En parlant de ton interprétation : il y a des moments où tu es carrément en train de rapper sur cet album, ce qui est assez nouveau chez toi et m’a fait penser à la façon dont Beyoncé a tendance à interpréter ses chansons par moments, avec ce phrasé très scandé…
Oui, c’est vrai ! Ça rejoint ce que je te disais juste avant : sur cet album, j’avais envie d’expérimenter de nouvelles sonorités, et parmi ces sonorités, il y avait des choses très trap et hip-hop. Or, pour aller vers ces genres-là, il fallait aussi que je trouve une nouvelle façon d’interpréter, beaucoup plus tournée vers le rap. Et je dois dire qu’il a fallu pas mal de prises pour arriver à ce résultat. (Rire.) J’étais assez stressée au début, parce que ça sonnait très différent de tout ce que j’avais fait jusque-là, et donc j’avais peur que les gens qui m’écoutent depuis mes débuts se disent : “Mais putain qu’est-ce qu’elle fout ? Rendez-nous Amber Mark !” (Rire.) Finalement, j’ai décidé de lâcher prise – la tequila est très utile dans ces moments-là, ainsi que le prosecco et le champagne… Petit à petit, mes insécurités se sont envolées. D’autant qu’on travaillait souvent le soir, après dîner, et que nos sessions d’enregistrement se transformaient souvent en grosse soirée… Voilà, tu sais tout ! (Rire.)
Ce qui dénote aussi dans Three Dimensions Deep, c’est sa structure, puisque cet album est composé de trois parties bien distinctes. Peux-tu nous en dire plus ?
Cette idée est arrivée sur le tard. Une fois que j’ai eu tous les morceaux devant moi, il a fallu que je les lie entre eux de façon cohérente. Ce qui a été super difficile au départ, parce que tous ces morceaux sont très honnêtes, ils dépeignent tous chacun à leur façon ma vie, donc j’ai eu du mal à faire le tri, si tu veux… Du coup, pour parvenir à bien articuler ce que j’avais en tête, à raconter l’histoire que je voulais construire avec cet album, je me suis dit qu’il fallait créer des chapitres. Et je me suis rendu compte qu’il y avait trois types de morceaux.
Tout d’abord, il y a les morceaux qui évoquent la période durant laquelle j’ai dû faire face à une rupture amoureuse qui a fait naître en moi beaucoup d’insécurités. J’ai rangé ces morceaux dans la première partie de l’album, que j’ai nommée “Without” (soit “sans”, en français, ndlr). Ensuite, il y a les morceaux qui parlent de cette fausse confiance en moi que je me suis collée sur le visage à l’issue de cette période d’insécurités : j’avais juste envie d’avancer, et donc je me forçais à avancer, sans vraiment affronter toutes mes émotions et me poser les bonnes questions. Ces morceaux constituent la deuxième partie de l’album, intitulée “Withheld” (que l’on peut traduire par “en suspens” ou “refusé” en français, ndlr).
Enfin, il y a la troisième partie, “Within” (soit “à l’intérieur de”, ndlr), qui évoque ce moment révélateur, ce moment où j’ai compris que je n’avais pas les réponses à mes questions pour la simple et bonne raison que je ne me posais pas les bonnes questions… Et ce moment, c’est celui que j’ai vécu en créant cet album. Three Dimensions Deep capture un voyage à travers ma psyché et tout l’univers qui s’y déroule. Voilà pour les trois parties ! Ceci dit, l’auditeur.trice n’a absolument pas besoin de les connaître pour apprécier l’album. Les chansons qui le composent seront certainement interprétées de mille façons différentes. C’est ce que je leur souhaite, en tout cas.