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Célébrer la queerness pendant la Pride avec Karl x Alled-Martinez

Le jeune créateur espagnol signe une collection pour la marque Karl Lagerfeld, célébrant l’excentricité du créateur légendaire. Il t’explique son processus de créa, ses souvenirs mode et how to be un good allié pendant la pride

À première vue, les univers mode d’Archie M. Alled-Martinez et Karl Lagerfeld semblent être méga éloignés ; mais si tu regardes de plus près, tu trouveras plein de similitudes. Je commence par te présenter la marque Alled-Martinez : basée sur le tricot, chaque vêtement est réalisé à la main, avec un sens du détail rappelant Lagerfeld. 

Archie nous raconte comment il a célébré l’héritage queer, camp et fun de la maison Lagerfeld et comment il a mixé tous ces éléments – avec l’aide de la bonne fée de la mode Carine Roitfeld – dans une collab Pride qui n’est pas juste amusante. 

Alled Martinez x Karl Lagerfeld

Qu’est-ce qui t’a d’abord attiré dans la mode ?

J’ai commencé dans la mode un peu comme tout le monde, en tant que consommateur. Personne dans ma famille n’était lié à cette industrie – ce n’était même pas un hobby. Je pense que cela se ressent dans mon travail. Mon expérience de fana de mode m’a appris à apprécier les pièces – leur coupe, leurs finitions. Il n’y a rien que je déteste plus que de me dire « Oh, j’adore cette pièce ! » et de la retourner et découvrir une énorme fermeture Eclair inutile dans le dos…

Pour moi, un styliste doit savoir s’arrêter. La simplicité, la sobriété, le plaisir d’une pièce parfaitement conçue et sans fioritures – c’est ça la mode selon moi, et je pense que c’est quelque chose qui caractérise le travail de Karl. Il croyait vraiment à l’image pure, à la recherche de la beauté. Il n’y a pas besoin d’ajouter des clochettes et des sifflets sur un bombardier à rayures alors qu’il a déjà une magnifique coupe.

Peux-tu me parler de la collab ?

J’ai été approché par Carine Roitfeld avec une consigne : le vêtement devait être genderless. Cela m’a rappelé le début des années 90, avec ce style très androgyne. C’est aussi à cette époque que j’ai commencé à découvrir Karl Lagerfeld et Carine Roitfeld et prendre conscience de leur impact dans la mode.

Les images que Carine a créées avec Mario Testino et Tom Ford m’ont bouleversé ! Et dans la foulée, le personnage de Karl était en train de transformer le style de l’époque. Il a eu une grande influence sur moi : je faisais mon master à l’époque. C’était une claque !

C’est drôle parce que pour moi aussi, les premières figures qui ont vraiment attiré mon attention dans la mode étaient Karl et Carine pour leur simplicité, leur acuité et leur quête de perfection dans tout ce qu’ils entreprenaient.

Exactement ! Ma vision pour la collection consistait à imaginer ce que serait Karl en 2022. Que ferait-il aujourd’hui ? Ce qui m’est venu à l’esprit, ce sont les polos zippés, les vêtements perlés – qui sont à la fois glam et camp –, une sorte de dialogue entre 1990 et aujourd’hui. Ce qui change en 2022 : les vêtements doivent être agréables et faciles à porter. J’ai aussi prêté attention aux petits détails pratiques : par exemple, les bombers ont un élastique caché à l’intérieur des manches, de sorte que lorsque tu les remontes, ils restent en place. Les hauts à col montant sont très Karl, tout comme la doublure des gants… C’est comme si j’exposais au monde mon interprétation de toute cette imagerie qui m’a vraiment formé quand j’étais enfant.

C’est très intéressant à entendre, et ça fait écho : je suis moi-même Vierge, tout comme Carine et Karl, et j’ai toujours prêté attention aux détails – avec un côté perfectionniste. Il n’y a pas de meilleure sensation au monde que celle qu’on ressent lorsqu’on relève une manche d’une veste et qu’elle reste droite ! Qu’en penses-tu ?

C’est fou de t’entendre dire ça – je suis tout à fait d’accord et c’est vraiment un trait de Carine. Lors de la collab, j’ai découvert que nous avions tellement de points communs – c’est même effrayant ! On partage le sens du travail en équipe, mais aussi le goût pour la totale fantaisie. On a choisi ensemble de célébrer l’aspect camp et chic de la personnalité de Karl dans le cadre de cette collection.

Oui ! Carine et Karl savent y faire quand il s’agit de pousser un concept aux limites de la fantaisie…

C’est vrai ! Je pense qu’il est vraiment important de célébrer cette attitude flamboyante. Mais ce qui est aussi très important pendant ce mois des fiertés, c’est de ne pas forcer le côté queer sans raison. Je m’explique : lorsque nous avons pensé à la collection, il était vraiment important pour nous de prendre position contre le pinkwashing et de nous réapproprier ce que signifie sortir une collection sur la fierté.

Le message de fond : il ne faut pas essayer d’être quelqu’un d’autre que toi-même. Il est important de célébrer sa propre individualité car en fin de compte, c’est le sens même de la fierté.

