de digital pour un show. C’était une belle expérience en fait. Quand on en parlait, on se disait : plus personne ne pourra voyager ou vivre la même expérience physique. Et nous nous sommes dit : proposons un show dans un format différent et faisons en sorte que le plus grand nombre de personnes possible profite de cette expérience. 

Pourquoi as-tu choisi de faire référence aux années 90 pour cette collection automne-hiver 2022 ?

Je pense que les années 90 représentent mon adolescence et donc mon inspiration éternelle. Je trouve que la pop culture et la scène musicale étaient très intenses à l’époque. Peut-être que c’est parce que j’ai vécu cette décennie en tant qu’adolescente. J’ai grandi dans une petite ville, et la seule fenêtre que j’avais sur le monde, c’était MTV – et à cette époque, la chaîne était très différente de ce qu’elle est aujourd’hui. J’ai donc l’impression de toujours revenir à ces années-là. C’est super nostalgique pour moi. De plus, je travaille avec une équipe très jeune qui adore aussi les 90’s. Leurs looks sont différents mais je peux voir leurs références stylistiques. Par exemple, toi aussi tu es jeune et je peux voir des références aux années 90 avec ton col roulé côtelé. Mais tu le portes d’une manière différente et je trouve ça super fascinant et intéressant.

Où peut-on voir tes références à Björk et PJ Harvey dans cette dernière collection ?

La première fois que je les ai écoutées, j’ai été époustouflée par leur féminité, cette douceur, mais elles avaient aussi cette puissance dans leurs messages, dans leurs voix. Elles étaient si courageuses. Il y a cette dualité, ce contraste et je pense que c’est ce que représente Ganni. Être suffisamment courageuse pour montrer son côté doux, mais aussi avoir la puissance et la confiance nécessaires pour conquérir le monde.

Les années 90 représentent mon adolescence et donc mon inspiration éternelle.

Lors de la présentation de la collection, la chanteuse Jada a performé. L’année dernière, vous avez organisé plusieurs performances musicales en direct : quelle est la relation entre Ganni et la musique ?

Je pense que chez Ganni, tout commence toujours par la musique. Pour être honnête, j’ai essayé de chercher ailleurs aussi mais pour moi, ce n’est pas pareil, je ne ressens pas la même chose. J’adore aller dans les musées, mais cela ne me donne pas l’inspiration comme le fait la musique. Pour moi, la musique est toujours une bonne amie vers laquelle on peut se tourner. Je veux dire, si tu es déprimé.e, elle peut te remonter le moral. Si tu plonges dans n’importe quel sentiment, elle peut toujours t’aider. Pour moi, la musique est comme un journal intime non écrit. Lorsque tu écoutes une chanson que tu as entendue il y a dix ans, tu sais exactement où tu étais à ce moment-là. Tu te souviens des gens, d’une situation. C’est pourquoi, pour moi, c’est une source d’inspiration illimitée. 

Tu m’as parlé de l’importance de la musique dans ta vie : comment la musique t’a-t-elle aidée, en particulier pendant ton adolescence dans une petite ville ?

Je pense qu’elle m’a aidée pour tout. Quand on vit dans une petite ville, on peut se sentir un peu à l’écart à bien des égards. La musique était un espace où je pouvais m’échapper. Et j’ai aussi compris que c’est bien de se sentir différent. C’est cool et ce n’est pas une mauvaise chose. 

La musique a aussi été une grande source d’inspiration pour mes créations. Je me souviens de clips, les tout premiers de Madonna par exemple, que j’ai tout simplement adorés. J’adorais la façon dont les artistes étaient habillé.e.s, je voulais juste leur ressembler. J’étais tellement inspirée par la façon dont iels utilisaient le vintage, le mix & match, les sous-vêtements, les vêtements de sport, etc..

C’est le message que tu veux faire passer avec Ganni : tu peux être différent.e ?

C’est quelque chose de très important pour moi : la mode est un endroit où l’on se sent libre et où l’on peut s’exprimer. Rien ne doit être limité. Tes looks doivent juste te ressembler, afin que tu sois la meilleure version de toi-même. C’est pour ça que j’aime la mode, car elle peut t’aider à te sentir mieux. 

Tu as mentionné Björk et PJ Harvey comme tes inspirations dans les années 90. En 2022, quel.le.s artistes t’inspirent ?

J’aime tous les genres de musique. Je n’ai pas de goût particulier. J’aime la musique pop mais je suis aussi ouverte à d’autres genres comme la techno. 

As-tu une muse de rêve pour Ganni ?

Non. Bien sûr, quand certaines personnalités comme Lizzo portent nos pièces, on est trop fier.e.s. Mais tout le monde peut porter du Ganni, ce n’est pas pour un groupe spécifique.

On se rencontre actuellement à Paris, où tu as déjà travaillé : la ville t’inspire-t-elle lorsque tu crées pour Ganni ?

Oui. Il y a quelque chose avec Paris, qui est le vaisseau mère de la mode. C’est aussi un peu effrayant parfois. Il y a tellement de culture et d’histoire de la mode qu’on peut en devenir nerveux. Je suis très enthousiaste à l’idée d’ouvrir deux magasins Ganni dans la ville, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver.

Tu travailles chez Ganni depuis près de quinze ans maintenant. Quel regard portes-tu sur le chemin parcouru ?

