Déconstruction sur TikTok
Je viens d’Amérique latine et notre culture est connue dans le monde entier pour son hétéronormativité. En Amérique latine, les concepts de ce qui est masculin et de ce qui est féminin sont définis de manière très stricte et te sont incrustés dans le cerveau dès le plus jeune âge. Mais aujourd’hui, comme partout ailleurs dans le monde, cette culture est remise en question. Personnellement, malgré tout ce que j’ai appris en grandissant, j’ai toujours été attiré par le maquillage. Mais je n’ai jamais pris ça au sérieux, c’est peut-être lié aux concepts avec lesquels j’ai grandi. J’ai toujours perçu le maquillage comme un jouet, je ne l’ai jamais intégré à ma routine quotidienne. J’aime bien avoir quelques produits, mais je ne les utilise pas sérieusement et je n’ai aucune compétence technique pour l’intégrer à ma vie de tous les jours, à part à la maison ou lors de soirées entre amis le week-end. J’ai donc décidé de changer cela. Pour ce faire, je me suis tourné vers l’oracle du web en 2023, TikTok.
Au début, quand tu tapes “maquillage pour hommes” sur TikTok, tout ce que tu verras, ce sont des tutos sur la façon de reproduire un make-up “masculin” “naturel” ou “correctif” sur toi-même. Ce sont des conseils utiles bien sûr, c’est toujours bien savoir faire un maquillage de base, mais bon, le stéréotype selon lequel le “maquillage masculin” ne peut pas aller au-delà de corrections invisibles, j’ai trouvé ça complètement con.
Bien sûr, il y a des influenceurs incroyables comme Bretman Rock, Patrick Starrr ou Fabian Crfxk qui participent à briser les murs du genre pour le maquillage depuis un moment, et qui aident beaucoup d’entre nous, âmes perdues, au passage. Mais ils restent des exceptions dans l’océan de contenus d’Internet. La masculinité ne devrait rien avoir à voir avec le fait de mettre un peu de fard à paupières, de mascara ou de rouge à lèvres – et la féminité n’a rien à voir avec ça non plus. Ce que j’ai appris au fil des ans et des nombreuses saisons de Drag Race et Glow Up, c’est que le maquillage n’est que du maquillage. Il n’y a pas d’agenda maléfique ni d’étiquette de genre qui y est attachée. Le make-up, c’est parfois purement du fun, c’est un job pour d’autres… Mais le plus important, c’est que le maquillage est et devrait toujours rester un outil de libération et non de répression.