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Musique

À la rencontre d’Hera, nouvelle étoile du R&B made in France

Après plusieurs années de collaboration avec le monde de la mode, la Parisienne dévoile ce 28 janvier l’introspectif Pacemaker, un premier EP des plus prometteurs.

Photographe : Adam Nestoret-Puyon
Styliste : Fabienne Menguy
Make-up : Aya Aradia
Coiffure : Déborah
Manucure : Lola Rudelou - Le Salon Lili Creuk

Robe : Y/PROJECT / Bijoux : LORETTE COLÉ DUPRAT / Cuissardes : LOUBNA OUAGGA

Vous l’avez peut-être suivie sur Instagram pour ses looks alliant à la perfection streetwear et haute couture. Adoubée par Gucci, Chanel ou encore Balmain, Hera a d’abord été connue en tant que mannequin et influenceuse, partageant ses dernières tenues à travers des visuels ultra-léchés.

Mais ces derniers temps, le compte Instagram de la jeune femme, scruté par près de 25 000 personnes, se remplit d’un autre type de contenu. Chaque semaine depuis le mois d’octobre, l’inspirante créative de 26 ans partage des aperçus de son premier EP Pacemaker. Un six-titres en forme de véritable catharsis, à travers lequel elle est parvenue à faire le deuil d’une histoire d’amour, et qui pose les bases son R&B anglophone et planant.

Pour discuter de ce projet, Hera nous a accueillis chez elle, dans son appartement blanc immaculé du Sud parisien. Sur le son de sa playlist Spotify, composée des derniers albums de Kanye West et Laylow, la chanteuse revient sur la création de Pacemaker, nous racontant au passage comment la musique est entrée dans sa vie – et n’est visiblement pas près d’en sortir.

J’ai compris que c’était l’heure du grand saut

 

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Jusqu’ici, on te connaissait surtout pour tes collaborations avec la mode, mais le 14 octobre dernier, tu as décidé de faire ton entrée dans le monde de la musique en partageant ton premier single, “Uber Tears”. Comment as-tu décidé de te lancer dans cette nouvelle aventure ?

Déjà, tu viens de me rappeler que ce single est sorti le 14 octobre… Alors que j’ai l’impression que c’était hier (rire), ça passe beaucoup trop vite ! Pour répondre à ta question, je chante dans les oreilles de ma famille depuis que je suis toute petite. Adolescente, ma mère m’a même encouragée à faire The Voice, mais à l’époque, je ne considérais pas avoir le potentiel pour réellement faire de la musique. Chanter sous la douche et entendre tes parents te dire “Tu chantes trop bien ma fille !”, c’est une chose ; être vraiment capable de faire de la musique, c’en est une autre. Et puis, plus je grandissais, plus cette peur de ne pas être à la hauteur me grignotait, parce que plus tu grandis, plus tu te rends compte des enjeux réels de ce métier, de la difficulté que cela représente. Mais j’ai fini par avoir un déclic à l’été 2021. Cet été-là, je me suis dit : “Hera, si tu ne le fais pas maintenant, tu ne le feras jamais.” S’il y a bien un truc qui me terrorise dans la vie, ce sont les regrets. Je n’ai pas envie d’arriver à la cinquantaine en me disant que j’aurais pu faire ci ou ça… Donc je me suis lancée. Et, comme pour tout ce que j’ai toujours fait jusque-là (que ce soit mes projets sur Instagram ou mes anciens blogs), j’y ai mis toute ma passion. J’ai compris que c’était l’heure du grand saut.

Comment démarre ce grand saut, concrètement ?

Il démarre au mois de mai 2021, lorsque je décide de ne pas partir en vacances. Je me suis dit que l’été à Paris serait le meilleur moment pour me plonger entièrement dans la musique. Je me suis mis en tête que j’allais respirer musique, en m’entourant de personnes qui pourraient m’aider pour ma création. Parmi ces personnes, il y a mon petit-cousin de 18 ans, Curtis (@otis.als), qui fait des prods. Un jour, début juin, il m’envoie une prod sur WhatsApp en me demandant ce que j’en pense, sans savoir que, de mon côté, je m’étais décidée à me lancer. Je l’écoute donc une première fois… Et dès la deuxième écoute, je prends mon dictaphone pour enregistrer une topline. Je l’ai appelé juste après pour lui dire : “Mais attends, c’est fou ce que tu fais !” J’ai vraiment découvert le talent de mon petit-cousin. Et à partir de ce moment-là, pendant deux ou trois semaines, il m’a envoyé des prods, j’ai écrit, on a fait des allers-retours… Et c’est comme ça que “Uber Tears” est né, et qu’on a posé les bases de Pacemaker.

