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« Dear Love » by Sarah Bahbah est une ode à la photographie – et un au revoir

La photographe vedette du Net se tourne vers le cinéma mais laisse un héritage avec son nouveau livre "Dear Love."

Sarah Bahbah est prête à entrer dans une nouvelle ère. Au cours de la dernière décennie, cette jeune femme de 30 ans a réalisé des œuvres aussi influentes que personnelles, depuis ses portraits fantaisistes d’ados australiens en festival à la série 3ieb ! (“Shame on me !” en anglais), pour laquelle elle a retourné l’appareil sur elle-même pour la première fois, posant de manière provocante pour exprimer son désir de libération sexuelle par rapport à ses propres restrictions culturelles. Aujourd’hui, elle fait ses adieux à la photographie, du moins pour le moment, et inaugure une nouvelle ère. Des adieux dans le plus pur style Bahbah : avec un livre d’art monumental intitulé Dear Love, qui retrace non seulement son travail des dix dernières années mais aussi des écrits autobiographiques bruts sur sa vie.

Divisé en quatre chapitres, sur 420 pages et plus de 600 photographies, le livre couvre le travail de Bahbah à travers les thèmes “Cher cœur”, “Chère obscurité”, “Chère lumière” et “Cher amour”, avec 20 projets visuels. Sarah Bahbah est depuis longtemps pionnière d’un système de tarifs dégressifs pour les œuvres d’art et conformément à ses valeurs, le livre sera disponible sur un modèle de paiement à la carte, de 60 à 300 dollars (58 à 282 €), l’option minimale étant destinée à celles et ceux qui ne peuvent pas payer plus.

Bahbah a récemment produit des vidéos musicales pour Kygo, ainsi que le court-métrage “I ____ You”. Elle affirme que c’est ce format qui l’intéresse aujourd’hui, en particulier les vidéos long format. Mais même si le support change, Bahbah souhaite raconter le même type d’histoires que celles qu’elle a toujours racontées : l’amour et une vie sans amour.

“Le livre, et même les dix dernières années, c’était comme une masterclass sur la façon d’utiliser l’art pour guérir”, explique Bahbah. “J’ai juste envie de construire autour du voyage que j’ai fait et de raconter plus d’histoires autour de mes thèmes favoris.”

Le livre est magnifique. Pourquoi as-tu voulu le sortir à ce moment-là ?

C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. Dès le début de ma carrière, je l’avais dans un coin de ma tête. Chaque année, je me rapprochais de sa réalisation, mais j’avais toujours l’impression de ne pas en avoir assez, car j’ai toujours su que je voulais créer quelque chose d’autobiographique. J’ai réalisé que j’allais passer le cap des dix ans dans la photographie et que je n’avais pas encore sorti de livre. Je m’oriente maintenant beaucoup plus vers le cinéma et la télévision – quelque chose que mes followers me demandaient depuis longtemps – et je ne vais plus faire autant de photo. C’était assez logique de faire de ce livre une sorte d’ode à ma carrière de photographe.

Ton travail est déjà très personnel, mais dans ce livre, tu dévoiles ton intimité d’une manière totalement inédite. Qu’est-ce qui t’a poussée à le rendre si brut ?

J’ai surmonté tellement d’obstacles. C’est le cas de tout le monde, mais j’avais besoin de pouvoir me libérer de toutes les merdes que j’ai traversées. Pour moi, la meilleure façon de le faire est d’être ouverte et vulnérable. Je pense que lorsque tu t’autorises à accéder à ce qui est vraiment profond en toi, et que tu as la volonté de le partager, il y a un énorme sentiment de libération. Je voulais pouvoir raconter mon histoire de la manière la plus authentique possible, et pour ce faire, j’ai dû être vulnérable et partager certaines choses, ce que je n’étais pas très à l’aise de faire au début. J’ai dû me réconcilier avec moi-même et avec ces pensées intrusives qui te font penser : “Oh, tu en fais trop”, “Les gens vont penser que tu es trop intense ou trop dark”, ou je sais pas quoi. J’ai dû me battre contre ça parce que je pense qu’en fin de compte, la transparence et la vulnérabilité émotionnelles permettent une guérison et une libération véritables et profondes. 

Qu’as-tu ressenti en revisitant tes anciens projets ? C’était intéressant de voir comment tu as évolué en tant qu’artiste ?

