Audrey : “Je me suis demandé pourquoi ça m’arrivait à moi”
Aussi loin qu’elle se rappelle, Audrey a toujours été entourée par le cancer. Sa mère est décédée d’un cancer du col de l’utérus lorsqu’elle n’avait que 6 ans. Son père l’a élevée jusqu’à ses 52 ans, il est parti d’une tumeur au cerveau. Sa tante a 38 ans lorsqu’elle est diagnostiquée d’un cancer du sein. À 25 ans, son fiancé décède d’un lymphome. “Depuis que je suis jeune, je me suis toujours dit : ‘Si je passe le cap des 30 ans sans avoir eu de cancer, j’ai de la chance’”, raconte Audrey sur le ton de la plaisanterie. À 29 ans, elle apprend – presque sans surprise – qu’elle est atteinte d’un cancer du sein.
À la fin du mois de février 2020, elle constate un écoulement jaunâtre de son sein. Elle avertit son gynécologue, qui ne se semble pas vraiment inquiet. “Il m’a dit que ça arrivait aux mamans qui avaient allaité (j’ai un petit garçon). Il m’a dit précisément : ‘Ne pressez plus.’” L’écoulement ne s’arrête pas pour autant. Six mois plus tard, elle est réveillée en pleine nuit par une douleur très forte dans la poitrine. “J’ai compris que c’était une alerte de plus, que je ne pouvais plus passer au-delà”, explique-t-elle. Elle décide d’aller voir une autre gynécologue. Une batterie d’examens plus tard, échographies, mammographies, biopsies, le verdict tombe : elle a un carcinome infiltrant HER2 triple positif, en d’autres termes un cancer du sein. “Je me suis demandé pourquoi ça m’arrivait à moi, si je n’avais pas déjà assez morflé dans ma vie. Mon monde s’est écroulé.”
“Tu penses forcément à tes cheveux qui vont tomber”
Durant le mois de septembre 2020, Audrey enchaîne les rendez-vous médicaux pour savoir quel traitement sera le mieux adapté à son cas. “J’ai compris que j’allais avoir de la chimio, c’est encore un coup de massue. Tu penses forcément à tes cheveux qui vont tomber.” En mars 2021, en parallèle de son traitement, elle se fait opérer du sein afin d’enlever la tumeur. “Les chirurgiens avaient réussi à conserver mon mamelon et la forme de mon sein. C’était une chance !” Mais après un premier passage au bloc, le sort s’acharne : il reste des résidus de la tumeur dans les tissus. Audrey doit se faire à nouveau opérer, cette fois pour une ablation complète du sein. Pour la jeune femme, c’est un choc supplémentaire : “Je n’avais pas du tout envisagé cette possibilité-là…” Elle demande une reconstruction immédiate par prothèse, en même temps que son opération. “J’ai la forme d’un sein mais je n’ai plus de mamelon. Je ne suis pas sortie de l’opération sans rien, psychologiquement, ça m’a beaucoup aidée. C’est loin d’être un résultat satisfaisant, mais quand je mets des t-shirts, il y a quand même la forme”, explique-t-elle. Ce qui l’a aidée à surmonter cette étape ? Son fils de 2 ans et demi. “Oui, la poitrine fait partie de la féminité mais je préfère vivre et avoir un sein en moins.” Audrey sait que, pour son cas, il y a des possibilités de reconstruction mammaire.