Pourquoi as-tu pensé que Karl Lagerfeld était la bonne marque pour développer une collaboration comme celle-ci ?
En fait, il faudrait poser la question dans l’autre sens : pourquoi étions-nous la bonne marque pour collaborer avec Karl Lagerfeld ? Je ne veux pas paraître trop mystique, mais il y a définitivement quelque chose qui me connecte à cette maison : j’étais hyperfan et aujourd’hui, je travaille avec eux. La boucle est bouclée ! Lorsque je me demandais, pendant mes études, si je voulais vraiment devenir designer, je pensais à Karl. C’est lui qui donnait un sens à cette voie dans mon esprit.
Quand j’ai lancé ma marque, je me suis intéressé à Jacques de Bascher (le compagnon de longue date de Karl Lagerfeld, ndlr) à sa vibe de dandy plein d’assurance avec un côté extrêmement naughty. Il y a pas mal de ça en moi aussi ! (Rire.)
J’ai même pu rencontrer Karl au prix LVMH, et à ce moment-là, je me suis dit : « Mon Dieu, je t’ai étudié pendant deux ans et maintenant je reçois un prix et tu te tiens littéralement devant moi. » Et lors de ma deuxième nomination au prix LVMH en 2020, j’ai rencontré Carine. L’histoire est drôle, elle ne s’en souviendra probablement pas, mais j’étais avec tous mes tricots et elle est venue me voir. Je lui ai présenté la marque et la collection et elle a dit « Ha OK, je me demandais pourquoi tout était si simple mais maintenant je comprends, c’est génial ! » J’ai presque fondu en larmes.
C’est vraiment à ce moment-là que j’ai compris qu’il était logique pour moi de devenir designer et j’ai cessé de me poser autant de questions.
Et pourquoi as-tu décidé de faire de la maille la base de ta marque ?
Là encore, tout s’est fait naturellement. J’étais dans une période où je n’avais plus envie de me poser de questions. Je voulais juste travailler à partir de mes émotions. Parfois, on a de multiples options devant soi et l’une d’entre elles se détache et c’est le bon choix. C’est beaucoup une question d’intuition et de ressenti.
Lorsque j’ai déménagé à Londres pour mes études, je n’avais absolument aucune idée du travail technique. On m’a mis devant une machine à tricoter, je ne savais pas quoi faire mais ça me fascinait. J’ai toujours eu ce côté geek et mécanique – et je l’ai retrouvé dans le tricot. J’ai un truc avec le tricot… Je ne sais pas pourquoi, je kiffe ça. Tu sais, j’ai un petit côté loser : je m’endors en pensant à des structures de tricot !