Après ça, j’ai commencé à prendre des cours de chant une fois par semaine, et à aller en studio tous les jeudis soir avec le collectif Galaxy et MARS 88 (@mars88____), qui est… je ne sais même pas comment le décrire ! (Rire.) Il est au-delà du couteau suisse. Il a été mon DA sur ce projet, mais il a aussi fait les prods, il a mixé, chanté, il m’a énormément conseillé… Je le vois un peu comme un tuteur. Tu sais, comme quand tes darons t’apprennent à marcher : avant de travailler avec lui, je n’étais jamais allée en studio de ma vie, je n’avais jamais rien record, je n’y connaissais rien, zéro ! Il m’a tout appris, et surtout, il m’a tout de suite comprise. Parfois, je lui donnais un mot, et il était capable de faire une prod qui exprimait exactement ce que j’avais voulu dire avec ce mot… Et donc voilà, on s’est enfermé tout l’été 2021, entre le studio avec MARS et ma chambre avec mon cousin. Et en août, on est sorti de notre torpeur créative, et j’ai commencé à planifier les sorties, les promos… C’est beaucoup de travail, parce que je fais tout toute seule, mais je suis très contente. Voilà comment toute cette aventure a commencé.

Le 14 octobre, tu dévoilais donc “Uber Tears”. Pourquoi l’avoir choisi comme premier single ?

C’est marrant parce que, avec le recul, c’est celui que j’aime le moins, mais il possède une symbolique très forte, parce que c’est le tout premier morceau que j’ai écrit. C’est avec lui que je me suis rendu compte que l’écriture me permettait de faire une sorte de thérapie, de mieux comprendre certains évènements qui m’ont fait de la peine, et que j’ai eu du mal à process “Uber Tears” raconte l’histoire d’amour la plus douloureuse que j’ai vécue. Il parle d’une personne à cause de laquelle j’ai énormément pleuré dans des Uber (d’où ce titre, tu l’auras compris !). Il retrace ces moments où tu finis par pleurer dans une voiture avec un mec qui ne te connaît pas, et qui est donc hypergêné parce qu’il ne sait pas quoi dire. D’ailleurs, j’ai beaucoup pleuré en écrivant ce morceau… L’écriture, c’est une vraie mise à nu.

Sur le fond, ta musique est très sincère et introspective ; comment la décrirais-tu, sur la forme ?

En termes de genre, je dirais que c’est du R&B un peu… expérimental. J’ai été assez inspirée par le travail de FKA twigs et de Hans Zimmer pour cet EP. Mais ma musique, je la considère avant tout comme la bande-son de mon cerveau. C’est ce que tu aurais entendu si tu étais entrée dans ma tête au moment où j’ai écrit ces chansons. C’est-à-dire des émotions tristes, parce que j’étais très triste quand j’ai écrit Pacemaker. Pour être tout à fait honnête, j’ai du mal à concevoir ma musique de manière très technique. Quand je fais des sons, je ne me dis pas : “OK donc là, on fait le premier couplet, ensuite le refrain, ensuite le bridge…” Je raconte mon histoire, et je go with the flow. Parce qu’en fin de compte, la vie est comme ça, elle aussi ! Elle n’a pas de structure figée. Et moi, j’essaye vraiment de retranscrire ce qu’on peut ressentir dans la vie, dans sa totalité. Ce qui demande donc de ne pas se mettre trop de règles.

Ma musique, je la considère avant tout comme la bande-son de mon cerveau

Tu parlais à l’instant de FKA twigs et Hans Zimmer. Qui sont les artistes qui t’ont marquée dans ta jeunesse et qui, peut-être, ont créé en toi ce désir de faire de la musique ?

Il y avait beaucoup de musique à la maison quand j’étais enfant. Mon père écoutait Sniper et NTM, ma mère écoutait les Nubians et Aaliyah. Et surtout, il y avait mes oncles, Henri et Eddy, qui ont vraiment façonné ma manière d’aborder la musique. Mon oncle Henri me faisait souvent des compiles sur des CD que j’écoutais sur ma chaîne hi-fi, et résultat, à 10 ou 11 ans, j’écoutais Pharrell Williams, Gwen Stefani, 50 Cent… Ce qui a d’ailleurs créé un décalage avec mes copines à l’école, qui écoutaient plutôt Lorie ! Et puis mon oncle Henri avait aussi un home studio chez lui, j’adorais être avec lui et écouter du Pharrell à fond… Pour moi, c’était ça, la musique.

Et sur la scène actuelle, qui sont les artistes qui t’inspirent aujourd’hui pour créer ?

C’est bizarre mais depuis que je fais de la musique, j’ai l’impression que ma sensibilité évolue à vitesse grand V. Résultat, ça change tout le temps ! (Rire.) Mais si je devais t’en citer quelques-uns, là tout de suite, je dirais Laylow et Nathy Peluso, qui ont tous les deux un charisme et des visuels super prenants. Je me rends compte que je suis très inspirée par l’image pour créer ma musique. Sur Pacemaker, j’ai vachement aspiré la vision très pointue de mon copain Adam (@2tiret), et de beaucoup de films aussi. Le cinéma m’inspire énormément.

