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Amber Mark : “Mon premier album capture un voyage à travers ma psyché”

Nouvelle voix du R&B contemporain, la chanteuse et productrice américaine vient de livrer son premier album Three Dimensions Deep. Un voyage introspectif, basé sur la découverte de soi, qu’elle défendra sur la scène du Nouveau Casino à Paris le 5 mars prochain.

On l’a découverte en 2017 avec 3:33am, son premier EP. Créé en hommage à sa défunte mère, ce sept-titres posait les bases de sa musique : une soul “tribale” (pour reprendre ses mots), nourrie par la multiplicité des genres qui ont bercé son enfance passée entre les États-Unis, l’Allemagne et l’Inde ; mais surtout une soul “thérapeutique”, qui lui permettait de libérer ses émotions et d’apaiser ses maux. “Je suis très fière de ce premier EP”, nous lance Amber Mark à travers une conversation Zoom début 2022. “J’ai appris beaucoup de choses en le créant.”

Et beaucoup de choses se sont passées dans la vie de la New-Yorkaise depuis cette sortie. Il y a eu les concerts, les interviews, les millions de streams, ainsi que son second EP Conexão (2018), qui confirmait le caractère cathartique de sa musique. Il y a eu la pandémie, aussi. Brusquement survenue au mois de mars 2020, elle a eu un véritable impact sur la créativité de la chanteuse : enfermée chez elle, Amber Mark a opéré un profond travail sur elle-même, aventurant ses chansons vers de nouveaux horizons teintés de funk, de disco et de trap. En résulte Three Dimensions Deep, un premier album envoûtant paru le 28 janvier dernier, sur lequel elle revient aujourd’hui pour NYLON France.

Photographe : Nelson Huang

Three Dimensions Deep nous entraîne au cœur de tes états d’âme en abordant aussi bien la notion de chagrin (“One”) que de deuil (“Healing Hurts”) ainsi que tes nombreuses insécurités (“On & On”)… Ce disque semble t’avoir permis de réaliser une puissante introspection. Comment a-t-elle commencé et comment es-tu parvenue à la transposer en musique ?

En effet, l’introspection est au cœur de Three Dimensions Deep. Ce premier album parle de la façon dont j’ai analysé cet énorme tourment intérieur qui existait en moi, et que beaucoup de gens expérimentent dans leur vie – j’imagine que c’est ce qui nous rend humains, le fait de passer par ce genre d’ascenseurs émotionnels ! J’y parle notamment de mon anxiété au sein du monde de la musique, des grandes angoisses que j’ai pu vivre durant des sessions d’écriture par exemple – et que je vis encore aujourd’hui ! (Rire.) Comme tu l’as souligné, il y a aussi quelques moments qui évoquent mes peines de cœur. Et puis je parle aussi de la disparition de ma mère, dont j’imagine que je parlerai continuellement… En fait, cet album m’a permis de réfléchir à la façon dont nous gérons nos émotions au sein de nos sociétés.

L’année 2020 et l’arrivée du Covid-19 m’ont vraiment fait réfléchir là-dessus, sur la place de nos émotions dans ce monde, et aussi sur… notre place dans l’univers, tout simplement ! (Rire.) J’ai toujours été attirée par ces questions-là, mais la pandémie m’a permis de plonger un peu plus profondément là-dedans. J’ai passé des heures sur YouTube à essayer de comprendre les différentes théories scientifiques liées à l’univers, à regarder des vidéos sur la physique quantique… Toutes ces recherches m’ont permis de me sentir encore plus connectée à notre planète, mais aussi et surtout à ma spiritualité – c’est bizarre d’ailleurs quand j’y pense : c’est en me tournant vers la science que je me suis rapprochée de ma spiritualité.

Cet album est donc le fruit de ces questionnements intérieurs vis-à-vis de mes émotions et de l’univers. J’ai voulu en parler parce que je trouve qu’il y a quelque chose de très beau et de très poétique dans ces réflexions, et aussi parce que j’ai l’impression que les gens ne se penchent pas assez sur ce genre de questions, sur le fait que l’on soit posé sur une pierre boueuse qui flotte au milieu de l’univers… Quand t’y penses, c’est fou, non ? Oui, je sais, ce discours sonne très hippie, alors que je me suis battue toute ma vie pour ne pas devenir cette hippie que ma mère était quand on vivait en Inde. (Rire.) Mais ces questions m’animent vraiment, et j’ai ressenti le besoin d’en parler.

je me suis complètement servie de ce projet pour m’essayer à tous ces genres que j’aime tant, pour expérimenter de nouvelles sonorités… Et je me suis vraiment beaucoup amusée !