Ce qui m’a sauté aux yeux, c’est à quel point mes débuts étaient empreints d’ignorance et d’innocence, car j’ai commencé à l’adolescence, ou au début de la vingtaine. Je vivais encore chez mes parents pour certaines des premières séries que j’ai tournées. Puis tu vois l’évolution à partir du moment où j’ai déménagé dans une autre ville et que j’ai commencé à reconquérir mon identité. Je trouvais dans l’art un moyen de me libérer sexuellement. Ce n’est que lorsque j’ai déménagé à Los Angeles, que je suis devenue sobre et que j’ai commencé une thérapie, que mon travail est devenu beaucoup plus intense. Revenir en arrière et voir cette évolution a été un sacré processus pour moi émotionnellement.

Tu disais tout à l’heure que tu t’orientais davantage vers le cinéma et la télévision. Penses-tu que le livre symbolise peut-être la clôture d’un chapitre et un nouveau départ ?

J’ai vraiment l’impression que c’est la fin d’une époque pour moi. Je vais prendre moins de photos et raconter mes histoires à travers la télévision et des longs formats. Ma passion ne réside plus vraiment dans la photographie. Même si elle a joué un rôle important dans ma vie, je pense que ça n’a jamais été une question de média. L’idée, ça a toujours été de raconter mon histoire la plus authentique.

C’est quoi le concept derrière ton art ? Quelle thèse résumerait tes dix dernières années de travail ?

C’est marrant parce que mon petit ami et moi parlions de ça récemment. En fait, c’est comme une masterclass sur la façon d’utiliser l’art pour guérir.

Ça t’a fait quoi de voir que ton style était devenu influent ?

C’est flatteur évidemment. C’est agréable de voir que les gens m’ont remarquée, qu’ils se sentent inspirés, qu’ils écoutent et qu’ils créent leurs propres versions et leurs propres histoires. Ça fait plaisir, c’est clair. Par le passé, j’étais contrariée lorsque de grandes marques imitaient ce que je faisais et qu’elles ne me contactaient pas après pour des jobs ; elles choisissaient toujours des photographes blancs, ou des hommes blancs je devrais dire. Ça m’énervait. Mais maintenant, ça ne me touche plus. Cette industrie est comme ça.

Qu’est-ce qui t’inspire en ce moment ?

Bonne question. J’entre dans un tout nouveau monde avec le cinéma et la télévision ; avoir l’espace et la plateforme pour raconter une histoire d’une nouvelle manière est très, très excitant. Je me retrouve complètement immergée dans ce monde où j’imagine mes histoires sous forme longue. J’ai l’impression de créer à un tout autre niveau.

Je me retrouve complètement immergée dans ce monde où j’imagine mes histoires sous forme longue. J’ai l’impression de créer à un tout autre niveau.

Parle-moi de ton système de tarifs dégressifs. Je sais que c’est un concept important pour toi depuis longtemps.

J’ai lancé ce système de tarifs dégressifs en 2020, pendant la pandémie. Avant cela, mes œuvres étaient vendues à des prix allant de 5 000 à 30 000 dollars et je n’avais pas l’impression que tout mon public y avait accès. J’ai donc voulu créer quelque chose qui permette aux jeunes collectionneur.se.s et aux amateur.rice.s d’art qui n’ont pas les moyens de payer un prix élevé d’avoir accès à ces œuvres qu’ils ou elles aiment et partagent tout le temps. J’ai proposé un minimum de 50 dollars par tirage en édition limitée parce que je voulais rendre mon art plus accessible.

J’ai voulu vendre le livre sur le même modèle parce que s’il était proposé dans un concept store ou dans une librairie haut de gamme, il coûterait minimum 300 dollars. C’est un livre de luxe. Il a tous les détails qu’il faut pour être classé dans la catégorie des produits haut de gamme. Mais je le répète, je veux que toutes celles et ceux qui aiment mon art possèdent ce livre, et je ne pense pas que ce soit possible à un tel prix. 

Y a-t-il autre chose que tu veux ajouter à propos du livre ?

Je tiens juste à préciser qu’il ne s’agit pas seulement d’un livre de photographies, mais aussi d’un livre autobiographique. Certaines pages écrites sont assez lourdes. Même s’il a l’air d’un livre agréable et léger et qu’il aborde le thème de l’amour, il reflète surtout une vie sans amour. C’est un livre qui te raconte un voyage à travers plein de vies différentes. C’est un processus. Les gens qui vont le lire feront leur propre voyage, et je suis impatiente de voir ce que chacun.e va dire.

Dear Love est disponible à l'achat sur dear-love-book.com dès maintenant.
Cet article a originellement été publié sur nylon.com.
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"Dear Love" by Sarah Bahbah est une ode à la photographie - et un au revoir

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