Parlons image, justement, car tu as créé des visuels très forts pour Pacemaker (que ce soit le clip d’“Uber Tears” ou les artworks des six titres qui composent l’EP). Quelle est la place de l’image dans ta musique ?
Elle a une place très importante. J’ai été élevée avec la culture du clip, grâce à mon oncle et MTV, donc les visuels sont essentiels à mes yeux. Quand tu veux faire voyager les gens, quand tu veux les toucher, il faut penser à l’expérience dans sa globalité. Donc ça passe par le son, évidemment, mais ça passe aussi par l’image, et donc les clips, les visuels de tes projets. C’est précisément pour ça que le cinéma m’inspire autant, comme je te le disais. Moi, j’aime les beaux films, les films qui font plaisir à l’œil. Avant d’avoir un scénario mirobolant, j’ai besoin que l’image me bouscule. Mon clip préféré au monde, c’est celui de “Flashing Lights” de Kanye West, dans lequel il ne se passe pas grand-chose, mais qui m’a pourtant foutu une véritable claque visuelle. Et c’est ce que je souhaite faire avec mes visuels. Bon, bien sûr, je n’ai pas le budget de Kanye West (rire), parce que je finance tout toute seule et que ça coûte cher ; mais ce qui est génial là-dedans, c’est que je peux vraiment affirmer ma vision. Et je m’efforce de faire les choses bien.
Revenons-en à Pacemaker : ce premier EP nous plonge au cœur d’une rupture amoureuse… Tu peux m’en dire plus ?
En effet, cet EP raconte l’histoire d’une rupture. Son titre, Pacemaker, fait référence à l’appareil qui stimule le rythme cardiaque, parce que, souvent, quand on se fait larguer, ou quand on met fin à une relation, on a l’impression que tout va s’arrêter, qu’on est à bout, et que le cœur s’essouffle. Le projet raconte la façon dont on surmonte cet état-là, et dont on finit par se relever. Il débute avec le titre “Blue Morpho”, qui parle du moment où tu réalises que ton histoire est en train de prendre fin, que tu ne peux rien y faire, et que tu es un peu KO par cet uppercut émotionnel. Ensuite, il y a “Uber Tears”. C’est le moment où tu commences à comprendre ce qui t’arrive, mais où tu gardes quand même espoir car ta relation ne s’est pas terminée de façon nette, il y a souvent des allers-retours avec la personne… C’est ce que précise le titre d’après, “Bed Matters”, qui évoque les relations charnelles qui subsistent souvent après une rupture – des relations qui ne vont faire qu’empirer ton chagrin. Le morceau d’après s’appelle “Tsunami”, et il symbolise cette immense vague que tu te prends dans la tête lorsque tu réalises vraiment qu’il n’y a plus aucun espoir, et qu’il va falloir te relever seule. Et après ça, il y a “Damages”, qui a été l’un des morceaux les plus plus durs à réaliser, parce qu’il exprime toute cette colère que j’avais en moi. Tu sais, ce moment où tu te rends compte qu’on s’est foutu de toi, et que tu dois évacuer toute cette violence, toute cette rancœur, tout ce que tu as emmagasiné dans ton cœur… Enfin, l’EP se termine avec “Fragrance”, qui parle des dommages qui ont été faits à ton cerveau et à ton cœur pendant cette rupture, et qui vont inévitablement influencer tes prochaines relations. Ce titre raconte la façon dont moi, en tant que femme, après cette relation, j’ai décidé, pour me protéger, d’être celle qui fait du mal aux gens. D’être celle qui préfère prendre le couteau plutôt que de se faire planter. C’est une histoire qui arrive à plein d’humains, finalement… Et j’espère qu’elle touchera les personnes qui sont passées par là.