Ces questions ont également influencé tout l’aspect visuel de ton album : que ce soit la pochette, sur laquelle on te voit postée sous les étoiles, ou dans le récent clip de “Bliss”, où l’on te voit danser sous la lune, cette idée d’être si petite face à l’univers est omniprésente…

Oui, tout à fait ! Pour commencer, il faut savoir que je suis une grande fan de science-fiction. Star Wars est un incontournable pour moi. J’aime également énormément l’univers Marvel, et mon émission de télévision favorite n’est autre qu’Avatar, le dernier maître de l’air – oui, c’est un dessin animé pour enfants, mais je trouve l’univers tellement beau ! (Rire.) J’ai toujours eu une attraction très forte pour l’astronomie et pour le monde céleste, depuis toute petite. Et donc, en effet, j’étais super enthousiaste à l’idée de pouvoir incorporer dans mes visuels cet univers, dont je suis fan depuis toujours et qui m’a énormément questionnée ces derniers temps ! C’est ça qui est génial quand tu fais de la musique : tu peux non seulement t’exprimer par le son, mais aussi par l’image.

Pour en revenir au son, justement : tu as fait évoluer ta musique vers d’autres directions sur ce premier album. Il y a bien sûr cette base soul et R&B que l’on te connaît, mais tu t’es également aventurée vers des terrains beaucoup plus pop, funk, disco, et même trap… Comment as-tu travaillé l’ADN musical de ce projet ?

Je suis attirée par énormément de genres différents. Quand j’écoute la radio, je suis constamment en train de dire : “Oh, je rêve de faire un morceau comme celui-ci !” Ou bien : “Oh mais cette chanson est incroyable, il faut absolument que je fasse un truc du genre !” Et donc je me suis complètement servie de ce projet pour m’essayer à tous ces genres que j’aime tant, pour expérimenter de nouvelles sonorités… Et je me suis vraiment beaucoup amusée ! Tu sais, quand j’ai commencé à faire de la musique, je m’étais mis une grosse pression, en me disant qu’il fallait absolument que je trouve “mon son”. D’autant que mes deux premiers EP partaient un peu dans tous les sens : il y avait en effet une base soul et R&B, comme tu dis, mais il y avait aussi de la house, des sonorités plus tribales…

Et en fait, en créant cet album, j’ai réalisé que c’était cool de partir dans tous les sens ! Que c’était cool d’explorer de nouvelles pistes ! J’ai réalisé que je n’avais aucune envie d’être enfermée dans une case. Et donc je suis allée à la rencontre de tout ce qui m’inspirait : le hip-hop, le funk, le disco… J’ai été très inspirée par les années 1980 et des artistes comme Phil Collins et Prince. Et même s’il y a beaucoup de genres qui nourrissent ce Three Dimensions Deep, j’ai le sentiment que le disque reste malgré tout cohérent grâce à ma voix et ma façon d’interpréter les chansons, qui reste très ancrées dans le R&B et qui permettent de lier toutes ces sonorités entre elles. Enfin… je l’espère en tout cas ! (Rire.) 

En parlant de ton interprétation : il y a des moments où tu es carrément en train de rapper sur cet album, ce qui est assez nouveau chez toi et m’a fait penser à la façon dont Beyoncé a tendance à interpréter ses chansons par moments, avec ce phrasé très scandé…

Oui, c’est vrai ! Ça rejoint ce que je te disais juste avant : sur cet album, j’avais envie d’expérimenter de nouvelles sonorités, et parmi ces sonorités, il y avait des choses très trap et hip-hop. Or, pour aller vers ces genres-là, il fallait aussi que je trouve une nouvelle façon d’interpréter, beaucoup plus tournée vers le rap. Et je dois dire qu’il a fallu pas mal de prises pour arriver à ce résultat. (Rire.) J’étais assez stressée au début, parce que ça sonnait très différent de tout ce que j’avais fait jusque-là, et donc j’avais peur que les gens qui m’écoutent depuis mes débuts se disent : “Mais putain qu’est-ce qu’elle fout ? Rendez-nous Amber Mark !” (Rire.) Finalement, j’ai décidé de lâcher prise – la tequila est très utile dans ces moments-là, ainsi que le prosecco et le champagne… Petit à petit, mes insécurités se sont envolées. D’autant qu’on travaillait souvent le soir, après dîner, et que nos sessions d’enregistrement se transformaient souvent en grosse soirée… Voilà, tu sais tout ! (Rire.)

