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Adèle Exarchopoulos : « Je rêve les yeux ouverts »

Actrice française déjà mythique, connue pour son audace et son authenticité, Adèle vient incarner ces valeurs qui lui sont chères auprès d’Yves Saint Laurent Beauté, dont elle est la nouvelle ambassadrice française.

Photographe : Daniel M. Cox

Il y a dix ans, elle déboulait dans le cinéma français avec “un film polémique”, comme elle dit. Une décennie plus tard, ni montante ni filante, l’étoile est bien installée dans le cosmos mondial du cinéma, à la fois d’auteur ou fièrement grand public, sous la direction de Sean Penn comme de Quentin Dupieux. Actuellement à l’affiche dans Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, dans lequel elle explore la justice restaurative, elle a annoncé qu’elle jouerait dans Voleuses, le film réalisé par Mélanie Laurent pour Netflix, un peu plus tard cette année. Aujourd’hui, c’est à Yves Saint Laurent Beauté qu’elle prête son visage et vient incarner et poursuivre la mission de la marque – questionnant et revendiquant la place du maquillage, de la mise en beauté et des féminités comme mode d’affranchissement dans le septième art, la mode et le quotidien.

Qu’est-ce que ton métier t’a appris sur toi ?

Fondamentalement, je fais quelque chose que j’aime. C’est ce qui me remplit, c’est ce bonheur, cet honneur-là, cette chance-là surtout, qui m’habite et me rend heureuse. Chaque rôle me permet d’apprendre des choses que je n’aurais pas eu l’occasion de découvrir autrement, que ce soit quand je tourne The Last Face de Sean Penn et pars faire du bénévolat à Haïti, que je tourne un film d’époque et découvre les corsets que l’on portait alors… J’ai aussi fait six mois de cours à la prison de Fleury-Mérogis et je ne serai jamais assez reconnaissante pour tous ces apprentissages humains.

Qu’est-ce que cela nourrit chez toi ?

Ça nourrit une grande curiosité. Je ne sais pas exactement ce qu’on garde des rôles – c’est une question qu’on nous pose souvent et que je trouve super intéressante car elle est intime. Je pense que travailler un rôle plusieurs mois, ça permet une forme de réflexion et de découverte. Il y a quelque chose de très concret, par rapport à la préparation par exemple, quand tu dois adopter un instinct qui n’est pas le tien, et te plonger dedans. Si je devais retenir quelque chose, c’est bien cette curiosité de l’autre et de toutes choses. C’est un travail permanent, à la fois corporel et de réflexion. Tu te mets en danger. C’est un sport de combat dans lequel il faut être dans le collectif, c’est très important de penser cela à plusieurs. Avant chaque film, je me demande si je suis capable d’être à la hauteur du personnage. Pour le film Je verrai toujours vos visages, par exemple, ça m’a permis de découvrir ce qu’était la justice restaurative ; je ne connaissais pas du tout ce système et j’en sors changée.

Est-ce que ton quotidien d’actrice a changé depuis que tu es devenue mère ?

Ça ne change pas en réalité, c’est simplement que ma vie de famille prend plus de place dans mes choix. Ça n’engage plus seulement moi quand je pars quatre semaines : il faut que le rôle vaille la peine de cette absence-là. Et après, ce n’est

plus qu’une question d’organisation, de moyens et de chance surtout, comme toutes les mères du monde, même si je considère que je fais un métier de privilégié.e. Néanmoins, mon rapport à la réalité a toujours été le même : ma famille n’a rien à voir avec le cinéma, mes meilleur.e.s ami.e.s non plus. Je n’ai pas besoin de faire une coupure car la réalité prend le dessus tout de suite. Avec mon fils, on parle de ce qu’on fait ce soir, de ce qu’on a envie de manger, si on a envie d’aller au cinéma… Mon rôle et ma réalité de mère prennent le dessus sur un quelconque fantasme. Et puis, en tant que mère, on apprivoise assez vite le doute et la remise en question comme on ne l’avait jamais fait avant. L’envie de bien faire, d’être assez présente tout en laissant de l’espace. Ça m’a confirmé combien le doute vient avec la foi, et l’importance de se faire enfin confiance.

De quoi es-tu le plus fière ?

Ce dont je suis le plus fière, c’est de montrer à mon fils que je fais un métier que j’aime. Je suis fière d’avoir fait des comédies, fière d’être dans un milieu qui n’était pas prévu pour moi – c’était tellement inespéré, je vis un rêve. Ça continue de me rendre heureuse, et je dois continuer de me prouver que je suis à la hauteur ! Je rêvais de faire la voix d’un dessin animé depuis l’enfance et ça a l’air bien parti… Je rêve les yeux ouverts.

Comment décrirais-tu ton rapport à la mode ?

Le rapport change de jour en jour et le cinéma m’a offert un accès à la mode que je n’avais pas. Ma mère s’est mariée en jean, je viens d’une culture où le confort passe avant tout, pas de la mode ou du luxe du tout. Oui, j’ai un côté coquet comme beaucoup de filles, j’aime me maquiller et m’habiller dans des styles différents, mais pour moi, l’élégance, c’est avant tout ton éducation – le reste, je le vois comme un jeu. Parfois, je poste une photo sur Instagram à l’issue d’un shooting et ce n’est évidemment pas comme ça que je suis chez moi le matin en me levant ! Bien sûr qu’il y a une pression du tapis rouge, particulièrement quand tu es une femme, car c’est encore un rôle à jouer, mais c’est agréable quand tu es avec des équipes que tu adores, qui te ressemblent. Mon équipe hair & make-up est constituée de gens dont je suis proche, que j’aime beaucoup, c’est un plus et un plaisir de travailler avec elleux. Je suis avec les mêmes depuis longtemps ; parfois, j’en vois partir pour de grandes maisons et je suis ravie pour elleux.