J’essaie de ne pas regarder en arrière. Le simple fait que tu me poses la question me rend émotive, car c’est tellement fou. À la fin d’un show, je fais la fête pendant environ une heure, puis je vais de l’avant et je travaille sur la prochaine étape. Je ne sais pas vraiment si c’est sain, mais c’est ce que je suis. J’essaie de ne pas regarder en arrière. On a fait un livre rétrospective avec Rizzoli, je l’ai regardé mais pas en détail parce que c’est trop pour moi !

De 2009 à aujourd’hui, comment a évolué l’engagement de Ganni en faveur de l’écoresponsabilité ?

Il évolue chaque jour. En 2009, nous n’étions que trois personnes au bureau dans un petit coin d’un appartement. On faisait de très petites collections comme une robe, un tricot… C’était vraiment simple. Mais l’écoresponsabilité a toujours été quelque chose que je voulais faire grâce à Nicolaj, mon mari, qui est aussi mon associé chez Ganni. On a donc commencé par s’approvisionner en matériaux biologiques. Plus tard, on a découvert que le coton biologique n’était pas toujours bon à cause de la consommation d’eau, etc.. 

Je pense que l’écoresponsabilité est un des piliers dont on est le plus fier.e.s et c’est vraiment un domaine dans lequel on a fait une grande différence. C’est une démarche quotidienne et continue. En 2020, on a annoncé 44 objectifs écoresponsables qu’on voulait atteindre avant 2023. En fait, on les a déjà atteints aujourd’hui. On essaye vraiment de repousser les limites.

Quelle sera la prochaine étape pour Ganni en termes d’écoresponsabilité ?

Pour cette collection, on a arrêté le cuir pour le prêt-à-porter et on va l’arrêter d’ici fin 2023 pour les chaussures et les accessoires. Et c’est stressant car le cuir est une matière très facile à travailler. Tu as cette richesse, cette sensation, tout le monde aime ça. Mais tu dois le porter pendant cent ans avant qu’il ne devienne durable. Donc on essaye beaucoup de matériaux. Comme le cuir fait à partir de champignons, de raisins, de cactus… De nombreux fournisseurs sont prêts à essayer et à utiliser cette technologie parce que c’est l’avenir et qu’il faut agir pour changer les choses.

Aujourd’hui, Ganni est l’une des marques les plus en vogue dans le monde. Pourquoi penses-tu que votre marque a réussi à exporter le style danois aux cool kids du monde entier ?

Je pense que c’est parce que les gens se sentent bien accueillis. Il s’agit d’une communauté et de l’acceptation de qui tu es. On essaie d’accueillir tout le monde. Nos tailles vont jusqu’au 52, on fait des vêtements non genrés, on shoote et fait défiler des mannequins de toute carnation… J’aime le monde quand il est différent. Je pense qu’on peut se refléter dans Ganni. Beaucoup de personnes sont fatiguées d’ouvrir un magazine, ou Instagram, et de ne pas se reconnaître du tout. C’est beaucoup plus intéressant d’être soi-même. Quand on a commencé Ganni, je voulais montrer au monde qu’on était différents. À cette époque, il y avait le style romantique danois qui était très populaire alors que les filles que je regardais portaient des vêtements très colorés et faisaient du mix & match. Je voulais donc montrer au monde que nous étions bien plus que cela.

En 2020, on a annoncé 44 objectifs écoresponsables qu’on voulait atteindre avant 2023. En fait, on les a déjà atteints aujourd’hui. On essaye vraiment de repousser les limites.

Aujourd’hui, la marque compte un million de followers sur Instagram. Quel effet cela fait-il et quels sont vos prochains objectifs ?

C’est assez fou d’avoir cette communauté autour de la marque. Quand on a commencé, on était littéralement à zéro. À cette époque, on ne savait pas ce qu’étaient les réseaux sociaux et c’est venu vraiment de manière organique.

Le prochain objectif pour moi est que Ganni devienne plus international. Les gens m’arrêtent pour me dire : “Pour la première fois, je me sens accueilli.e dans une marque de mode.” J’espère donc qu’on pourra poursuivre ce voyage et devenir une marque circulaire complète. 

Comment envisages-tu ton avenir en tant que designer ? As-tu l’intention de te concentrer uniquement sur Ganni à long terme ? 

Je ne regarde pas en arrière et je ne regarde pas non plus beaucoup dans le futur. (Rire.) Aujourd’hui, je ne me vois pas quitter Ganni. Ça fait tellement partie de moi que ce serait bizarre. C’est toujours aussi intéressant. Je travaille avec tellement de gens fun et jeunes. Je ris tous les jours.

As-tu des conseils à donner à nos lecteur.rice.s qui voudraient se lancer dans la création ?

Si c’est votre passion, vous devez vraiment avoir confiance en vous. Vous devez faire ce qui vous semble juste ; vous devez travailler dur, ce n’est pas facile. Il faut être humble, le chemin est long et il faut aussi connaître l’aspect commercial de la chose. Il faut travailler dans un magasin pour voir les clients, car ce sont eux qui vont porter vos vêtements. Vous devez acquérir de nombreuses expériences. Tout ça, je l’ai appris par moi-même. 

 

View this post on Instagram

 

A post shared by GANNI (@ganni)

voir l'article
voir l'article
Mode

Ditte Reffstrup : “Chez Ganni, tout commence toujours par la musique”

Se Connecter

Mot de pass oublié ?

Nouveau mot de passe

S'Inscrire* Champs obligatoir

FermerFermer