Comment gérer ta shopping addiction
Le Covid a fait de moi une material gurl complètement accro au shopping. Si tu es dans le même bateau, voici comment devenir plus conscient.e et responsable avec tes achats.
Le Covid a fait de moi une material gurl complètement accro au shopping. Si tu es dans le même bateau, voici comment devenir plus conscient.e et responsable avec tes achats.
Je ne sais pas pour toi, mais s’il y a une habitude que j’ai prise pendant la pandémie et dont je n’arrive pas à me débarrasser, c’est cette envie frénétique de faire du shopping. Tout le temps. J’ai pris des mesures pour acheter moins de choses, histoire de rendre ça plus durable pour la planète et pour mon porte-monnaie : voici comment j’ai fait.
Je n’ai jamais été un serial shopper. Après avoir fait une école de mode et passé toute mon adolescence à consommer des vêtements via Tumblr – sans jamais avoir les fonds nécessaires pour les acheter, bien sûr –, ça me convenait plutôt bien d’apprécier la mode et tous ses accessoires à travers un écran. Est-ce que ça m’arrivait d’acheter quelque chose de temps en temps ? Oui, bien sûr, je suis humain après tout et les vêtements sont une nécessité dans notre société (heureusement ou malheureusement selon ton point de vue). Cependant, lorsque la pandémie a frappé et que le monde s’est enfermé, tout le monde s’est soudainement mis à chercher des passe-temps pour survivre. Cuisiner, ce n’était pas pour moi, faire du sport non plus, et jardiner dans un minuscule appartement parisien, c’est juste pas possible. Alors je me suis tourné vers la chose la plus accessible qui pouvait être faite sur mon téléphone et que je faisais depuis tant d’années : regarder de beaux vêtements.
Rapidement, c’est devenu dangereux : je suis passé de “regarder et kiffer” à “kiffer et vouloir”. Et c’est tombé au moment les marques de mode, désespérées par la fermeture des magasins, lançaient des soldes de dingue et où il n’y avait rien d’autre où dépenser son fric : la recette parfaite pour le désastre. Ce qui avait commencé par quelques achats et recherches innocentes ici et là est devenu une sorte de défi. Je passais des heures à réfléchir à toutes sortes d’articles que j’avais toujours voulu essayer et avoir dans ma garde-robe et je me mettais au défi de trouver les meilleures affaires ou le moyen de les obtenir au prix le plus bas possible. La mode, c’est fun mais c’est aussi un excellent rabbit hole : cherchant un article, j’en trouvais dix autres qui me plaisaient aussi et s’ils étaient à un prix intéressant, c’était une affaire conclue. C’est ainsi que fonctionne la mode, malheureusement. Les possibilités sont infinies et il y a tellement de choses mignonnes qu’il est impossible de se contenter de ce que tu as ou de ce que tu viens d’acheter. Mais c’est bien là le problème ; même si les possibilités de la mode sont infinies, mon compte en banque ne l’est pas et rien que cela aurait dû me pousser à tout arrêter. Mais je n’y arrive toujours pas (même si je me contrôle mieux, il faut le dire). Sans compter les conséquences sur la planète.
En repensant aux difficultés que l’industrie de la mode a traversées pendant la pandémie, il est intéressant de noter qu’il s’agissait en fait de l’effondrement à vitesse grand V de problèmes que cette industrie avait elle-même créés. Les humains ne sont pas des surconsommateurs par nature, on nous a appris à surconsommer.
Pour moi, l’industrie de la mode représente malheureusement le sommet du capitalisme, c’est incontestable, my fashion friends. Le débat pour savoir si la mode est de l’art ou non est à mon avis inutile. La mode peut être de l’art, c’est certain, mais on ne peut pas oublier que, surtout vu la façon dont les choses fonctionnent aujourd’hui, le but de la mode est toujours de devenir un produit. Un produit qui est consommable et finalement jetable et c’est là que les problèmes commencent. Mais ça n’a pas toujours été comme ça. Il y a environ un siècle, la mode était plus une forme d’art qu’une affaire de capitalisme.
Bien sûr, elle n’était pas accessible à presque tout le monde comme aujourd’hui – la mode a toujours été élitiste, c’est relou mais c’est comme ça – et elle était construite pour durer. Cela a cependant commencé à changer vers les années 1960, lorsque la mode est devenue un outil important de la liberté d’expression dans les rues de grandes villes comme Londres, New York et Paris. La culture des jeunes prenait le dessus et la mode a suivi ces mouvements et est donc devenue un outil de connexion et d’expression pour un public beaucoup plus large, créant un besoin pour une production de masse, des prix plus abordables et des cycles de tendances plus rapides.
C’est toutefois dans les années 2000 que la mode a emboîté le pas des autres industries, attirant les investissements de personnes extérieures au milieu et qu’elle est devenue une industrie monstre avec un volume de production massif et des bénéfices juteux dans le monde entier. Les maisons de luxe familiales et les noms de créateurs, qui étaient considérés comme des artistes, sont devenus des marques avec des magasins dans le monde entier et une communication massive. La mode est devenue un sujet récurrent de la pop culture et nous, le public, avons été gavé.e.s de ce désir de consommation devenu comme une drogue.