Est-ce que ton style change de rôle en rôle ?

Mon quotidien évolue mais j’ai toujours la même forme de simplicité dans ma manière de m’habiller. En tournage, je n’y prête pas attention car je sais que je vais arriver le matin et enfiler les vêtements de mon personnage. Cependant, après un film, j’ai besoin de me retrouver : c’est agréable de pouvoir choisir la couleur de tes cheveux. Pendant un film, ton apparence appartient au projet, au désir du réalisateur, alors une fois que c’est fini, j’ai ce besoin un peu coquet d’aller me faire les ongles, toujours avec la même personne. J’adore ça et j’ai besoin de ce rituel.

Peux-tu me parler de ta routine maquillage ?

Je ne me maquille pas tant que ça. Je vais me faire les yeux, le mascara et la bouche, mais je ne vais pas forcément maîtriser le teint. Au quotidien, je me maquille seule et j’ai des produits et gestes habituels, je vais souvent m’hydrater les lèvres, mettre un rouge à lèvres le soir, du mascara, mais honnêtement, je ne passe pas énormément de temps dans ma salle de bain.

Ce dont je suis le plus fière, c’est de montrer à mon fils que je fais un métier que j’aime.

Comment gères-tu l’attention médiatique autour de toi ? Penses-tu à l’image que tu renvoies ?

Je ne fais jamais les choses en pensant aux autres car ça ne marche pas, personne ne peut plaire à tout le monde. Je suis très lucide sur ma façon de parler ou de m’habiller et je sais que je vais être dans un positionnement qui ne peut pas plaire à tout le monde. Je suis arrivée avec un film polémique, même si, en moi, je n’ai aucun instinct de provocation pure, je fais juste ce que j’aime. Ce jeu d’être médiatisé.e m’amène parfois à entendre des choses blessantes mais j’essaye de prendre ça avec un grand second degré. On est dans un monde où tout le monde commente tout, les gens parlent sans savoir ni connaître. Parfois, on m’envoie des choses qui en deviennent presque drôles mais ça ne m’atteint pas trop.

Qu’est-ce qui te rend fière dans ta collaboration avec Yves Saint Laurent Beauté ?

C’est une marque iconique ! Qu’on la connaisse de près ou de loin, elle suscite une idée de grande élégance, d’audace, et je suis si flattée qu’iels aient pensé à moi. C’est une marque qui dégage de la classe et qui est en mutation constante, qui sait s’adapter. J’étais trop fière de le dire à ma maman ! Et puis l’équipe est aussi stimulante qu’humaine, ce qui rend toute l’expérience magique.

À quoi associes-tu l’esthétique YSL ?

C’est quelque chose d’à la fois épuré et fort. Les rouges très assumés, le mascara effet faux cils, qui fait des yeux de chat instantanés, tout est droit et à leur image. Ce n’est jamais figé, mais toujours original et en réinvention. C’est ça qui me plaît car je ne veux, moi non plus, jamais me figer ni arrêter d’être authentiquement moi.

As-tu des produits préférés ?

Chaque produit fonctionne bien pour moi, tout particulièrement le mascara effet faux cils, qui tient 24 heures. Leurs produits ne deviennent jamais poreux et gardent un mélange d’intensité et de finesse, autant les teints que les fards à paupières.

Et tu as des petits hacks de make-up ?

Des petites choses, oui ! J’utilise mon rouge à lèvres en blush et mon eye-liner comme contour des lèvres.

As-tu des rôles que tu aimes ou vises particulièrement ?

Disons qu’il y a des rôles que j’ai plus envie de défendre que d’autres. Parfois, je n’ai pas envie de traverser un chagrin d’amour ! Ou encore, je vais lire des choses très belles et maîtrisées mais qui vont moins me toucher. Quand je lis un scénario, je me dis surtout : toi Adèle, citoyenne lambda, aurais-tu envie d’aller voir ça au cinéma ? Est-ce que ça t’intéresserait, est-ce que tu découvrirais quelque chose ?

À quels clichés dois-tu faire face dans ton métier ?

Il y a des clichés qui me font rire, comme ma voix soi-disant de garçon, ma manière de parler ou de m’habiller. On me renvoie que j’ai un léger accent ou que je mets trop de joggings, et je me dis, tiens, c’est intéressant, c’est à ça qu’on assi- mile la vulgarité et non au comportement.

Tu parlais tout à l’heure d’élégance et d’éducation, peux-tu m’en dire plus ?

L’élégance pour moi, c’est de tenir la porte, faire attention à toutes ces choses qu’on ne remarque même plus. L’élégance, c’est bien se comporter, assumer l’incertitude, écouter quand quelqu’un a besoin de parler, être curieux.se, avoir le vrai bon comportement, prendre le temps d’écouter les autres, avoir de la gentillesse, faire du bénévolat. C’est sourire gratuitement, ne rien attendre en retour.

Un dernier mot pour nos lecteur.rice.s ?

Il faut y croire, ne pas trop attendre les autres et… continuer à croire.

Talent : Adèle Exarchopoulos

Journaliste : Alice Pfeiffer
Photographe : Daniel M. Cox
Maquillage : Harold James
Cheveux : Alexis Parente
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