Ce qui dénote aussi dans Three Dimensions Deep, c’est sa structure, puisque cet album est composé de trois parties bien distinctes. Peux-tu nous en dire plus ?

Cette idée est arrivée sur le tard. Une fois que j’ai eu tous les morceaux devant moi, il a fallu que je les lie entre eux de façon cohérente. Ce qui a été super difficile au départ, parce que tous ces morceaux sont très honnêtes, ils dépeignent tous chacun à leur façon ma vie, donc j’ai eu du mal à faire le tri, si tu veux… Du coup, pour parvenir à bien articuler ce que j’avais en tête, à raconter l’histoire que je voulais construire avec cet album, je me suis dit qu’il fallait créer des chapitres. Et je me suis rendu compte qu’il y avait trois types de morceaux.

Tout d’abord, il y a les morceaux qui évoquent la période durant laquelle j’ai dû faire face à une rupture amoureuse qui a fait naître en moi beaucoup d’insécurités. J’ai rangé ces morceaux dans la première partie de l’album, que j’ai nommée “Without” (soit “sans”, en français, ndlr). Ensuite, il y a les morceaux qui parlent de cette fausse confiance en moi que je me suis collée sur le visage à l’issue de cette période d’insécurités : j’avais juste envie d’avancer, et donc je me forçais à avancer, sans vraiment affronter toutes mes émotions et me poser les bonnes questions. Ces morceaux constituent la deuxième partie de l’album, intitulée “Withheld” (que l’on peut traduire par “en suspens” ou “refusé” en français, ndlr).

Enfin, il y a la troisième partie, “Within” (soit “à l’intérieur de”, ndlr), qui évoque ce moment révélateur, ce moment où j’ai compris que je n’avais pas les réponses à mes questions pour la simple et bonne raison que je ne me posais pas les bonnes questions… Et ce moment, c’est celui que j’ai vécu en créant cet album. Three Dimensions Deep capture un voyage à travers ma psyché et tout l’univers qui s’y déroule. Voilà pour les trois parties ! Ceci dit, l’auditeur.trice n’a absolument pas besoin de les connaître pour apprécier l’album. Les chansons qui le composent seront certainement interprétées de mille façons différentes. C’est ce que je leur souhaite, en tout cas.

J’ai envie que mes auditeurs et auditrices engagent avec eux-mêmes la même conversation que j’ai engagée avec moi-même durant la création de Three Dimensions Deep.

Quel message souhaites-tu faire passer à travers ce premier album ?

Oh… Il y en a tellement ! Mais disons que si cet album (ou une seule de ces chansons, d’ailleurs !) peut permettre aux personnes qui l’écoutent de commencer une nouvelle réflexion, de se questionner sur le monde qui nous entoure et sur ce que nous sommes réellement au plus profond de nous-mêmes, ce serait incroyable. J’ai envie que mes auditeurs et auditrices engagent avec eux-mêmes la même conversation que j’ai engagée avec moi-même durant la création de Three Dimensions Deep. Toutefois, le but principal reste le même que sur mes précédents projets : créer une connexion avec toutes les personnes qui l’écoutent. Tant que vous vous sentez connecté.e.s à mes chansons, c’est tout ce qui compte pour moi.

J’imagine que tu as hâte d’interpréter ces chansons sur scène dans le cadre de ta tournée, qui est imminente ?

Oh que oui ! Même si je ne te cache pas que j’ai eu énormément de mal à choisir les morceaux que je vais interpréter sur scène. Vu qu’il y aura à la fois des morceaux tirés de Three Dimensions Deep mais également des morceaux issus de mes précédents EP, c’était vraiment galère ! À un moment, je me suis dit qu’on ne réussirait pas à faire un concert de moins de trois heures (Rire.) ! Mais ça y est, je suis prête, et il me tarde de repartir en tournée. J’espère que les personnes qui m’écoutent en France seront au rendez-vous.

Amber Mark sera sur la scène du Nouveau Casino à Paris le 5 mars prochain.
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