Mais quel est le rapport avec mon addiction au shopping ? Eh bien, c’est en 2020, lorsque le monde s’est arrêté comme jamais auparavant, que l’industrie de la mode a également été forcée de s’arrêter, et cela a généré tout un tas de problèmes, dont le plus important était ce gigantesque volume de produits qui n’atteindraient pas le public puisque nous étions enfermé.e.s chez nous. La solution pour vendre ce surplus dans un délai plus limité – n’oublie pas que la mode évolue si vite qu’en 2020, les tendances d’une saison qui durait habituellement six mois avaient maintenant une date d’expiration d’environ deux mois au maximum – alors que le monde était complètement arrêté, était de faire des remises importantes et de les commercialiser largement via l’outil que nous avons commencé à utiliser pour absolument tout pendant la pandémie : Internet. C’est à ce moment-là que moi, petit aficionado de la mode, j’ai commencé à faire plus de shopping et c’est devenu une habitude dont il est difficile de se défaire aujourd’hui.
Alors existe-t-il une façon de résister à cette envie de consommer que nous assènent quotidiennement les puissances supérieures de la mode ? Ce que j’ai découvert, c’est que je ne suis pas sûr qu’un remède soit possible sans se rebeller et quitter le capitalisme pour de bon, mais il existe des moyens de diminuer l’impact de tes habitudes de shopping sur ta vie, ton portefeuille, ta garde-robe et ton bien-être général.
La première soluce, c’est de se souvenir de la grande leçon de la regrettée Vivienne Westwood : achète moins, choisis mieux et fais-le toi-même ! Je dois admettre que la partie bricolage, même si elle est très amusante, est la moins accessible de toutes – surtout si tu vis dans un minuscule appartement comme moi. Acheter moins n’est pas non plus facile quand le problème est justement que tu ne peux pas t’arrêter de faire du shopping. Mais bien choisir ? Ding ding ! Voici la solution ! (Merci Vivienne !) Qu’est-ce que ça veut dire, bien choisir ? La réponse à cette question est très personnelle mais il y a quelques macropoints sur lesquels je m’interroge chaque fois que le virus du shopping me mord : 1) Est-ce que je possède déjà quelque chose qui ressemble à cette pièce, ou alors une pièce qui pourrait être portée de la même façon ? Et si la réponse est oui, est-ce que cette pièce remplacera une ancienne pièce ? 2) Puis-je penser à au moins cinq ou six façons différentes de porter cette pièce et d’adorer ça ? et 3) Si je l’achète maintenant, y a-t-il quelque chose que je peux retirer de ma garde-robe pour compenser cet ajout ?
Deuxièmement, j’essaie d’éliminer l’agitation et ce sentiment d’euphorie qui te saisit dès que tu vois quelque chose que tu aimes et que tu meurs d’envie d’acheter. Je (essaie de) n’achète jamais rien par impulsion. Si je sens que je deviens trop agité et que je me mets à penser que cet achat va changer ma vie, j’éteins mon ordinateur, je jette mon téléphone sur le côté tout de suite et je me donne 24 heures pour réfléchir aux points mentionnés ci-dessus. Ce n’est pas toujours facile et pas toujours possible, mais c’est une astuce qui rendra ton expérience d’achat beaucoup plus consciente et moins remplie de regrets !
La troisième solution – et celle-ci est ennuyeuse si tu es aussi un.e material gurl, je sais, désolé ! –, c’est : Jette un regard profond et intense sur ton compte en banque avant de cliquer sur le bouton “Commander”. C’est parfois déprimant et pas facile, je sais, mais c’est nécessaire. Quand tu prends le temps d’analyser réellement la quantité d’argent que tu as en ce moment, tu te souviens comme par magie que tu as des projets pour cet argent. Ce voyage cet été, ce concert de Beyoncé, ce festival, ou même ce gros investissement pour lequel tu as économisé et, bien sûr, les factures à venir ce mois-ci. C’est parfois déprimant, mais il vaut mieux prévenir que guérir lorsqu’il s’agit de dépenser ton argent durement gagné, tu verras.
La quatrième est très simple : as-tu acheté trop de choses ? Vends-les, donne-les ou offre-les à tes ami.e.s ou à tes proches ! Il est inutile de t’en vouloir et accumuler la mode ne te fera aucun bien, ni à tes proches, ni à la planète, alors transmets tout simplement ! Il n’y a rien de plus thérapeutique et c’est un excellent exercice pour apprendre à se connaître – mieux que vider son dressing. Tu te sentiras comme une nouvelle personne et, mieux encore, il y a des chances que tu retrouves des choses que tu avais complètement oubliées. C’est comme faire du shopping mais gratuitement et tu n’as même pas à attendre qu’on te l’envoie !
Mais le plus important peut-être : ne te blâme pas et ne te sens pas coupable de ton expérience de shopping. C’est important de gérer et d’être conscient.e en le faisant mais se faire plaisir de temps en temps est aussi essentiel et ça fait partie de la vie à mon humble avis. Pour moi, la mode est avant tout un outil amusant d’expression de soi qui fait partie intégrante de ma vie et de ce que j’aime, mais c’est aussi un sujet sur lequel j’essaie de m’éduquer pour en profiter de la meilleure façon possible pour moi et la planète. Alors amusez-vous mais soyez responsables, my fashion lovers, et si un jour, vous avez trop shoppé, n’hésitez jamais à faire tourner !