C’est très juste, je pense que nous en avons tous.tes marre de voir à chaque mois des fiertés tous ces produits arc-en-ciel inutiles qui sortent de partout. Il me semble important d’avoir une collection de célébration mais qui puisse être portée hors du contexte de la Pride.

Oui ! Et ne pas être obligé d’utiliser les couleurs et l’arc-en-ciel juste pour le plaisir de les utiliser. Pendant notre processus créatif, nous avons analysé la collection et à un moment, nous nous sommes dit qu’elle n’était pas assez colorée avant de réaliser que ce n’était pas notre truc de forcer les choses – et nous avons décidé d’être fiers de ça.

Alled-Martinez x Karl Lagerfeld

Le message de fond : il ne faut pas essayer d’être quelqu’un d’autre que toi-même. Il est important de célébrer sa propre individualité car en fin de compte, c’est le sens même de la fierté.

Pourquoi as-tu pensé que Karl Lagerfeld était la bonne marque pour développer une collaboration comme celle-ci ?

En fait, il faudrait poser la question dans l’autre sens : pourquoi étions-nous la bonne marque pour collaborer avec Karl Lagerfeld ? Je ne veux pas paraître trop mystique, mais il y a définitivement quelque chose qui me connecte à cette maison : j’étais hyperfan et aujourd’hui, je travaille avec eux. La boucle est bouclée ! Lorsque je me demandais, pendant mes études, si je voulais vraiment devenir designer, je pensais à Karl. C’est lui qui donnait un sens à cette voie dans mon esprit.

Quand j’ai lancé ma marque, je me suis intéressé à Jacques de Bascher (le compagnon de longue date de Karl Lagerfeld, ndlr) à sa vibe de dandy plein d’assurance avec un côté extrêmement naughty. Il y a pas mal de ça en moi aussi ! (Rire.)

J’ai même pu rencontrer Karl au prix LVMH, et à ce moment-là, je me suis dit : « Mon Dieu, je t’ai étudié pendant deux ans et maintenant je reçois un prix et tu te tiens littéralement devant moi. » Et lors de ma deuxième nomination au prix LVMH en 2020, j’ai rencontré Carine. L’histoire est drôle, elle ne s’en souviendra probablement pas, mais j’étais avec tous mes tricots et elle est venue me voir. Je lui ai présenté la marque et la collection et elle a dit « Ha OK, je me demandais pourquoi tout était si simple mais maintenant je comprends, c’est génial ! » J’ai presque fondu en larmes.

C’est vraiment à ce moment-là que j’ai compris qu’il était logique pour moi de devenir designer et j’ai cessé de me poser autant de questions.

Et pourquoi as-tu décidé de faire de la maille la base de ta marque ?

Là encore, tout s’est fait naturellement. J’étais dans une période où je n’avais plus envie de me poser de questions. Je voulais juste travailler à partir de mes émotions. Parfois, on a de multiples options devant soi et l’une d’entre elles se détache et c’est le bon choix. C’est beaucoup une question d’intuition et de ressenti.

Lorsque j’ai déménagé à Londres pour mes études, je n’avais absolument aucune idée du travail technique. On m’a mis devant une machine à tricoter, je ne savais pas quoi faire mais ça me fascinait. J’ai toujours eu ce côté geek et mécanique – et je l’ai retrouvé dans le tricot. J’ai un truc avec le tricot… Je ne sais pas pourquoi, je kiffe ça. Tu sais, j’ai un petit côté loser : je m’endors en pensant à des structures de tricot !

Y a-t-il des choses que tu as apprises dans cette collaboration et que tu souhaites transposer dans ta propre marque ?

Beaucoup de choses ! Il y a tant de choses que Carine a dites au cours de ce processus et qui resteront gravées à jamais dans ma mémoire. Ce que j’ai compris grâce à Carine et Karl, c’est que j’aime vraiment apprendre. Et nous nous ressemblons beaucoup – ça me fait chaud au cœur. La façon dont nous travaillons, la façon dont nous disons les choses… Quand j’ai entendu Carine dire que Karl aurait probablement aimé ce qu’on faisait, ça m’a vraiment boosté. Pendant toute la collection, Karl était partout dans mon esprit – avec tout son sérieux et son raffinement.

Et une touche naughty !

Oui, exactement ! Toujours ! Et le sens de l’humour ! Que sommes-nous sans le sens de l’humour ?

En tant que jeune designer, comment imagines-tu l’avenir de l’industrie de la mode ?

Que ce soit à l’université ou dans la vie, j’ai appris à toujours célébrer les particularités de chacun.e. C’est ce que j’aimerais voir dans la mode. J’aime aussi quand les chefs-d’œuvre sont revisités pour en donner une autre lecture. Par exemple, j’aime beaucoup ce que Jonathan Anderson a fait récemment avec Loewe. Je pense que le respect, et plus particulièrement le respect de notre histoire, que ce soit celle de la mode ou de la société, est la seule façon d’avancer et de célébrer l’avenir.

Alled-Martinez x Karl Lagerfeld
La collection Karl x Alled-Martinez est disponible dès aujourd'hui sur karl.com et en boutique.
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