Tandis que l’upcyling fait son chemin dans le luxe, la jeune création internationale multiplie les prouesses pour une mode éthique toujours plus fabuleuse. Marine Serre s’érige au rang de leadeuse et n’hésite pas à partager des extraits de son processus créatif via des vidéos sur sa chaîne YouTube, immergeant le spectateur dans les ateliers où sont réalisées certaines de ses pièces. D’anciens jeans sont déconstruits pour devenir des jeans précieux, griffés des fameux croissants de lune, des serviettes de bain deviennent des gilets… D’autres, comme Sevali (dont le slogan Instagram est “Upcycled Couture”), vont encore plus loin en incluant dans les créations couture des objets du quotidien comme des ceintures de voiture ou des sacs à main. Fini le temps où l’upcycling traînait une mauvaise réputation esthétique. Aujourd’hui, déconstruire pour reconstruire en mieux a permis l’apparition de silhouettes pointues, à la manière des créations du styliste suisse Kévin Germanier, qui a l’habitude de retravailler d’anciens tissus pour ses pièces sculpturales. En France, les créatrices des labels Andrea Crews et Koché sont aussi des habituées, donnant naissance à une mode ludique et précieuse. Quant au label new-yorkais Gypsy Sport, son créateur Rio Uribe utilisait déjà des vieux jeans, des objets ménagers ou encore la robe de mariée de sa mère pour la collection printemps-été 2018.
De la même manière que le neuf, l’upcycling offre la possibilité de créer tous les styles, du plus classique au plus décalé. Ainsi, de jeunes labels fleurissent sur Internet avec des créations qui, à défaut d’être disponibles dans de vraies boutiques, s’achètent via e-shops, Instagram ou sur des applications de revente. C’est le cas du label italien Garbage Core, qui propose des pièces upcyclées poétiques réalisées en patchwork, ou du label parisien Maison Mourcel avec ses créations futuristes et hybrides. Certains se spécialisent dans la conception d’un seul et unique produit, comme le jeune label new-yorkais Is NYC et sa ligne “Redux”, spécialisée dans les corsets. Ces créations uniques à l’aura singulière plaisent aux jeunes générations et leur vente est favorisée par les applications de shopping social telles que Depop, qui regorge de créatifs à l’instar d’Immoral London, une autre créatrice de corsets, ou Mata Complex, dont les tops déstructurés sont parfois fabriqués avec des chaussettes. Certaines influenceuses ont aussi fait de l’upcycling une partie importante de leur ADN à la manière de Tess Ryfa du compte Instagram @rosabonheur, qui partage régulièrement des vidéos sur le sujet avec ses abonnés.
Enfin, l’upcycling envahit aussi les friperies pointues comme celle de NUOVO à Paris. Habituée des pièces de créateurs, mais également de produits plus accessibles à l’esprit 90’s, sa créatrice Lisa a présenté en mars dernier une collection confectionnée avec ses pièces invendues ou défectueuses, qui deviendra un rendez-vous récurrent en boutique et sur l’e-shop. “Vendre du vintage, c’était déjà passionnant, les vêtements portent une histoire et quand ils partent, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre à eux, explique-t-elle. Et grâce à l’upcycling, les vêtements n’ont pas seulement une deuxième vie, ils deviennent uniques. Avec la pandémie que nous traversons, l’immobilité devient un problème planétaire. Nous avons tous besoin de recréer du mouvement, de faire bouger les choses en se reconnectant à notre créativité.”