 

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Parlons image, justement, car tu as créé des visuels très forts pour Pacemaker (que ce soit le clip d’“Uber Tears” ou les artworks des six titres qui composent l’EP). Quelle est la place de l’image dans ta musique ?

Elle a une place très importante. J’ai été élevée avec la culture du clip, grâce à mon oncle et MTV, donc les visuels sont essentiels à mes yeux. Quand tu veux faire voyager les gens, quand tu veux les toucher, il faut penser à l’expérience dans sa globalité. Donc ça passe par le son, évidemment, mais ça passe aussi par l’image, et donc les clips, les visuels de tes projets. C’est précisément pour ça que le cinéma m’inspire autant, comme je te le disais. Moi, j’aime les beaux films, les films qui font plaisir à l’œil. Avant d’avoir un scénario mirobolant, j’ai besoin que l’image me bouscule. Mon clip préféré au monde, c’est celui de “Flashing Lights” de Kanye West, dans lequel il ne se passe pas grand-chose, mais qui m’a pourtant foutu une véritable claque visuelle. Et c’est ce que je souhaite faire avec mes visuels. Bon, bien sûr, je n’ai pas le budget de Kanye West (rire), parce que je finance tout toute seule et que ça coûte cher ; mais ce qui est génial là-dedans, c’est que je peux vraiment affirmer ma vision. Et je m’efforce de faire les choses bien.

Revenons-en à Pacemaker : ce premier EP nous plonge au cœur d’une rupture amoureuse… Tu peux m’en dire plus ?

En effet, cet EP raconte l’histoire d’une rupture. Son titre, Pacemaker, fait référence à l’appareil qui stimule le rythme cardiaque, parce que, souvent, quand on se fait larguer, ou quand on met fin à une relation, on a l’impression que tout va s’arrêter, qu’on est à bout, et que le cœur s’essouffle. Le projet raconte la façon dont on surmonte cet état-là, et dont on finit par se relever. Il débute avec le titre “Blue Morpho”, qui parle du moment où tu réalises que ton histoire est en train de prendre fin, que tu ne peux rien y faire, et que tu es un peu KO par cet uppercut émotionnel. Ensuite, il y a “Uber Tears”. C’est le moment où tu commences à comprendre ce qui t’arrive, mais où tu gardes quand même espoir car ta relation ne s’est pas terminée de façon nette, il y a souvent des allers-retours avec la personne… C’est ce que précise le titre d’après, “Bed Matters”, qui évoque les relations charnelles qui subsistent souvent après une rupture – des relations qui ne vont faire qu’empirer ton chagrin. Le morceau d’après s’appelle “Tsunami”, et il symbolise cette immense vague que tu te prends dans la tête lorsque tu réalises vraiment qu’il n’y a plus aucun espoir, et qu’il va falloir te relever seule. Et après ça, il y a “Damages”, qui a été l’un des morceaux les plus plus durs à réaliser, parce qu’il exprime toute cette colère que j’avais en moi. Tu sais, ce moment où tu te rends compte qu’on s’est foutu de toi, et que tu dois évacuer toute cette violence, toute cette rancœur, tout ce que tu as emmagasiné dans ton cœur… Enfin, l’EP se termine avec “Fragrance”, qui parle des dommages qui ont été faits à ton cerveau et à ton cœur pendant cette rupture, et qui vont inévitablement influencer tes prochaines relations. Ce titre raconte la façon dont moi, en tant que femme, après cette relation, j’ai décidé, pour me protéger, d’être celle qui fait du mal aux gens. D’être celle qui préfère prendre le couteau plutôt que de se faire planter. C’est une histoire qui arrive à plein d’humains, finalement… Et j’espère qu’elle touchera les personnes qui sont passées par là.

 

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Est-ce qu’il y a un message que tu souhaites passer à travers Pacemaker ?

Quand on est triste, on a tous des chansons sur lesquelles on aime pleurer, qu’on aime écouter parce qu’on a besoin d’évacuer. J’ai fait Pacemaker pour cela. Cet EP, il est fait pour pleurer, et il a pour but de faire l’effet d’un pacemaker, c’est-à-dire de relancer un cœur abîmé. La musique est là pour ça, pour nous accompagner et nous faire ressentir des choses. C’est un peu comme une prescription médicale. J’espère qu’il fera du bien aux personnes qui l’écouteront.

Peut-on s’attendre à d’autres projets de ta part en 2022 ?

Oui, je compte sortir ma première mixtape un peu plus tard cette année ! Ce sera donc un projet plus long, il y aura beaucoup plus de titres que sur Pacemaker ; mais j’aurai toujours une belle histoire à raconter. Je pense que ce sera une jolie porte sur mon réel univers musical. C’est un projet que j’ai fait sans aucune concession… J’ai déjà hâte de vous le faire découvrir.

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